Chapitre n°18- Désir et amour.

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J'étais sur le point de me laisser aller et de craquer, en prenant le risque de le regretter, quand son téléphone se mit à sonner. Profitant de ce moment de lucidité, je détournai mon visage du sien.

- Tu ne réponds pas ?

Non sans souffler, il sortit son portable de sa poche. J'eux un ricanement mauvais quand je vis le nom qui s'affichait.

- T'es sérieux là ?

Il releva la tête vers moi, complètement décontenancé.

- Jte jure que c'est une coïncidence.

- Une coïncidence ? Tu es toujours en contact avec elle ?

- Non ! La vie d'ma mère que non !

- Pourquoi elle t'appelle alors ?!

J'avais hurlé cette question sans aucune demie-mesure, à tel point que ma voix résonna dans les rues endormies de la Capitale. Ken laissa tomber son téléphone sur le sol, intentionnellement cette fois-ci et leva les bras en l'air.

- Je lui parle pas Jules, je sais pas pourquoi elle m'appelle. Je lui réponds pas de toute façon, j'en ai rien à foutre !

Le démon en moi me chuchotait de l'envoyer bouler mais j'avais envie de le croire. Le téléphone cessa de sonner et je n'avais toujours pas dit un mot. Au moment où j'allais lui dire que je voulais qu'il me raccompagne chez moi, le téléphone recommença à sonner.

Je relevai la tête vers Ken, qui anticipant ma réaction, me faisait « non » en tournant sa tête de droite à gauche. Il commença à s'avancer vers le portable mais c'était trop tard, ce putain d'objet était déjà dans ma main. Je décrochai en portant le portable à mon oreille.

- Salut cousine.

- Julietta ?!

- Ce n'est pas la personne à laquelle tu t'attendais ?

- J'espérais plutôt tomber sur Ken pour être honnête.

- Qu'est-ce que tu lui veux ?

- Vous êtes retourné ensemble ? Ça t'a pas suffi de te faire cocu une fois ? Tu veux tenter le Diable pour qu'il recommence ?

Je raccrochai finalement, cette conversation n'avait aucun sens et clairement je n'avais pas l'intention de gâcher de mon temps avec cette trainée.

Je lançai le téléphone à Ken, qui le rattrapa par réflexe.

- Ramène-moi chez moi.

- Jules ?

- Quoi ?

- Tu me crois quand je te dis qu'on n'a plus de contact, hein ?

- Je sais pas, je sais plus. Là je suis fatiguée, je veux rentrer.

- D'accord.

Le trajet s'effectua en silence, une soirée qui se passait plutôt bien foutue en l'air à cause de la meuf avec qui il m'avait trompé. Je veux bien faire des efforts mais à un moment il ne faut pas non plus se foutre de ma gueule.

Voyant que j'avais du mal à marcher avec mes talons de 10 centimètres, il proposa de me porter, je refusai. Je n'avais pas envie de lui faciliter la tâche, ça non !

- Bon, on est arrivé.

Je relevai la tête, effectivement, nous étions arrivé en bas de chez moi.

- Merci pour cette soirée. À bientôt.

Je me retournai pour taper le code mais il m'interpella.

- Fais pas ça.

- Ne pas faire quoi ?

- La fille polie, quand tu fais ça j'ai l'impression d'être un inconnu pour toi.

- Faut croire qu'on ne se connaît plus tellement.

- C'est faux. Je te connais comme personne.

- C'était peut-être vrai un temps.

- Tu me manques Julietta.

- Je suis là pourtant.

- Tu vois très bien ce que je veux dire.

- J'ai besoin de me retrouver seule, ces derniers jours ont été très intense.

- Ouais...

Je tapais le code, puis en refermant la grande porte, je le regardai une dernière fois dans le blanc des yeux. En arrivant chez moi, j'eus comme un poids énorme qui vint m'oppresser la poitrine. Une crise de stress. Il ne manquait plus que ça.

Autrefois seul Ken pouvait m'apaiser quand cela m'arrivait, mais durant ces derniers mois Sasha m'avait appris à me contrôler. Je me concentrais donc sur ma respiration. Inspire. 1, 2, 3, 4, 5. Expire. 1, 2, 3, 4, 5.

Je répétais cette opération indéfiniment, l'orage ne semblait pas passer. L'intensité de mes journées depuis que j'étais rentrée à Paris semblait réduire à néant tous mes efforts.

J'appelais donc Sasha.

- Zhar-ptitsa ?

- Sasha c'est la merde.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- J'ai revu Ken.

- Ah non Julietta.

- Putain mais je sais pas ce que je suis en train de faire.

- Tu fais n'importe quoi. Tu veux que je te rappelle dans quel état tu étais quand tu m'as rejoint ? Tu veux que je te rappelle le nombre de fois ou je devais venir te voir car tu hurlais à la mort la nuit pendant ton sommeil ?

- Je sais Sasha, pas la peine de me le rappeler. Le truc c'est que ... c'est que quand il est près de moi mon souffle se coupe et en même temps je n'ai plus de mal à respirer. Comment est-ce qu'on peut être autant intrigué par quelqu'un que l'on connait déjà ?

- Rentre.

- C'est pas le moment... Comment va Adrian ?!

- Très bien, tu lui manques néanmoins.

- Petit chou... Quand est-ce que tu pourras me rejoindre ?

- Bientôt, j'espère.

- Vous me manquez tellement, vous êtes ma famille.

- Essaie de ne pas trop déconner pendant notre absence, j'ai pas envie que le petit te voit dans un mauvais état quand nous serons apte à venir te rejoindre.

- Je sais. Je vous embrasse.

- Prends soin de toi zhar-ptitsa.

Je raccrochai en méditant cette conversation. Adrian n'était pas mon fils mais il était vite devenu une priorité à mes yeux. Sasha peut paraître rude comme ça, mais je le comprend, tout ce qui compte pour lui c'est le bonheur de son neveu.

Au-delà du fait qu'il me tardait de voir Sasha, j'avais également envie qu'il rencontre mon entourage, et notamment Laure. J'ai bien vu son regard quand je lui ai dit que ce n'était pas mon copain. Et puis quand il était là, je me sentais solide, Sasha est quelqu'un de très stable, le monde pourrait s'effondrer, lui resterait de marbre.

Après évidemment, je redoutais un peu le moment où Ken et lui allaient rentrer en contact. Je n'avais pas forcément envie de les mettre dans la même pièce au même moment, mais connaissant ma chance, ils allaient forcément se croiser.

Éreintée, je remis cette discussion personnelle au lendemain, et parti me coucher.

Incompatibles - TOME 2Where stories live. Discover now