Chapitre 5

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PDV de Kael

J'étais impatient de le voir. Je savais qu'il était fait pour moi. Il était mon ultime salut.
J'étais passé le chercher chez lui. Il habitait un petit appartement dans un endroit tranquille, ce qui lui correspondait parfaitement. Simple et calme. Nous étions arrivés il y a peu de temps et nous étions placés à une petite table, au fond de la salle et assez discrète.
Je ne supportais pas les endroits publics en vérité. Mais je n'avais pas d'autres choix si je voulais le voir. Il était là, avec moi alors que j'étais son parfait opposé. Il souriait à tout le monde et était si sociable, tout mon contraire en somme. J'essayais d'oublier ma panique, d'oublier que j'étais dans un endroit bondé, et j'eus l'impression que ma peur s'atténuait au contact de Aloïs. Il était en train de choisir son plat, le nez plongé dans la carte, et mes yeux étaient incapables de se détacher de lui. Il était mignon et j'aimais passer du temps avec lui.
Avec lui, les voix se taisaient, les douleurs s'atténuaient, la peur disparaissait. Quand je n'entendais pas le doux son de sa voix, je plongeais dans un silence glacial qui brûlait mes entrailles.

-Ce restaurant te plaît ? commençais-je.

Durant le trajet en voiture, nous nous étions mis d'accord pour se tutoyer. Le sourire qu'il me fit me réchauffa.

-Pour tout te dire, je suis assez surpris. Enfin, agréablement. Je ne pensais pas que tu m'emmènerais dans un endroit comme celui-ci.

-Ah ?

-Tu sais, j'imaginais quelque chose de plus... Impersonnel ? Avec des gens riches qui payent des plats au prix exorbitants pour une toute petite quantité.

Évidemment. Je savais qu'il n'aurait pas été à l'aise dans un endroit comme ça.

-Je me suis douté que tu n'aimerais pas. Moi non plus. À vrai dire, je déteste ça même. Je ne veux pas faire partie de ce monde. J'aime la simplicité et la convivialité de cet endroit alors que je côtoie tous les jours des lieux dénués d'âme.

Sa main se posa tendrement sur la mienne et son sourire s'affaissa comme si il comprenait ma douleur. À cet instant, je me dis qu'il était sûrement ma moitié, qui pouvais-je trouver de mieux que lui pour moi ? Était-ce ça, le coup de foudre ? Ça ne pouvait être autre chose. À moins qu'il m'ait ensorcelé. Ça devait être ça. Car il était devenu mon obsession et que j'étais tombé amoureux. Moi. Pour la première fois de ma vie.

-Je...commençais-je mais le serveur arriva, coupant notre conversation.

Après avoir passé commande, nous reprîmes notre conversation.

-Alors, parle moi de toi ?

-Moi ? Oh tu sais, il n'y a pas grand chose à dire. Mes parents habitent assez loin donc je les vois rarement. J'ai une petite sœur qui va avoir vingt-quatre ans dont je suis assez proche. Je suis parti de chez moi à dix-huit ans, j'avais besoin d'avoir mon indépendance donc j'ai fait plusieurs petits boulots en continuant mes études pour devenir psychologue.

Comme j'aimais l'entendre parler. Peut m'importait de quoi il parlait, tant qu'il continuait. J'essayais de graver dans ma mémoire chacune de ses expressions, de ses sourires, de ses rires.

-Pourquoi psychologue d'ailleurs ?

-J'aime aider les gens. Parler avec eux et rencontrer de nouvelles personnes. Quand je rentre chez moi, je me dis que j'ai peut-être soulagé une personne de sa douleur. Enfin bref, je parle beaucoup, rit-il doucement, et toi sinon ? Je ne sais rien du tout de toi.

Je le regarde un instant, interdit. Je n'ai rien à lui raconter. Aucuns souvenirs, car j'ai du mal à me rappeler de mon enfance, seul les traumatismes et les peurs me reviennent en mémoire. Aucuns de mes désirs, de mes envies. J'ai rêvé de richesses et de pouvoirs. C'est tout. C'est tout ce qu'un homme comme lui ne comprends pas. Je ne peux pas lui dire ça.

-Je dirige une grande entreprise, commençais-je. Mes parents habitent dans un autre pays, on n'est pas vraiment proche. Je jouais au football quand j'étais au lycée mais j'ai du arrêter. Il n'y a pas grand-chose à dire sur moi, et puis tu es beaucoup plus intéressant, dis-je en le fixant droit dans les yeux.

Le reste de la soirée passa à une vitesse folle. Je ne voyais pas le temps passer à ses côtés. Sa main était toujours posée sur la mienne comme si cela faisait des années que l'on se connaissait. J'en avais appris plus sur lui, sur son caractère, sur ce qu'il aimait. Cela faisait longtemps que je n'avais pas passé une aussi bonne soirée et mon cœur semblait avoir recommencé à battre, chose qu'il ne savait plus faire. Toute mon attention était tournée vers lui.
Les heures passèrent comme des secondes et la soirée se termina à une heure tardive. Je payais notre dîner puis lui pris la main en me dirigeant vers la sortie.
Sur le trottoir, je pus m'apercevoir que la nuit était tombée. Son beau visage était éclairé par la lumière des lampadaires et la pleine lune trônait fièrement au-dessus de nos têtes. Je lui lançais un regard presque timide.

-Voudrais-tu venir chez moi ? demandais-je à voix basse, ayant peur de l'effrayer en allant trop vite.

-Je ne voudrais pas que tu crois que je suis un homme facile, dit-il en souriant.

Les coins de ses yeux se plissèrent délicatement tellement son sourire était grand. Il était lumineux. Je voyais bien qu'il me taquinait gentiment et sa légèreté me fit me sentir libre. J'étais libre à ses cotés.

Incapable de résister, je le pris par la taille et le rapprocha de moi. Nous étions dorénavant collés l'un contre l'autre.

-C'est plutôt moi qui passe pour un homme de petite vertu. Je crois bien que vous m'avez ensorcelé, monsieur.

Ses mains se posèrent sur mes joues et son visage se rapprocha du mien. Nous nous regardâmes pendant de longues secondes, hermétiques au monde. La terre aurait pu brûler que nous ne nous en serions pas aperçu, il n'y avait que lui et ses beaux yeux. Et lorsque ses lèvres touchèrent enfin les miennes, j'eus un aperçu du paradis.
Et je sus que je ne pourrais pas le laisser partir, que je ne pourrais pas vivre sans lui. Mais je ne pouvais l'obliger à me suivre partout. C'était un magnifique oiseau. Et tout oiseau enfermé dans une cage finissait par mourir.

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C'est bientôt fini, un chapitre et l'épilogue. Alors à votre avis quelle sera la fin de cette histoire ?

Ma Lumière.[BOYXBOY]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant