Chapitre 3

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PDV de Aloïs

À la fin du rendez-vous, enfin plutôt lorsque cet homme décida qu'il était temps d'en finir, je le racompagnais à la porte et aucuns autres mots ne furent échangés.

Je sentis mes mains trembler. Je soufflais lentement, essayant désespérément de remettre mes idées en place. Cet homme m'avait brisé le cœur. Littéralement. J'avais senti mon cœur se serrer, se compresser, se recroqueviller. J'étais quelqu'un d'altruiste, compatissant et je me laissais facilement toucher par la détresse des autres, c'était en partie pourquoi j'avais choisi ce métier. Je l'étais tellement que j'aperçus, durant une fraction de seconde, toute la tristesse de Kael passer dans ses yeux, je me sentis malade. J'avais envie de pleurer, d'hurler, de supplier pour ne plus voir ce regard sur cet homme. Peut-être que personne ne percevait sa douleur, que personne ne s'en souciait mais moi, j'étais incapable de détourner les yeux. Et je crus mourir de douleur.

Je le regardais et je ne comprenais pas. Il était là et je le voulais désespérément. Pour moi, à moi. Pour la première fois de ma vie, je voulais quelque chose, j'exigeais. Comme un enfant faisant un caprice. J'avais envie de pleurer. Comme un enfant à qui aurait retiré son jouet préféré. Je souffrais de sa douleur. Il partait en m'arrachant le cœur. Comme j'étais pathétique. En seulement quelques phrases, j'étais tombé amoureux. Impossible pourtant, j'étais un homme logique, peureux et bien encré dans ma routine. La tête sur les épaules depuis mon adolescence, je ne tombais pas amoureux. Oui j'aimais les gens. J'aimais les soulager de leur détresse. Mais jamais je n'étais amoureux. J'avais fini par me dire que j'en étais incapable. Parce que mon cœur était déjà assez rempli. Déjà trop petit pour tout ce qu'il encaissait. Je ressentais les émotions des gens. J'avais mal avec eux, je pleurais avec eux, j'étais heureux avec eux. Mais jamais je n'étais amoureux avec eux. Comme si je n'avais plus de place pour ressentir cet ultime sentiment. Celui que, au fond de moi, je désirais atteindre mais je n'y arrivais pas. Et pourtant, en quelques minutes mon cœur c'était gonflé jusqu'à exploser. J'aimais. Je ressentais ce que j'avais toujours désiré comprendre. Et moi qui croyais que ce ne serait que un doux apaisement, un nuage de bonheur comme le montrait de nombreux films, je me trompais. J'avais cette pointe au milieu de ma poitrine alors que je le regardais partir. Alors que je le regardais repartir avec toute sa souffrance. Seul. Comme il était arrivé. Comme il avait sûrement vécu. Oui, j'avais envie d'hurler. De lui hurler de se retourner et de revenir. Mais je n'étais pas quelqu'un d'impulsif, non. Et je savais très bien que je ne pouvais pas retenir cet homme. Car je n'étais personne pour lui...Comme lui était censé n'être personne pour moi. Mais le destin en avait décidé autrement. Et le dos qui me faisait face appartenait sans aucun doute à l'homme de ma vie, l'unique homme de ma vie.

Ma Lumière.[BOYXBOY]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora