Chapitre deux

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Trois ans avant l'accident

Namjoon était habillé d'un costume trois pièces dont le prix pouvait donner des vertiges et parfaitement ridicule sur lui. Il l'avait emprunté à son meilleur ami qui n'avait pas hésité pour rire à gorge déployée de sa dégaine. Le jeune homme essayait de se mélanger à la foule compacte. Il n'avait jamais pris conscience du grand nombre de personnes que comportait son ancien lycée lorsqu'il était en première année. Il ne parvenait même pas à reconnaître ses anciens amis alors qu'ils s'étaient vus récemment. Il n'avait jamais été une personne physionomiste et ne s'était jamais imaginé que cela puisse le handicaper. Il allait certainement mourir d'ennui à cause de cela.

Ses yeux sombres captèrent rapidement les mouvements habiles d'un serveur. Son plateau argenté comprenait un ensemble de gâteaux apéritifs somptueux et quelques coupes de champagne. Cela ne ferait certainement pas son repas, mais il se contenterait de cela. Namjoon se fraya un chemin complexe jusqu'au serveur et lui offrit un sourire resplendissant. Il s'éloigna d'une démarche enjouée, les mains pleines de gourmandises. Le jeune adulte se promena dans l'immense pièce, bousculant ses anciens camarades de classe, à la recherche d'un endroit calme.

Le jeune adulte mit plusieurs longues et interminables minutes à trouver son bonheur. A l'extérieur de l'immense salle de réception se trouvait un somptueux jardin. Les nombreuses fleurs formaient de magnifiques parterres colorés. Rares étaient les anciens élèves qui s'étaient aventuré à l'extérieur de la salle de réception et ceux-ci semblaient plus calmes. Cela n'était pas réellement étonnant : il faisait extrêmement froid. Dégustant ses quelques gâteaux, Namjoon observa les autres jeunes adultes. Il ne ressentait pas vraiment le besoin de se mélanger aux autres. Il aimait la solitude et ne souhaitait pas converser avec les anciens lycéens.

Alors qu'il terminait tranquillement sa coupe d'alcool luxueux, installé sur un banc peu confortable, le jeune adulte remarqua un autre garçon. Seul au milieu d'un bosquet de roses multicolores, il semblait perdu dans ses pensées et complètement isolé du monde qui l'entourait. Namjoon le trouvait magnifique : ses larges épaules rendaient sa silhouette facilement reconnaissable et ses cheveux sombres, coiffés à la perfection, tombaient gracieusement sur son visage d'une symétrie presque surnaturelle. Un sourire dévoilant ses dents parfaitement alignées étirait ses joues alors que ses longs doigts retraçaient la forme des pétales d'une rose. Namjoon oublia de respirer lorsque les prunelles sombres de cet inconnu plongèrent dans les siennes. Il se sentait mis à nu et ne savait pas s'il appréciait cette sensation ou s'il la détestait. Ce garçon était particulièrement charismatique et envoûtant.

Ses joues prirent rapidement une légère teinte rosâtre lorsque l'inconnu lui offrit un sourire enjôleur et commença à marcher dans sa direction. Ses prunelles sombres ne parvenaient pas à quitter son corps parfait. Ses longues jambes, mises en valeur par son pantalon noir, se déplaçaient avec aisance vers lui et ses vêtements somptueux mettaient en valeur sa silhouette longiligne. Il l'intimidait et Namjoon se sentait particulièrement pitoyable à côté de lui. Même la coupe de champagne qu'il tenait entre ses doigts semblait plus luxueuse alors qu'il l'avait certainement pris à un quelconque serveur dans la salle de réception.

« Tu sembles t'ennuyer comme un rat mort. »

L'inconnu avait prononcé cette phrase sur le ton de l'évidence. Namjoon ne pouvait pas vraiment contredire ses propos. Cela faisait facilement deux heures qu'il était arrivé à cette réunion d'anciens élèves pompeuses et qu'il s'ennuyait réellement. Il avait aussi extrêmement faim et aurait pu agresser un passant lambda pour manger quelque chose de plus consistant que de ridicules amuse-bouche. Il adressa un sourire timide à l'autre garçon. Il l'intimidait légèrement. Il n'était pourtant pas une personne particulièrement réservée, mais, pour une raison qu'il ignorait, l'inconnu le perturbait et le rendait aussi réactif qu'un paresseux au réveil.

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