Chapitre 4 Partie 4

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-Descendez de vos montures, immédiatement ! J'ordonne avec empressement à mes amis tout en fixant l'immense bête qui se dresse face à nous.

Un cerbère, j'y crois pas ! Je ne crois pas que les créatures mythologiques et mortellement dangereuses en font partie de la faune d'όasi. Ca doit sûrement être des sbires de ce fameux Arrostos. Moi qui pensait qu'on aurait pas faire affaire à lui avant d'arriver en ville... J'aurais dû plus me méfier. Mais le moment est très mal choisi pour se maudire, il faut d'abord se débarrasser de cet énorme cabot. Mes amis obéissent à mon ordre, sortent leurs armes et se mettent en position de combat face au chien noir à trois têtes tandis que les cerfs qui nous avaient transporté fuient au loin. Je fais de même que mes compagnons et nous nous retrouvons tous trois face à la bête, nos armes ayant plus l'air de cure-dent face à l'énorme molosse. Le temps semble s'être arrêté. Nous ne bougeons pas, le cerbère non plus. Nous nous fixons simplement en silence, lui une flamme de rage brillant au fond de ses pupilles écarlates et moi le regard terrorisé face à la mort. Lui souffle bruyamment, les babines dégoulinant de bave, et moi je n'ose à peine respirer de peur que cela sorte la créature de sa contemplation. Mon cœur semble sortir de ma poitrine au point de me faire mal, mes mains deviennent brusquement moites tandis que sur mon front perlent des goûtes de sueur. Mon corps semble pris de tremblement et mes muscles m'abandonnent. Bordel, je suis en train de faire une crise d'angoisse. 

-Qu'est-ce que c'est que ce truc ?!?! Souffle enfin Seb mi concentré mi paniqué tout en fixant la bête avec stupéfaction.

-Cerbère, le gardien de l'enfer. Je pense que tu l'avais déjà deviné aux trois énormes têtes qui sont en train de nous tuer du regard, je réponds en chuchotant à mon tour pour masquer le tremblement de ma voix.

Mais même l'ironie et ma voix basse ne peuvent cacher mon angoisse. Quiconque me lancerait ne serait-ce qu'un regard remarquerait ma transpiration abondante et mon teint que je devine pâle. Heureusement mes amis sont plus occupés à observer le monstre face à nous que moi. 

-Comment un des monstres les plus dangereux de la mythologie grec est là devant nous ?! Demande Alex une pointe d'énervement dans sa voix, ce qui est d'ailleurs assez rare pour être noté. 

Le temps reprend enfin sa course. Le monstre se réveille au son de notre voix et décide d'étendre une de ces têtes pour nous faire taire.
On esquive tous dans un réflexe prodigieux dont je nous croyais incapables. Alex et Nina vont à droite, Seb et moi à gauche. Le molosse loupe alors sa morsure et, à la place de chair humaine bien tendre, croque dans un sapin. L'arbre se retrouve déchiqueté. Cette petite démonstration de la force des mâchoires de notre ennemi pousse mon cerveau à fonctionner de nouveau. L'adrénaline et l'instinct de survie remplacent enfin la peur. 

-Les arbres ! Je crie tout en m'enfonçant au milieu des énormes chênes centenaires qui bordent le chemin où nous nous trouvions précédemment.

Mes amis m'écoutent et se cachent eux aussi au beau milieu de la forêt à une vitesse fulgurante. Nous continuons à courir au milieu de la végétation hors d'haleine, le monstre à nos trousses. Les herbes, ronces, buissons et autres végétations de la forêt me griffent les jambes et me ralentissent dans ma course, mais je ne sens rien, la peur prend le dessus sur la douleur. Je l'entends derrière nous. Le monstre, avec son souffle saccadé qui pourrait créer un ouragan et ses énormes pattes qui déracinent sûrement plusieurs arbres à chaque mètre. Et j'avoue que ces sons, en plus de me terrifier littéralement faisant ainsi exploser mon rythme cardiaque (déjà bien augmenté par la course), me motivent à courir encore plus vite. Je peux dire merci à l'adrénaline qui me donne des ailes, je crois que je n'ai jamais couru aussi vite qu'à cet instant. Enfin, après de longues minutes où je ne me concentre plus que sur mes jambes et la cadence de mes enjambées, j'arrive enfin à m'éloigner assez du cerbère pour qu'il me perde de vue. Je m'arrête alors et observe rapidement autour de moi. Je vois que mes amis sont à mes côtés, eux aussi arrêtés et à bout de souffle. 

Les quatre élémentsWhere stories live. Discover now