Ses yeux se portaient sur un détail qui avait échappé à Yara. Son chemisier tâché de gouttes de sang à la main, elle offrait en spectacle ses seins revêtus d'un soutien-gorge délicat. Elle porta vivement ses mains à sa poitrine, sous les sifflements approbateurs émis depuis une fenêtre d'un bâtiment. Un homme s'y excitait et lâchait même quelques plaisanteries graveleuses à l'encontre de Yara. Celle-ci fulminait comme jamais. Ce goujat avait tout regardé, perché bien au sec, se délectant de sa détresse plutôt que de la secourir. N'en pouvant plus, elle laissa libre court à sa colère.
- Gros porc va, cria-t-elle à l'intention de l'inconnu. Les pervers égoïstes comme toi devraient être enfermés !
- Et tu sais ce que je fais aux salopes dans ton genre...
L'homme semblait traficoter en-dessous de sa ceinture. Yara n'en sut pas plus. Jules venait de s'interposer, masquant la vue de sa haute stature.
- Ca suffit, déclara-t-il d'un ton doux.
Enlevant sa veste, il aida Yara à l'enfiler. Celle-ci prise de court, ne protesta pas. Cette marque de gentillesse fit retomber un peu de son emportement.
- C'est ta faute, tout ça, asséna-t-elle.
- Non. C'est celle de ton entêtement, constata-t-il, très terre-à-terre. Je t'avais exposé les deux possibilités les plus sensées qui s'offraient à toi et tu as préféré te tourner vers une troisième plus stupide.
- Tu es tyrannique !
- Encore faux. Je suis rationnel. Voilà tout.
- Il suffisait de répondre à mon interrogation, protesta Yara.
- Peut-être...
- Pourquoi ne pas le faire alors ?
- Parce que je le peux. J'ai mon libre-arbitre que je sache.
L'homme éructait de plus en plus fort à sa fenêtre mais ils ne l'entendaient plus. Chacun avait conscience que leur joute oratoire prenait un tournant décisif et Yara redoutait de plus en plus d'être la perdante de l'histoire.
- Et maintenant, tu montes sur mon dos ou tu marches ?
- Je marche !
Elle se détourna de lui mais il la rattrapa par le bras et sans ménagement l'installa à califourchon sur son épaule.
- Encore une mauvaise réponse !
- Lâche-moi, gronda-t-elle. Lâche-moi, espèce de rustre !
Elle martelait son dos de coups de poing. Il avançait avec aisance le long de la rue.
- A une condition.
Il s'arrêta.
- Laquelle ?
- Grimpe sur mon dos et arrête de râler.
- Ca en fait deux, remarqua-t-elle.
- Tu l'auras voulu.
Il reprit son chemin.
- Ok !
- Ok quoi ?
- Je vais m'accrocher à ton cou et à ta taille, puisque c'est ta came. Tout plutôt que d'endurer plus longtemps cette infamie.
- Madame a sa fierté, se moqua-t-il.
- Et Monsieur, un petit côté gentleman non assumé.
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Hot Land
Roman d'amourLa Terre est plus que jamais en perdition : dérèglements climatiques, écocides. Pour sa sauvegarde, une plainte historique contre l'Union Européenne et les cent entreprises les plus polluantes qu'elle héberge a été déposée. Alors que les climatoscep...