7 - Panser ses plaies

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Il avançait à nouveau, errant un pas après l'autre dans les plaines immenses et désolée s'étendant devant lui. Depuis combien de temps marchait-il, il ne s'en souvenait plus. Curieusement, il ne fatiguait pas tant, mais souffrait au contraire de maux de cœur fréquent le forçant à s'arrêter pour reprendre son souffle. Une toux venait l'accompagner, sèche et tranchante, mettant sa gorge à vif. Il marchait sans but, bras ballant et la tête dodelinant, ne parvenant pas à réfléchir. Ses seuls moments de lucidité, il les avait lorsque le soleil se tenait au-dessus de lui et venait l'assommer de ses rayons. Il repensait alors, et se demandait comment était-il arrivé là, pourquoi ça lui arrivait... Ces moments ne duraient pas, la douleur disparaissant et sa lucidité fuyant à nouveau dans les abîmes de sa conscience martelée. Mais pourquoi alors... ? Des jours durant le soleil ne le quitta pas, ne lui laissant pas le répit de la fraîcheur ni du repos, devant lui ni ombre ni vague ni rien, seule une marche sans fin. Perdre son identité l'amène à perdre sa raison d'être et il ne sait plus s'il doit avancer sans but ou s'arrêter dans le but de cesser de vivre. 

Vint la nuit. Ses yeux mirent longtemps avant de s'habituer à la douce obscurité du crépuscule. Et avant qu'il ne s'en rendre compte, Atropos avait sur lui étendu ses ailes et le monde reposait. Il regarda le ciel et vit les étoiles s'étendre à perte de vu. Il chercha l'étoile polaire sans la trouver. Une pluie tomba, une pluie brillante dans le ciel et qu'il observa. Quand avait-il entendu parler d'un phénomène pareil la dernière fois ? Tous les astres semblaient se mouvoir et disparaître ensuite. Il continua d'avancer.
Il arriva devant le cimetière. Il le comprit instinctivement, comme un éclair dans son esprit. Des centaines, non des milliers d'épées se tenaient devant lui, certaines rouillées, brisées voir neuves. Il y'en avait à perte de vue, et il su de cet élan de lucidité que chacune déterminait une personne ayant succombée... Succomber contre une personne ou une chose. Il allait la rencontrer donc. Et les étoiles tombaient. Devant lui finit par se tenir une silhouette, celle d'un homme qu'il peinait à discerner. Tenant une arme dans chacune de ses demains, l'individu s'approchant d'un pas décidé. Il s'arrêta devant lui, d'une apparence singulière et indescriptible. Mais c'était comme si sont visage changeait, alternant entre deux états. Il pensa au Dieu bipolaire... Et un sourire naquit chez ce dernier, qui le pointa de sa main désormais vide. L'indexe du Dieu toucha son torse nu et il sentit son cœur battre à tout rompre comme si son dernier instant était arrivé. Alors un rire moqueur rugit de la gorge du Dieu.
« Tu as échoué ! Tu es lamentable ! »
Alors il en était ainsi. La honte le submergea. Le voici jugé par le Dieu qu'il priait auparavant, le Dieu aux deux visages. Se trouvait-il à une sorte de purgatoire ou d'enfer ? Le rire cessa et la colère se fit désormais sentir des lèvres divines.
« Qu'en penserait ton père et ta mère ! Eux que tu jugeais si sévèrement ! Mais étais-tu capable de mieux, finalement ? Tu as pourtant échoué dans ton contrat ! Tu as échoué dans tes paroles et souillé de ta crasse mes Voies ! »
Il forma des mots dans sa bouche qui ne purent sortirent. Une boule serrait sa gorge à l'en étouffé, et la divinité enleva son index pour mieux le repousser du plat de sa main. Il tomba sur le sol avec un cri étouffé et se releva aussitôt pour se jeter à la figure du Dieu, munit uniquement de ses mains.
« Ne me reconnais-tu pas ?! Ne sais-tu pas qui je suis ? » Lâcha la divinité en le repoussant d'une simple main. Non, il ne reconnaissait que ses intentions. Il le savait après tout : c'est par les Voies qu'il a vécu, c'est par les Voies qu'il mourra. Et ce qui les a créés qui le tuera.
« Tu comprends n'est-ce pas. C'est de ma main que tu mourras... Ne reconnais-tu pas. »
Il tenta de se lever, mais la divinité l'en empêcha d'un coup de pied dans le thorax. Allongé, luttant pour respirer, il vit la divinité lui montrer une lame fine, le dominant de sa hauteur, son pied sur la poitrine. Ses poumons se vidaient peu à peu... Il voulait se débattre, respirer, sentir l'air influer ses poumons à nouveau. Il sentait la vie le quitter peu à peu et toutes les énergies de son corps se mirent en branle pour lutter. Pour survivre. Ses doigts agrippèrent le pied et tentèrent de faire basculer le Dieu, de le faire tomber. Ils le griffèrent, déchirèrent le cuir de ses bottes. Les yeux exorbités, les crocs découverts, il parvint presque à le mordre. Ses propres jambes se secouèrent pour déséquilibrer son agresseur.
Mais rien à faire, il était dominé et allait mourir. La lame se rapprochait peu à peu, encore un peu. Son œil la voyait, proche, si proche. Il haletait, appela à l'aide.
« Ne. Me. Reconnais-tu... Pas ? » Dit une dernière fois l'homme aux lames.
Avant d'avancer sa lame encore, l'enfonçant droit au visage hurlant de Vendate.

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⏰ Last updated: Sep 01, 2019 ⏰

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