25 ➵ Rouge est la confusion

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La porte de l'Imaginoir était bloquée avec une illusion ou un mécanisme, Lilianne n'en savait rien, mais elle ne comptait certainement pas quitter les lieux sans avoir récupéré son fiancé.

Bon sang de bonsoir pas après tout le chemin qu'elle avait fait ! Si le maître-chanteur l'attendait de pieds fermés, elle savait comment riposter. Elle était certes à peine reposée, mais elle savait comme y mettre du sien pour retourner la situation dans son sens.

C'était à ce moment-là qu'elle souhaitait être Animiste et contrôler la porte pour pouvoir l'ouvrir. Quoi qu'elle ne savait pas si ça marchait aussi rapidement.

Discrètement, avant de faire un boucan monstre en cassant la poignée, Lilianne obta pour un passage un peu plus discret. L'une des vitres étaient brisées et en se cassant à peine le poignet il était possible de récupérer la poignée par l'intérieur.

Sans se poser plus de questions, Lilianne s'attela à cette nouvelle tâche en évitant de copieusement de se couper. Finalement, après une mâchoire serrée, un mouvement de doigts délicats, comme lorsqu'elle faisait du point de croix avec sa mère, un déclic se fit entendre. La fenêtre s'effrita à moitié à cause de la peinture écaillée. Une atmosphère viciée lui frappa le milieu du visage.

Avec une agilité totalement inexistante, Lilianne passa par-dessus le cadre et tomba sur une console avant d'atteindre le sol tapissé de rouge qui éleva un nuage de poussière à sa chute. Lilianne toussa et essaya de se faire discrète. Par Perséphone, elle devait vraiment écrire un livre sur le déroulement de ses fiançailles ahurissantes.

Surtout, une fois que toute cette histoire serait terminée, elle voulait absolument partir très loin en voyages. Elle en avait jusqu'au-dessus de la tête du Pôle, de sa folie et de ses faux-semblants.

Elle s'avança dans le hall, à pas de loups. En s'approchant de la réception, elle remarqua une sonnette noire de crasse et surtout plusieurs panneaux qui indiquaient, les uns en dessous des autres :

LE GENTILHOMME À L'ÉVENTAIL
LA CONTREDANSE DES MAINS
LES BAS DE VELOURS NOIR
TROIS DAMES VUES DE DOS

Lilianne ne comprenait rien à rien aux noms de ces étranges salles - apparemment - mais Archibald devait absolument se trouver dans l'une d'entre elle.

Ne sachant pas par où commencer et ne voulant certainement pas perdre de temps, Lilianne décida d'appeler Constantin, avec le peu d'énergie qui lui restait, celui-ci pouvait toujours aider sachant qu'aucune malices ne prenaient aux yeux des morts.

  - Constantin... j'ai besoin de toi. Appela-t-elle en roulant l'artefact entre ses paumes.

Immédiatement, la température chuta, glaciale et des nuages céruléens dansèrent autour du défunt en uniforme de soldat.

- Lilianne... comment te sens-tu ?

La jeune Sidhe resta silencieuse un moment, inspectant chaque bruits alentours. Mais elle n'entendait personne.

  - Je vais... je pourrai aller mieux; mais on s'en fiche. Lâcha-t-elle avec honnêteté. J'ai besoin de retrouver l'âme d'Archibald et vite.

Constantin resta muet avant de jeter une information horrifiante.

  - Trois cadavres sont cachés dans cet endroit. Le dernier est encore vivant... mais sous peu, accroché à un fil.

  - C'est forcément Archibald ! Frissonna-t-elle. Allons-y.

  - Attention... coupa son ami avec lenteur, souviens-toi Lilianne...cette âme est prisonnière. Prisonnière du temps.

Lilianne resta figée, légèrement terrorisée. Mais elle ne pouvait pas faire marche arrière. Elle ne voulait pas. Elle devait trouver Archibald.

  - Je dois le faire, tu le sais, Constantin.

  - Je le sais. Répondit-il.

Elle hocha la tête, en accord avec son esprit. C'était sa décision.

Lilianne grimpa les marches et évita une planche qui blessait les escaliers en deux, troué par une chute dû à l'humidité. L'Imaginoir était complètement en train de pourrir sur place.

Elle continua dans un couloir qui courait comme une mezzanine contre les murs au papier peint décrépit. Elle arriva, hésitante, devant plusieurs portes. Lilianne se calma, autant les battements de son corps, que les frisotis de son âme.

Doucement.

Elle ferma les yeux et essaya de se concentrer, de percevoir un lien, mais tout semblait flouté, faux, mélangé. Que se passait-il dans cet endroit ?

Lilianne rouvrit les paupières et fronça les sourcils. Elle indiqua à Constantin qu'elle allait pénétrer dans les BAS DE VELOURS NOIR, d'un coup d'oeil. Ce n'était peut-être pas ici, mais elle devait au moins essayer.

Elle tourna la poignée. Verrouillée. Volontairement, Lilianne donna un énorme coup de pied. Évidemment, dans un état aussi insalubre, le battant s'ouvrit. Au diable la discrétion, il n'y avait personne dans ce fichu bâtiment.

  - Archibald...? Appella-t-elle doucement en entrant avec inquiétude.

À peine posa-t-elle ses deux pieds dans la pièce, que le monde sembla rétrécir et lui confiner les poumons. Elle avait l'impression de s'étouffer et pourtant elle respirait normalement. Mais lorsqu'elle se retourna vers le coin gauche de la pièce, les pensées suspicieuses disparurent.

Lilianne manqua d'hurler de surprise en remarquant une silhouette sombre dans le fauteuil. Elle trembla de peur, malgré son regard farouche. Elle s'attendit à faire face au kidnappeur mais elle se trompait. La personne ne semblait pas consciente, ou alors...

  - Constantin...? murmura-t-elle, tremblotante.

Le soldat bleuté, toujours derrière elle, à surveiller ses arrières, comme il l'avait toujours promis, lança lentement, le crâne perforé.

  - Vivant.

Inquiète au milieu de tout ce rouge et de ces coussins, craignant un piège, la jeune Sidhe avança à pas d'eau entre la brume parfumée et l'atmosphère sombre et pesante des lieux.

  - Qui êtes-vous ? Cracha-t-elle, alors qu'elle essayait de maintenir sa voix décidée.

Son cœur battait à tout rompre. Elle n'avait aucun envie de mourir d'une crise cardiaque, surtout que cette fois, elle ne reviendrait pas du monde froid. Ce n'était pas un íobairt, c'était réel et dangereux.

Elle continua d'avancer, les mains devant elle, tel un bouclier d'acier et de platine prête à utiliser son pouvoir de Lamia à la seconde qui suivait. Tandis qu'elle s'approchait, que les lumières bordeaux clignotaient, le monde se mit à tanguer autour d'elle lorsqu'elle remarqua que la silhouette était en plus d'être affalée et évanouie, c'était surtout...

  - Archibald ! Lâcha-t-elle livide, en courant vers le fauteuil.

LA FIANCÉE D'ARCHIBALD¹'² ━゙LA PASSE-MIROIR✔Where stories live. Discover now