Chapitre 12

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- Où est-ce que tu m'emmènes ?

- Au Coaster Coffee, c'est un petit café sympa à quelques rues d'ici. Il n'y a pas d'endroit plus calme tu verras, on pourra parler tranquillement.

Je hochais la tête un peu perdu dans mes pensées. Si je m'étais rétablit de mes blessures assez superficielles au final, moralement je me sentais faible. 

Salinger avait tenu à m'offrir un verre après les cours, il cherchait probablement à se faire pardonner. Ce mec est incroyable, il réussissait à culpabiliser alors qu'il n'était pas celui qui m'avait infligé ces bleus.

Autour de nous se dessinait un paysage automnal cliché, où on y retrouvaient bien sur des tapis de feuilles mortes sous nos pieds, une pluie humide et quelques citrouilles derrière des vitrines recouvertes de buée.

- C'est bientôt Halloween. Je murmure en observant un costume de La Chose dans une boutique de déguisements.

- Ah oui, tu voudrais venir habillé en Morticia Addams à la soirée du 31 ? C'est pour ça que tu fixes les costumes avec cet air ahuri ?

- Tu peux toujours rêver ! Si quelqu'un doit changer de sexe pour Halloween, c'est toi. Moi je serai en Gomez.

- La moustache t'irait très bien, c'est certain ! Ajouta Sal sur un ton sarcastique.

- T'es en train de te foutre de moi là ? 

- Oui j'avoue.

- Et bien tu rigoleras moins dans le déguisement de cousin-machin.

- J'ai hâte de voir ça ahah.

Et là vint notre premier fou rire. Après avoir passés cinq bonnes minutes à rire de la situation, il s'arrêta devant moi et me sourit.

- C'est là, entre.

Je me retournai et poussai la porte devant moi. Nous découvrîmes alors un petit café plutôt accueillant et chaleureux et nous décidâmes de nous asseoir à une table haute. Une serveuse vint presque immédiatement prendre notre commande:

- Bonsoir, qu'est-ce que je vous sers ?

- Ce sera un latte pour moi, et un double expresso pour monsieur s'il vous plaît. Me devança Salinger.

Elle acquiesça et repartit vers la cuisine.

- Un double expresso ? 

- Tu as la tête de quelqu'un qui va décéder, tu as besoin d'un petit remontant.

Je souris et le regardai quelques secondes avant de baisser les yeux.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Je soupirai longuement et me décidai enfin à me lancer:

- J'aimerai comprendre pourquoi tu m'as laissé seul après ce qu'on a partagé. Tu sais, c'est tout nouveau pour moi, et sans le soutien de personne, je me suis senti si seul.

Je vis son expression changer. Je ne pu m'empêcher de me sentir mal d'avoir dis ça, mais j'avais besoin à ce moment là, de réponses.

- J'ai eu peur. Il marqua une pause et reprit. Ça paraît si dur de t'aimer, tu es tellement mystérieux et complexe que j'ai paniqué. Je suis désolé de ne pas avoir été là au moment propice.

- C'est rien, je comprends et tu as raison, je ne mérite sûrement pas qu'on m'aime.

- Dis pas ça, c'est faux, j'ai eu des préjugés, je suis un idiot.

Je m'apprêtais à répliquer, mais il me devança:

- Ne me défend pas, je reconnais mes tords. Mais maintenant, je souhaiterais qu'on reparte de zéro si tu es d'accord évidemment.

- Bien sur.

Nous sommes restés plus d'une heure dans ce café à parler de tout et de rien, à nous découvrir des points communs ou divergents et à apprendre à nous connaître davantage. Ça a été un des plus beaux moments de notre relation. Tu sais, ce mélange entre le commencement et la fin de quelque chose, une sorte de renaissance, de réincarnation. Un nouveau départ. C'était simple et magique. Mais même si notre aventure a eu de merveilleux moments, ça n'a pas toujours été le cas. On dit souvent que l'amour va avec la souffrance, mais je ne m'étais jamais imaginé que ça pouvait être aussi douloureux d'aimer quelqu'un. Et pourtant, ça l'a été... 

listen before i goOù les histoires vivent. Découvrez maintenant