Chapitre 15

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Alors que j'essayais de me réveiller doucement, alors que j'essayais de sortir de mes rêves, je fus brutalement sorti de mon lit par Andy qui était devenu très hystérique. Je mis mon oreiller sur ma tête en la suppliant d'arrêter de crier mais ça ne marcha pas. Je tendis ma main à la recherche d'un objet à lui balancer à la figure, je sentis une bouteille d'eau. Je me redressai dans mon lit et lui balançai à la figure. Elle s'arrête de hurler. 

-Oh! Qu'est que tu as à hurler à six heures du matin ? Tu veux ameuter tout l'étage ou quoi ?

-Il... Il y avait une araignée. 

-Tu te fous de moi . Tu es dans une École militaire, tu veux être soldat et tu hurles à la moindre petite araignée ?

-J'ai vraiment trop peur de son Arizona. 

-Elle est où ta petite bête ?

-Là!

-Oh mon Dieu ! m'écriais-je. 

-Pourquoi tu hurles ? Tue là ? 

-Mais, ce n'est pas une araignée ce n'est pas possible ! 

-Mais elle est énorme. 

Effectivement je comprenais pourquoi elle hurlait. Cette araignée devait faire trente centimètres sur vingt. Je suis d'accord, j'exagère un peu, mais je n'ai jamais eu peur des araignées et celle-là était vraiment énorme. 

-Je dois avoir de l'insecticide dans mon sac. dit-elle.

-La prochaine fois met de l'insecticide avant de hurler et de me réveiller !

-Ne hurle pas dès le matin ! 

-Tu te fous de ma gueule là ?

Andy mit de l'insecticide sur l'araignée et referma le placard. Je me demandais vraiment si elle se foutait réellement de ma gueule. Elle remit l'insecticide dans son sac et prit ces affaires pour se changer dans la salle de bain.  Elle me sourit et sortit de la chambre. Je ne tardais pas à la rejoindre.

Il n'y avait pas trop de monde dans la salle de bain commune, on pouvait prendre notre douche rapidement en ayant de l'eau chaude. Il fallait souvent se lever très tôt pour avoir la chance d'avoir de l'eau chaude. Les filles de deuxième et troisième année ainsi que celle qui s'était spécialisées pour être soldat de l'armée de terre, celles qui avaient donc des séances intensives de sport cinq ou six fois parjour. Alors, étant en programme anticipé on était souvent les dernières aux douches et donc celles qui avaient l'eau froide. Ma foi, vaux mieux s'habituer maintenant car de toute manière un jour on en aurait eu droit.

-Rassure-moi, on n'a pas de séance de sport intensif aujourd'hui ? demanda Andy.
-Si, on a une heure en fin de journée. 
-Mais on est vendredi !
-Andy, on en a tous les jours. dis-je en rigolant. 
-C'est tellement long. 
-Courage. Ok ? C'est les premières semaines, enfin les deux premiers mois. 
-Tu crois qu'on va s'y habituer .
-Bien sur que oui ! Tu n'as jamais fait de jogging ?
-Non, enfin si mais il y a un an. 
-Et bien au début c'est dur de s'y mettre, on ne tient pas longtemps, on ne fait pas beaucoup de distance et on se fatigue vraiment très vite. Mais avec le temps, avec de l'entraînement notre corps d'habituer et on tient longtemps et notre distance triple. 

Je vis Andy se décomposer devant moi. Elle ne devait pas être très fan de l'endurance. Mais en souriant, j'arrivais à lui dégoter un petit sourire en coin. Nous sortions de la salle de bain en direction de notre chambre pour déposer nos affaires de nuit et pour prendre nos affaires de cours. Bien que ce n'était qu'un trieur avec des feuilles et des stylos. Nous n'avions pas vraiment beaucoup de cours, les cours généraux ne représentaient plus grand-chose. Et puis, en partant de mon lycée, je devais avoir des excellentes moyennes, et des résultats plus que parfaites pour pourquoi entrer en programme anticipé, donc je dois dire que mes acquis étaient plus qu'acquis. Je ne m'improvise pas pour autant génie. 

Je sais que dans ce que je vais faire devoir faire plus tard, connaître cinq langues n'est pas obligatoire et que généralement il faut simplement connaître les bases telles que "Aidez-moi.", ça ne me sert à rien de savoir comment l'homme est apparu et son fonctionnement. J'ai juste besoin du nécessaire pour survivre. Quand on traverse l'enfer, il faut continuer d'avancer et ne jamais se retourner. La vie est compliquée, sur le terrain elle est encore plus dure à gérer, mais il est nécessaire d'y arriver, il est nécessaire de rester en vie. 

Je connais mes limites, je connais mes faiblesses, je connais chaque son qui peut me faire deviner que je suis mal, je connais beaucoup de choses. Mais la connaissance n'est rien si on ne sait pas s'en servir correctement. Et si on ne sait pas utiliser notre corps, si on ne sait pas contrôler nos faiblesses, si on ne sait pas canaliser notre énergie on ne tient pas deux jours dans cet enfer. On meurt avant même d'avoir commencé à réaliser nos rêves. C'est tellement simple de se battre pour ce qu'on veut vraiment mais quand on arrive au bout, quand on arrive à entrevoir ce que pourrait être notre vie, cette dernière nous joue un mauvais tour, cette dernière nous prend notre vie, nous enlève à ce qu'on a de plus chers au monde.

Nous connaissions les risques, nous connaissions les conséquences. Nous savions que pour arriver à la paix certains devront en payer le prix fort. Nous savions que nous serions amenés à tuer, à voir nos amis se faire tuer. À probablement être tué. Tel était notre sort. 

Notre courage est grand, mais le courage ne fait pas tout. Il faut également faire confiance, il faut faire ce qui nous est juste, défendre nos convictions si elles nous paraissent défendables. On protège des millions de vies. Un chasseur abattu en vol n'est rien comparé à des millions de vies.

« Je suis un soldat »Where stories live. Discover now