Chapitre 18 - Clélio

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Clélio

Je me réveille en sursaut, tout habillé sur mon lit. Je grimace sous la douleur. Je me sens comme si on m'avait roué de coups et avec une gueule de bois.

Je souris, ironique.
- Avec la nuit que je viens de passer ...

Je jette un oeil autour de moi et essaye de me lever, péniblement. Je me fais l'effet d'un vieillard de 90 ans.
Une nausée très forte me prend soudainement. Je n'écoute alors plus la douleur et traverse tout l'appartement en trombes pour aller vomir ...

- Du sang !
Le retour à la réalité est rude !
Avec le rêve, douloureux, de cette nuit, j'avais presque oublié la soirée d'hier ...
- Merde ! J'espère que j'ai pas tué cette fille !

Un autre vertige me prend, quand je réalise que j'ai échappé au pire. Si mon père n'avait pas été ivre mort pour sa traditionnelle dépression du 31 octobre ... Il aurait pu me voir rentrer couvert de ...
Je jette un coup d'oeil rapide à ma tenue et soupire de soulagement en ne voyant aucune tâche. Cependant, je suis tellement pris par tout ça que je n'entends même pas mon père ouvrir la porte des toilettes.

Avec précipitation, j'appuie sur la chasse d'eau.
- Tu es malade, je parie ! Je suis sûr que c'est ton footing d'hier soir ! Combien de fois faudra que je te dise de te couvrir ! Surtout que la nuit ...
- C'est dangereux ! Je sais !

Pâle, encore sous le choc par mes aventures nocturnes, je n'écoute pas son sermon. De toute façon, je ne le connais que trop ! Je ne suis pas malade, ça j'en suis sûr. Du moins, si c'est le cas, ce n'est pas un rhume ! Je ne sais pas ce que c'est, mais ...
- Tu m'écoutes, oui ?
Je sursaute, sous l'interpellation de mon père. Je dois vraiment avoir une sale gueule, car il se radoucit un peu ...
- Fais tes devoirs et repose-toi ! Et surtout ... Arrêtes de sortir comme ça pour aller courir sans être correctement ...

J'écoute déjà plus. Je peine à rester concentré . J'ai la bouche pâteuse, les intestins et l'estomac en vrac ... et une gueule de bois de tous les diables.
- Quelle ironie ! C'est lui qui boit et c'est moi qui ...
Je grimace.
- Va te coucher !

Pour une fois, je me lève et obéis. C'est chancelant que je me dirige vers ma chambre. Mon père doit vraiment être inquiet car il m'aide même à marcher, de son seul bras valide.
- Tain, je ne sais pas comment il fait ! Avec tout ce qu'il a bu hier, j'admire comme il arrive à se comporter le plus naturellement du monde !
Je souris intérieurement, amer.
- Des années d'expérience, aussi !

Tandis qu'il m'aide à m'allonger, mes souvenirs me reviennent. Aussi loin que je me souvienne, mon père a toujours fait une dépression avant le 31 octobre, jusqu'à mon anniversaire le 1er novembre.
- Je ne sais pas si c'est lié à ma mère , mais ...

Tous les ans, à cette période, il est bourré toutes les nuits. Le jour, il fait semblant de rien et va travailler normalement, mais ... la nuit ...

Et ce petit manège dure depuis quand ? Toujours ou presque, je dirais.

J'entends mon père revenir et poser une bassine à côté de moi.
- Juste au cas où ... et maintenant dors un peu ! Je vais travailler. J'appelle le médecin ce soir, si cela ne va pas mieux ... Mais j'en doute, vu ta constitution !

Je souris faiblement.
- Je doute que dormir change quoi que ce soit ! Cette nuit, j'ai bu ...

Je m'endors.

* * *

Mais quand je me réveille, en début d'après-midi, cela va déjà beaucoup mieux. Mis à part une légère sensibilité à la lumière, j'ai retrouvé ma forme et ma pêche légendaire.

Après avoir passé un moment à m'entrainer à la flûte, histoire d'en mettre plein la vue à mon prof, j'essaye sans succès de me concentrer sur d'autres devoirs.

Mais rien y fait ! Le joli visage de la fille vient sans cesse me hanter.
- Est-elle vivante ? Morte ? Bon sang ! Faites que je ne l'ai pas tuée ...

Je décide de tout lâcher pour faire une recherche sur internet à l'aide de mon téléphone portable. J'essaye de voir si les journaux ne parlent pas d'elle, et de son corps retrouvé mort, exsangue de sang.

Mais rien !

C'est donc encore plus énervé que je jette mon téléphone sur le canapé, pour envoyer ensuite valser mes devoirs par terre.

Je fais alors les cents pas dans le salon, tout en me prenant la tête ...
- Qu'est-ce que je fais ? J'appelle tous les hôpitaux ? Et qu'est-ce que je dis ?

Je soupire, secouant la tête. Au mieux, j'aurais l'air ridicule et on pensera que je psycote pour rien ... Au pire, j'aurais l'air d'un fou.

N'y tenant plus, je me rends dans ma chambre, au pas de course, pour préparer mes affaires de boxe. Je vais aller faire un tour à la salle, cela va me faire du bien !

La prophétie de Maglaï le rouge : tome 1 Les Envoyés [terminé]Where stories live. Discover now