Chapitre 48 - Clélio

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Clélio

C'est le coeur battant d'impatience et d'excitation, les yeux brillants, n'en perdant pas une miette, que je pénètre dans le château-fort en ruines. De là, par un passage caché, nous descendons dans la grotte qui sert de repère au clan Macclee ... ma famille, apparemment.
- Ça fait bizarre ! J'arrive pas à réaliser !
Cassandre ouvre la marche, aussi impatiente, mais beaucoup plus nerveuse. Il semblerait que quelque chose la préoccupe ... mais quoi ? Mystère ! Derrière moi, Maglaï le rouge, qui n'est autre qu'Edern Macclee le doyen du clan, ferme la marche, bras dessus-bras dessous avec Astraia. Je pense que c'est plus pour essayer de la détendre, de la rassurer et surtout pour éviter qu'elle ne prenne la fuite ! Elle est tellement sur les nerfs que je le sens d'ici ! Elle arriverait presque à me contaminer, si ...
- Rendez-moi mon fils, espèces de monstres ! Hurle une voix, plus bas, que je ne connais que trop bien ... celle de mon père. Je sais que c'est vous qui le détenez !
Je me tends et me fige instinctivement. Je sens et reconnais à sa voix et à sa manière de parler qu'il est ivre mort. Et je sais mieux que quiconque que cela n'augure rien de bon !
- Je vous avais dit qu'on serait en retard ! Soupire Cassandre.
- Oui mon adorée ! Tu avais raison, comme toujours !
Maglaï le rouge pose sa main libre sur mon épaule, m'invitant doucement à descendre. Aussi, je ferme brièvement les yeux, respire un bon coup et continue pour atteindre une grande salle commune, assez simple, mais ... impressionnante tout de même. Elle ressemble beaucoup à la grotte où Maglaï le rouge séjournait, à la différence prêt qu'ici, une rivière souterraine semble traverser la grotte. Au fond de la salle principale, il semble tout de même qu'un pont permette d'accéder à une autre partie.
Les yeux tout aussi écarquillés, je regarde tour à tour la vingtaine de personnes présentes. Hormis mon père, il me semble évident que ce sont tous des vampires. Ils sont tous regroupés, autour de mon père et de deux autres personnes, à plus ou moins grande distance.
D'après leur attitude, et celle de ces deux personnes, il semblerait que ce soit les chefs de clans. Ils essayent visiblement de le calmer et de le raisonner en douceur, mais sans succès ! Je sens qu'ils commencent à perdre patiente, face à l'agressivité de mon père, totalement ingérable. D'ailleurs, s'il semble évident qu'ils nous ont vu arriver, mon père nous tournant le dos, non.
- Julian ! Bien le bonjour ! Lance Cassandre, un sourire tendu sur le visage. Regardez qui nous avons trouvé !
Mon père se retourne alors et son regard passe de Cassandre à moi.
- Vous ! S'exclame-t-il, fou furieux. Je savais que c'était vous qui ...
- Non papa ! J'en avais juste marre de ton hypocrisie et de ton ivrognerie !
Mon père blêmit alors et se fige un instant, mais trop peu. Bien vite, la col!ère reprend le dessus et en quelques pas, il s'élance vers moi et me saisit le bras.
- Ça suffit ! Tonne-t-il. On rentre à la maison ! Tout de suite !
- Julian ... commence Maglaï le rouge.
- Non ! Taisez-vous ! Vous n'avez pas votre mot à dire !
Mon père resserre son emprise sur moi et commence à me trainer derrière lui vers la sortie. Maglaï s'écarte alors, laissant le chemin dégagé, cachant derrière lui une Astraia totalement terrorisée !
- Comme j'aurais aimé qu'elle rencontre notre père dans d'autres circonstances !
Tandis que nos regards se croisent, je me réveille sur le champ de ma torpeur et résiste de toutes mes forces. Surpris, mon père se retourne et me fait face. Je vois à son regard qu'il a encore en mémoire notre petite altercation de la cuisine ...
- Tout ça c'est de ta faute, Gebril ! Hurle une voix féminine qui semble venir de plus loin vers la rivière. Je ne sais pas ce que tu me caches ni pourquoi, mais ... ça doit cesser ! Tout de suite ! Laisses-moi passer !
Je ne sais pas à qui appartient cette voix, mais je reconnais le nom prononcé comme était celui de « ce frère » qui a trahit Astraia. Je vois le visage de mon père blêmir et se décomposer. Je regarde Astraia et constate que ce n'est pas mieux de son côté.
- Qui ...
Je regarde à nouveau mon père, qui me lâche le bras et regarde vers le fond de la grotte. Vers ce fameux pont sur la rivière souterraine. Je me retourne et suis son regard pour voir une ombre noire s'élancer vers moi. J'ai à peine le temps de la voir réellement. La seule chose que je discerne, ce sont deux grands yeux noirs en amande, totalement hypnotisant.
- Julian ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Maugrée-t-elle froidement.
Je réalise alors seulement que ce n'était pas vers moi qu'elle se dirigeait, mais vers mon père. C'est en était la personnification même de la colère froide qu'elle se pose devant lui, les bras croisés. C'est à peine si elle m'a vu.
Je tourne la tête vers mon père qui a mis un « masque » de froideur sur son visage à son tour, surement pour se donner une contenance.
- Jessica !
- Julian !
Je sens un frisson me parcourir tandis que je suis entre deux icebergs. J'alterne le regard entre mon père et ... ma mère.
- Alors c'est elle ...
- Je viens récupérer mon fils ! Ne t'inquiètes pas, je n'ai pas l'intention de m'éterniser ici ...
- Ton fils ? Fait-elle, sarcastique.
- Dites, les enfants ... Commence un homme arrivant du même endroit que Jessica, probablement ce fameux Gebril Malek. Et si nous nous asseyons pour discuter tranquillement ?
- La ferme ! S'exclame mes parents, non, nos parents, en coeur.
- Et si vous vous mêliez de ce qui vous regarde, vous ! Tranche mon père.
- Oui ! Tu crois pas avoir fait assez de dégâts comme ça ? Ironise Jessica.
Gebril Malek se met à rougir, honteux. Alors qu'il fait un geste nerveux de la main, quelque chose se met à me chiffonner chez lui.
- Ok ! J'aurai au moins réussi à mettre ces deux-là d'accord ! Sourit-il.
C'est alors que je vois ce sourire sur son visage que cela me frappe. Gebril Malek n'est autre que mon professeur de physique ! Il ne lui ressemble pas du tout, mais ... ce sourire, cette gestuelle ...
- Et sa voix ! C'est la même voix !
- Vous ! M'exclamé-je, surpris. Vous êtes mon professeur de physique-chimie !
- N'est-il pas ? Lance-t-il avec un clin d'oeil.
- Je vous avais ordonné de ne pas approcher de mon fils, vous ! Hurle mon père.
- Oh, « chéri » ! Notre fils ! Ne m'oublies pas si vite ! Rétorque Jessica.
Je reporte mon attention sur eux. L'espace d'un instant, j'étais si préoccupé par Gebril Malek que ... j'en ai oublié tout le reste.
- Désolé les amoureux, mais ... il fallait bien que je garde un oeil sur celui-là ! Me désigne-t-il. Vous ne m'avez pas vraiment laissé le choix de la méthode, Julian !
- Bravo ! Belle réussite ! Ironise Jessica.
- Je me demande bien pourquoi, tient ! Poursuit mon père. Ah oui ... c'est vrai, vous ...
- Au fait, Gebril ! Coupe Maglaï le rouge, lançant un clin d'oeil espiègle. Merci pour la « Belle au bois dormant » !
Saisissant l'allusion, je me sens devenir cramoisie. C'est alors que toute l'attention se porte sur moi. Pas longtemps, cependant, car, très vite, mon père et Jessica s'énervent à nouveau, tandis que Gebril Malek et Maglaï le rouge tentent de calmer le jeu. Le bazar est tel que je n'arrive plus à suivre.
- Merde ! J'en ai marre de ces conneries !
Je soupire, sentant le mal de crâne arriver.
- Assez ! Silence ! Mugit une voix, plus forte que toutes les autres.
Le silence s'installe aussitôt, tandis que tous les regards se tournent vers Astraia, car aussi surprenant que cela soit, c'est elle qui vient de gronder ainsi !

La prophétie de Maglaï le rouge : tome 1 Les Envoyés [terminé]Where stories live. Discover now