25 - Cauchemar

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   Encore une fois, Lazuli fuyait. Il survolait plaines et dunes à une vitesse incroyable, sentant le vent pousser ses ailes. La lumière l'aveuglait, et, bizarrement, il se trouvait dans les souterrains. Enfin... A peu près. Des murs de roche immenses l'empêchaient de voler plus loin, mais il fallait qu'il essaye. Il le fallait !

- Lazuli !

   Pourquoi volait-il, déjà ? Il ne se rappelait pas. Il se retourna, aperçut Calcaire, et le héla. Mais son ami ne semblait pas l'entendre. Il volait lui aussi vers le mur de roche, yeux fermés. Avec horreur, Lazuli se rendit compte qu'il n'avait pas vu la paroi. Il se précipita vers lui, serres en avant... 

-  Lazuli, je t'appelle ! LAZULI !

   Allongé sur sa couchette minuscule, Lazuli ouvrit difficilement les yeux. Le vent soufflait encore dans ses ailes, mais cette fois ce n'était plus qu'un souvenir. L'Aile de Pierre grogna et s'appuya sur sa queue pour se relever.

- La-zu-li !

- J'arrive !

   Le soleil brillait dehors. Ce devait être ça, la lumière intense de son cauchemar. Mais cela voulait dire que la soleil était levé (évidemment) et Trois-Lunes, la mère de Tranche-Rêve, devait dormir à cette heure comme les autres Ailes de Nuit... Pourquoi l'appelait t-elle ? Il entra dans la cuisine, et vit la dragonne de Nuit penchée à la fenêtre, l'air soucieuse.

- Qu'est ce qu'il y a ?

- Regarde !

   Le dragonnet bronze et bleu pointa son museau dehors. Dans la rue, des gardes Ailes de Nuit patrouillaient, lances sous l'aile. Rien d'exceptionnel.

- Mmmmh, fit t-il.

   Qu'était-il censé dire ?

- Ils sont de plus en plus nombreux, l'éclaira Trois-Lunes, à côté de lui. Et ils ne viennent jamais dans ce quartier d'habitude. Je trouve ça inquiétant, pas toi ?

   Les deux dragons retirèrent leurs têtes de la fenêtre.

- Ben, pas trop. 

- J'ai peur qu'ils ne soient plus nombreux parce qu'ils ont repéré quelque chose d'inhabituel. Ou alors, ils veulent enrôler... Je n'ai pas vraiment envie que... Enfin bref. Tiens, prends ça. C'est la liste de choses à faire aujourd'hui.

   La dragonne tendait à Lazuli un bout de parchemin à moitié froissé, sur lequel était noté : ''Acheter de la viande au marché, désherber la cour, repeindre la porte, nettoyer les sacs de cours de Krill et Tranche-Rêve, remplacer le bocal à eau salée, trier les parchemins du bureau de Trois-Lunes, laver la fenêtre, ranger les armures''. 

   Le dragonnet soupira mais quelques minutes plus tard sortit de la maison, un panier sous l'aile. Autant commencer par la première requête de la liste. Et où était Calcaire ? Pourquoi ne pouvait-il pas faire tout ça, lui aussi ? Lazuli avait vraiment l'impression d'être l'esclave des cinq autres dragons de la maison. Et du poisson rouge.

   Arrivé sur la place Fatale, la place du marché, il se rendit compte qu'il y avait peu de monde. Les rares Ailes de Nuit présents baillaient et parlaient de se coucher après une bonne nuit de travail. La majorité des dragons étaient des Ailes de Pierre avec des paniers, comme Lazuli. Il avait l'impression de se fondre dans la masse. 

   D'habitude, les Ailes de Nuit n'avaient pas trop confiance en leurs hôtes ; ils étaient plus considérés comme de pauvres dragonnets sans-abris que comme une tribu décimée à part entière. Souvent les dragons de Nuit leur parlaient avec un ton condescendant, moqueur. Comme si tout était de leur faute, et qu'au final ils ne savaient pas se débrouiller seuls.

La guerre des Ailes de Pierre : les Royaumes de FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant