Hey, Jude [9-1-1]

Chapitre 3

"I don't care too much for money,
Money can't buy me love."

- Can't Buy Me Love, The Beatles

« Docteur Hicks, vous êtes demandée aux urgences. » M'interpelle une infirmière qui se trouve à la réception du service de pédiatrie. Etonnée, je jette un coup d'œil à mon bipper qui n'a pas sonné de la journée. Je hausse simplement les épaules et m'apprête à prendre l'ascenseur.

« Merci Alex. » Je réponds en lui tendant le dossier d'un patient que j'ai dans les mains. « L'ordonnance est faite. »

Elle s'en saisit et marmonne quelque chose d'inintelligible avant de répondre au téléphone qui s'est mis à sonner.

Je prends quelques secondes sur mon portable en attendant l'ascenseur. Je soupire en voyant que je n'ai pas de nouvelles d'Eddie après que j'ai essayé de l'appeler ce matin. J'ai déjà raté quatre fois ses appels depuis le début de la semaine, alors que de mon côté, j'ai essayé au moins autant de fois de l'avoir. Mais je suppose que nos emplois du temps sont complètement décalés.

L'ascenseur est presque plein lorsque les portes s'ouvrent devant-moi. Je grimace légèrement et me fraie un chemin jusqu'à un espace libre où je reste pendant quatre étages. Tout le monde sort au rez-de-chaussée et je m'active en direction des urgences. Je suis à quelques mètres de mon objectif, mais j'entends déjà le bourdonnement familier qui y règne. Je prends mon courage à deux mains et poussent les dernières portes sur mon chemin.

Je ne prête presque plus attention au chaos qui règne une nouvelle fois ici. La plupart des lits sont occupés, certains patients crient de douleur ou gémissent des paroles confuses. L'odeur de sang et de désinfectant est presque écœurante, mais j'y suis tellement habituée que je ne le sens même plus. Puisque ma garde d'aujourd'hui est en pédiatrie, j'essaie de ne pas prêter trop attention aux dossiers empilés à la réception et qui attendent qu'un médecin soit disponible. Je me dirige directement vers le premier médecin que je vois pour découvrir la raison de ma venue jusqu'ici.

Il s'agit de David – Docteur Wilson pour les patients – l'un des internes arrivés il y a quelques mois parmi nous. Il est concentré sur une tablette, probablement à tenter de déchiffrer les résultats du laboratoire. Comme moi, il ne semble pas se préoccuper des bruits alentours.

« David, » je l'appelle et il lève enfin la tête dans ma direction. « Tu sais qui a bipé la pédiatrie ? »

Il m'observe une seconde avec un mélange de soulagement et d'agacement. Dans mes souvenirs, je n'ai rien fait pouvant le mettre en colère, je croyais même pouvoir nous définir comme des amis. Je me suis peut-être trompée...

« C'est moi. » Me répond-il finalement. « Il y a une heure. » Dit-il sèchement.

« J'ai été appelée il y a très exactement cinq minutes. » Je rétorque alors. « Par une infirmière. Mon bipper n'a pas sonné de la matinée. »

Il lève les yeux au ciel puis décide finalement de ne pas chercher davantage comment cela est possible. « Un patient a fait un rapide séjour par ton service mais je n'ai pas de nom de pédiatre dans le dossier. Tu sais comme moi qu'il me faut une signature. »

J'acquiesce, ce n'est pas la première fois que je réalise ce genre de routine. La plupart des enfants aux urgences ont besoin de la signature d'un pédiatre de l'hôpital avant de pouvoir sortir.

« Mais ça, c'était il y a une heure. Maintenant, mon patient est à l'IRM. » Il m'apprend en soupirant, me tendant tout de même le dossier de l'enfant en question.