Ramon Jacotte, empereur des gilets jaunes. Episode I.

Chapitre 8 - La période Russe, le recrutement des frères Ivanov.

Cyrus avait merdé. C'était rarissime. Il voulait se racheter. Première mesure, renforcer la sécurité. N'importe quel mec bourré pouvait rentrer dans les locaux, utiliser les ordis, faire des tours de cons et créer des incidents de politique intérieure. Le ministère des armées s'en était mêlé, il avait Braindata dans le collimateur. On devait jouer profil bas, se faire oublier. Braindata allait renforcer les procédures de contrôle interne. Cyrus avait promis. — Je vais m'occuper personnellement du sujet.

Cyrus était en pleine période russe. Par période russe, il fallait comprendre :

Cyrus avait récemment multiplié les voyages professionnels sur Moscou et Saint-Pétersbourg. Il y avait du business en cours. Il avait flashé sur une minette. Il était fou amoureux. Il était rentré, il avait décrété :

— Cette fois j'en suis sûr. Les plus belles femmes du monde sont bien les Russes !

Ramon se marrait. Les périodes de Cyrus avait commencé quand il avait 15 ans. Ça n'avait jamais cessé. La question n'avait jamais été complètement résolue. Il y avait eu les périodes ukrainienne, polynésienne, polonaise, sénégalaise, rwandaise, malaisienne, libanaise, syrienne, jordanienne puis un tir groupé pour les Scandinaves avec une petite préférence pour le Danemark. Ensuite un gros coup de cœur pour l'Islande, il était resté à Reykjavik pendant plusieurs semaines. Il était presque devenu fou, disait-il. Les blondes platines pullulaient, elles avaient les yeux translucides, vous les suiviez dans la neige, elles vous embrassaient aux pieds des volcans.

La Russie avait une première fois décroché le titre suprême. Elle fut rapidement détrônée par sa concurrente la plus sérieuse : les Pays-Bas. Une nouvelle lubie l'avait pris subitement, il ne se sentait plus attiré que par des femmes plus grandes que lui. Cyrus mesurait 1m87, le défi était de taille. Les Pays-Bas furent un paradis, celui des plus grandes beautés de la planète.

Ramon critiquait régulièrement l'approche. Elle ne reposait sur aucun fondement scientifique. Cyrus l'admettait. Mais il menait ses recherches avec beaucoup de sérieux. La quête était avant tout esthétique, elle n'était pas sexuelle. Il avait eu des liaisons délicieuses avec des femmes dont il avait à peine effleuré la main. Le simple spectacle de la beauté féminine le rendait heureux. Il contemplait, une sensation de plénitude l'envahissait. Ce n'était pas un délire macho. Le macho était laid. Il était vulgaire. Le macho était un connard qui pensait avec sa bite. Des pensées faciles, des pensées sans effort ni recherche. N'importe qui pouvait le faire. Pouah !!!

C'était répugnant, c'était écœurant. Cyrus les fuyait comme la peste.

Amsterdam avait soudainement disparu des tablettes. On était à nouveau 100 % slave. La cause de ce revirement portait le doux nom de Svetlana. Des yeux bleu pâle, un teint de porcelaine. Des pommettes rondes et délicieusement colorées d'une fine nuance rosée. Des cheveux blonds, frisés, coiffés court, en bataille. Des jambes de 3 kilomètres de long. Svetlana était sublime. Son regard vous vaporisait l'intérieur. Vous vous sentiez réincarné en bulle de champagne. Cyrus l'avait rencontré lors d'une visite au Kremlin. On y avait parlé business et protocole d'échange de données. Svetlana faisait les traductions. Svetlana était une bombe hypercultivée. Elle était polyglotte russe, français, anglais, allemand, italien. Cyrus voulait apprendre le Russe, elle s'était proposée. Cyrus avait fait de gros progrès. Svetlana avait aussi ses entrées dans le domaine de la sécurité. La sécurité à la Russe. Elle avait organisé des rencontres. Cyrus avait flashé sur Dmitri. Dmitri ne se déplaçait jamais sans son frère Alexeï. Cyrus avait embauché les deux. Svetlana approuvait.

Cyrus avait ramené tout le monde dans son avion. Il avait passé quelques coups de fil pour régler les sujets administratifs, titres de séjours et compagnie. Le cortège franco-russe avait débarqué sur le tarmac à Paris. Ils avaient fait sensation. Svetlana et Cyrus ouvraient la marche. Les deux molosses Ivanov suivaient. Ils avançaient paisiblement. Ils faisaient peur.