Chapitre 10

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*17 mai 837*

Ce matin-là, j'attendis patiemment sur un banc, dans l'un des couloirs de la caserne des Explorateurs au District de Trost. Akiko Eyre et Mike Zacharias, les autres membres de l'escouade du capitaine Rosenberg et amis d'Erwin, devaient me rejoindre pour m'escorter jusqu'à la boutique de vêtements où j'étais salariée.
Le Major Shadis avait donné son autorisation ; avant-hier soir, Erwin et Hansi lui avaient touché deux mots au sujet de ma requête, et le capitaine Rosenberg était intervenu personnellement pour convaincre leur supérieur. En allant à mon lieu de travail, il y aurait sans doute des bribes de souvenirs qui remonteront à la surface. La discussion avait été rudement animée dans le bureau du Major, et en cet instant je m'étais sentie totalement inutile. Je ne savais pas vraiment sur quel pied danser. Fallait-il que je tente d'intervenir, histoire d'apaiser les esprits échauffés, ou laisser couler, et attendre que ça se tasse jusqu'à la prise de décision ? Difficile à choisir. Mais je n'avais pas eu besoin d'y réfléchir très longtemps, car ils avaient finalement réussi à tous se mettre d'accord sur ce qu'il fallait décider.
Néanmoins le Major Shadis avait déclaré qu'ils devraient envoyer au plus vite des missives au général des armées et aux commandants actuels des Brigades Spéciales et de la Garnison, pour les prévenir de la nouvelle marche à suivre. Il ne tenait pas qu'on accuse les Explorateurs de garder des informations pour eux, et c'était compréhensible.
Cela remontait donc à deux jours. J'avais pourtant encore l'impression que l'entrevue dans le bureau du dirigeant du Bataillon d'exploration s'était passée il y a tout juste quelques heures à peine. Peut-être parce que leurs arguments tournaient et retournaient sans relâche à l'intérieur de mon esprit... Je me souvenais de ce que chacun avait dit, les prises de tête qu'il y avait, et que sais-je encore. Sans m'en rendre compte, mes mains serrèrent un bout de ma longue jupe rouge.
Comment avions-nous pu en arriver là ? La vie était parfois si étrange et pleine de rebondissements, personne ne se doutait à l'avance de comment sera fait demain. Si ce dernier point était vrai, inutile de continuer de vivre : autant retourner six pieds sous terre.
- Nasrin ?
Je sortis brusquement de ma rêverie et je levai les yeux en direction de la personne qui venait de m'appeler. Debout en face de moi, une jeune femme avec de grands yeux bleus émotifs et des cheveux blonds coupés courts, avec des rubans roses attachés dedans, me fixa avec bienveillance. Depuis mon arrivée à la caserne, je l'avais croisée une ou deux fois.

A la place de sa tenue de soldat du Bataillon d'Exploration, elle portait une tenue de civile — un foulard violet clair, un haut rouge et blanc, et une longue jupe orange

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A la place de sa tenue de soldat du Bataillon d'Exploration, elle portait une tenue de civile — un foulard violet clair, un haut rouge et blanc, et une longue jupe orange.
- Je m'appelle Akiko Eyre, et je fais partie de l'escouade du capitaine Rosenberg, se présenta-t-elle. Il m'a demandé de t'escorter jusqu'à la boutique.
Une douceur chaleureuse émanait de sa voix. Je me redressai aussitôt pour la suivre. La cape que je portais à ma sortie de l'hôpital était nouée sur mes épaules, me recouvrant entièrement, prête à servir une fois à l'extérieur.
Hier soir, le capitaine Rosenberg m'avait clairement expliqué que je devrais placer la capuche sur la tête à chacune de mes sorties hors de la caserne, par mesure de précaution. On ignorait toujours où s'étaient cachés les meurtriers et le commanditaire de ce qui aurait dû être une « agression » — et non d'un meurtre suivi d'un incendie —, ni s'ils se trouvaient actuellement en ville. Alors, s'ils découvraient qu'après mon séjour à l'hôpital de Shiganshina on m'avait emmenée à la caserne que possédaient les Explorateurs au District de Trost pour que j'y sois protégée, ma vie serait en grand danger. D'où l'idée de ne jamais quitter ma cape.
C'était un plan ingénieux, mais ce qui devait me rassurer m'avait terrifié au plus haut point et cela expliquait en grande partie l'envie de me terrer toute la journée dans la caserne. Par sécurité. Le stress planait en permanence au-dessus de ma tête, tel une épée de Damoclès. Et il ne s'arrangea pas lorsqu'on atteignit la porte d'entrée de la caserne ; presque aussitôt, je mis la capuche sur ma tête. Le moment de passer aux choses sérieuses était arrivé...

« 𝓢𝓸𝓾𝓿𝒆𝓷𝓲𝓻𝓼 𝓸𝓾𝓫𝓵𝓲𝒆́𝓼 [SNK ~ Erwin x OC] » / TERMINÉWhere stories live. Discover now