Scarlet Omega • kv TOME 1 | terminé |

Chapitre 20

Je ne sais pas comment tout cela a pu finir ainsi. Honnêtement, ce que je vis ressemble bien à ces rêves totalement chimériques qui vous scotchent un sourire aux lèvres à peine réveillés. Et pourtant, je le sens dans mes chairs et mes os que tout ça est loin d'être l'invention de Morphée mais bel et bien la réalité que je vis aujourd'hui.

La lune avait éclairé l'ensemble de la forêt cette nuit là et à peine la meute m'a-t-elle accepté en tant que Luna que nous nous sommes mis à courir à l'unisson entre les hauts arbres recouverts d'épines. Nos membres se mouvaient au rythme de nos cœurs alors que nous ignorions nos respirations saccadées, la brume légèrement blanches qui caressaient nos crocs. Je ne sais pas vraiment comment j'ai fait pour courir aussi longtemps et aussi vite. Une nouvelle liberté s'ouvrait à moi et j'étais plus que prêt à la saisir.

Le temps était devenu quelque chose d'abstrait que seuls les humains subissaient car nous les loups étions maintenant plus fort que ça, plus fort que cette chose immatérielle qui régissait nos vies. Et nous avions couru, encore et encore, comme si nous étions à la poursuite d'un bonheur invisible qui se trouvait au fond de la forêt.

Quand je me réveille, ma forme humaine est de retour. Le pelage blanc neige a disparu pour laisser place à ma peau bronzée. Mes yeux toujours fermés, je sens l'herbe fraîche me caresser la joue, ainsi que l'odeur de la terre légèrement humide par la rosée du matin. Bien que je ne suis pas très couvert, je n'ai pas froid. Je me sens bien entouré, de toute cette nature et mon cœur est comme apaisé. Comme si pendant tout ce temps passé en tant qu'humain, il m'avait manqué quelque chose: ce petit côté sauvage qui venait s'unir parfaitement à moi.

Doucement, j'ouvre les yeux et inspire un grand coup : plusieurs odeurs m'emplissent les narines mais une seule retient mon attention. Une odeur boisée que je connais bien. Immédiatement mes yeux se plissent et je prends conscience que quelque chose m'entoure fermement. Un souffle chaud frappe ma nuque et quelque chose de doux la chatouille presque imperceptiblement.

Je baisse les yeux et remarque alors les bras de Jungkook qui me tiennent. Sa grande main plaquée sur mon ventre me fait rougir et maintenant j'ose à peine respirer de peur de la bouger. L'irritation que j'ai ressenti en le sentant contre moi s'est maintenant envolé pour laisser place à de la nervosité.

- Tu devrais calmer ton cœur.

Je sursaute quand sa voix grave se glisse dans mon oreille. Un peu rauque à cause du sommeil, elle est pourtant dangereusement plaisante à écouter. Je déglutis et tente de me détendre tandis que son torse est plaqué contre mon dos. Je me sens en sécurité ici, comme si rien ne pouvait m'arriver.

- Je suis calme.

- Je ne peux peut-être pas lire dans tes pensées mais tu es pourtant comme un livre ouvert pour moi.

J'écarquille les yeux et ose me retourner vers lui. Appuyé sur un de ses coudes, il me surplombe légèrement et son regard plonge dans le mien. Bien que je viens d'affirmer être calme, mon cœur ne peut pas s'empêcher de battre plus vite. Est-ce depuis que je suis devenu un loup-garou que je suis aussi perturbé par sa présence ? C'est alors qu'un petit sourire en coin vient étirer ses lèvres avant qu'il ne dégage mon front d'une mèche de cheveux du bout du doigt. La tendresse dans ses orbes sombres fissure son image d'Alpha assuré.

- Tu as été parfait hier.

Mon souffle a du mal à se frayer un chemin dans ma gorge tellement je suis happé par ses yeux et ses paroles. Merde, pourquoi je suis autant influencé d'un coup ? La main qui a servi à dégager mon front se décale alors jusqu'à ma joue qu'elle caresse avec une douceur infinie. Jamais de ma vie on ne m'a traité ainsi, comme si j'étais la chose la plus précieuse au monde. Et pourtant, là tout de suite, c'était ce que faisait Jungkook.

Je suis tellement ému par cette réalisation que je ne remarque pas tout de suite que la distance entre lui et moi diminue peu à peu, la tension augmentant de la même manière. Et pourtant une fois que je m'en rends compte, je ne bouge pas, comme si j'en ai envie. Mes yeux dérivent sur ses lèvres qui se rapprochent des miennes, ma langue passe sur ces dernières... Je n'attends que ça.

Et pourtant, alors que nous sommes à quelques millimètres l'un de l'autre, alors que je peux sentir la chaleur de son souffle contre ma bouche, un cri strident raisonne dans mon esprit et tout de suite, je comprends qu'un des membres de la meute est en danger.