i miss the smiles we had when we were kids

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Elle était là, assise sur le rebord du lit, silencieuse ; son regard d'un beau doré effleura un court instant la vieille photographie et un flot de souvenirs la frappa. Ils semblaient tous si heureux là-dessus, surtout elle ; le sourire qui traînait sur ses lèvres frôlait ses oreilles et il y avait cette malice dans ses yeux. Une pointe de souffrance s'écrasa durement dans sa cage thoracique ; elle n'était plus si heureuse.

Les quelques coups maladroits contre la porte de sa chambre la tirèrent de ses pensées et elle déposa son regard sur le doux visage de sa mère.

- « tu es prête, Chôchô ? » interrogea l'adulte, un fin sourire sur les lèvres.

L'adolescente acquiesça simplement.

- « et tu es sûre que ça ira ? » continua-t-elle, une pointe d'inquiétude dans la voix. « si tu ne te sens pas de le faire, j'annule. »

- « ça va, maman. » souffla-t-elle, dans un hochement de tête. « et toi, tu te sens prête pour ça ? »

Un rire maladroit s'extirpa des lèvres de l'adulte et résonna quelques secondes dans la pièce.

- « je ne suis pas sûre d'être prête un jour, tu sais. » avoua-t-elle, dans l'encadrement de la porte.

Dans le fond, sûrement qu'aucune d'entre elles n'était réellement prête. Un soupir s'échappa des lèvres de la rousse et elle acquiesça, incapable de trouver les mots rassurants dont sa mère semblait avoir besoin ; elle se hissa doucement sur ses deux pieds, jeta un dernier coup d'œil à la photographie et emboîta le pas à l'adulte.

Les rues du village étaient emplies d'habitants et pendant un instant, elle regretta amèrement la fraîcheur de sa chambre, la douceur de son matelas ; un grognement s'échappa de ses lèvres et elle réajusta rapidement ses mèches rousses en une simple queue de cheval haute. Le doux rire de sa mère se glissa tendrement à ses oreilles et l'adulte ébouriffa doucement les cheveux de l'adolescente, une moue si adorable sur le visage que Chôchô étouffa un énième grognement entre ses lippes.

- « ça te va bien. » la complimenta Karui, un fin sourire au coin des lèvres.

- « ne t'y habitues pas. » grogna-t-elle. « c'est juste à cause de cette chaleur étouffante, je préfère le côté sauvage de ma tignasse. »

Karui acquiesça et se concentra silencieusement sur le chemin ; elles vagabondaient depuis une bonne vingtaine de minutes entre les villageois et les contours de la demeure familiale de la branche héritière du clan Nara ne tardèrent pas à apparaître. Chôchô regretta amèrement sa chambre, à cet instant ; elle n'aurait jamais dû dire oui, elle n'était pas prête et elle ne le serait sûrement jamais. Elle s'engouffra dans l'allée de la demeure, les mains dans les poches, perdue dans ses propres pensées ; si bien, qu'elle ne se rendit pas compte immédiatement que sa mère ne la suivait plus, depuis un petit moment. Les sourcils froncés, elle jeta un regard en arrière et étouffa cette pointe de souffrance dans sa poitrine ; peut-être bien que l'instant était dur pour elle, mais que ressentait Karui ? Elle se rapprocha d'elle rapidement et attrapa délicatement les mains de sa mère dans les siennes ; sa mère n'était plus la même depuis le massacre, comme si une partie d'elle était morte, en même temps que son père, là-bas, sur le champ de bataille.

- « maman. » appela-t-elle, doucement. « ça ira, d'accord ? »

Le son de sa voix arracha un léger sursaut à l'adulte et elle se confronta silencieusement à cette vague de désespoir dans les prunelles de sa mère.

- Les héros dans l'ombre [anciennement CWSAP]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant