XIII.

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La dernière lune accordée à Ezekiel ne devrait plus tarder à remplacer le soleil, qui en se couchant emporte avec lui mes derniers espoirs de la revoir.

À l'occasion de cette trentième lune, mon père à organiser une réception dans la salle des trônes. Il prétend qu'il s'agit d'une fête pour célébrer la montée d'Eöl au poste de capitaine, mais aussi une occasion d'annoncer mon union avec le Prince Nimiel.

Mais je sais, pertinemment qu'il profite de cet réception pour fêter l'échec et la mort d'Ezekiel, qui le réjouissent au plus haut point.

Il me répugne. Plus jamais, je ne considérerai cet homme comme mon père. Je savais depuis longtemps qu'il était un homme froid et dur mais jamais je n'aurais pensé qu'il puisse être à ce point cruel.

Installée à ses côtés à la table royale, je reste de marbre. Il tente, tant bien que mal de m'adresser la parole mais je ne lui prête aucune attention.

Layana, regardes moi ! M'ordonne-t-il, sèchement.

Je ne répond pas, ce qui semble l'agacer. Il attrape fermement ma main, écrasant douloureuse mes doigts. Je tente de me défaire de son emprise mais c'est peine perdue. Mon regard croise, enfin le sien, noir de colère.

Je suis ton père, Layana ! Tu me dois le respect !

Votre titre, ainsi que le respect que j'avais pour vous, ont disparus le jour où Ezekiel à quitté ce château, Roi Galdor ! Lui craché-je, la mâchoire serrées par la colère. De plus, le simple fait de poser le regard sur vous, me donne la nausée... Dis-je en le détaillant de haut en bas avec dégoût.

Un éclair d'étonnement traverse son visage mais très rapidement, il se durcit à nouveau.

C'est pour toi que j'ai fais ça ! Grinça-t-il des dents.

N'essayez pas de justifier vos actes, en prétendant qu'ils étaient dans mon intérêt, cela vous rend encore plus pitoyables que vous ne l'êtes déjà ! M'emporté-je à voix basse pour ne pas alerter les convives présents. Si vous vous étiez réellement soucié de moi, vous n'auriez jamais envoyé à la mort, le seul et unique amour de ma vie ! Continué-je, froidement. Mais tout ce qui vous intéresse, mon roi, c'est uniquement ce qui sert vos propres intérêts ! Conclué-je, en reportant mon regard vers la salle remplie d'invités, sous le regard ébahi de Galdor.

Voyant que j'ai eu le dernier mot, le roi essaye de reprendre. Mais soudainement, les portes s'ouvrent brusquement, laissant apparaître une soldat de la Garde Royal qui se précipite vers nous.

Votre... Votre Majesté... Bafouille-t-il, essoufflé devant nous.

Bien, que se passe-t-il, soldat? Lui-demande le roi, les sourcils froncés.

L'homme reprend, finalement son souffle et plante son regard paniqué dans celui de Galdor.

La Garde Noire est rentrée, votre Majesté...

À l'énoncé de cette phrase, mon cœur loupe un battement.

Alors que je tente de me ressaisir, les portes de la salle s'ouvrent une seconde fois, laissant ainsi rentrer une vingtaine de soldats de la garde.

Tous sont couvert de terre et de sang, je peux voir que certains d'entre eux sont blessés mais pourtant, ils se tiennent tous en rang devant nous au centre de la salle.

Alors que Galdor laisse échapper, un « impossible » presque inaudible, je me lève de mon trône et tente de trouver le regard d'Ezekiel parmi tout ces hommes mais aucun signe d'elle.

N'a-t-elle pas survécu ?

À cette idée, mon cœur se sert de douleur et mes larmes menacent de couler, d'un moment à l'autre. Mais alors que je m'apprête à sombrer, le rang de soldats se séparent en deux.

C'est alors que je l'aperçois enfin. Ezekiel s'avançant lentement entre ses hommes. Mais elle n'est pas seule. Un autre soldat l'accompagne, ce dernier la soutient d'un bras autour de la taille, alors que le bras gauche d'Ezekiel est posé sur ses épaules.

Plus elle s'avance et plus, je remarque son état. Elle boite, douloureusement et sa main droite est ensanglantée et repose sur son abdomen.

Son visage, quant à lui, est comme celui de ses hommes, couvert de sang et de terre. Je retiens un cri de terreur, en la voyant ainsi. Je peux voir toute la douleur qu'elle ressent dans ses yeux.

Soudain, le soldat à ses côtés jette au sol un sac en toile juste devant nous. Le roi reste perplexe et fronce les sourcils, alors que la voix d'Ezekiel finit par résonner dans la salle.

La tête de Zork, votre Majesté, comme vous l'avez demandé... Lance-t-elle, froidement d'une voix éraillée par la douleur.

Sans un mot, Galdor se lève et rejoint le sac. Il le détaille du regard, avant de l'attraper et de l'ouvrir. Il grimace de dégoût et le donne à l'un de ses hommes, avant de s'avancer vers Ezekiel.

Je vois que vous avez survécu aux Gorges, Capitaine ! Lui dit-il en la sondant de la tête aux pied, avec un sourire vicieux.

Jamais, je ne trahis une promesse... Répond-t-elle, en posant enfin son regard sur moi.

Un sourire émue étire mes lèvres et je me décide à les rejoindre. Mais alors que je descend les marches, la voix du roi brise le silence.

Alors, laissez moi le faire à votre place !

En moins de temps qu'il ne faut pour le dire Galdor sort sa dague et se précipite sur elle. Je hurle pour tenter de l'arrêter mais en vain. Pétrifiée, je ferme les yeux pour ne pas assister à cette scène.

Cœur Royal.जहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें