Chapitre 2, partie 4 : Rotomagg

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- L'Ombre ? Non, je ne pense pas. Mais, au vu des corps se balançant, plus loin dans la ville, j'ai bien peur qu'elle n'ai déjà fait son œuvre. Et ce, avant notre arrivée."

Augustus se pencha plus en avant, incitant les deux chasseurs à se rapprocher de lui, tendant une oreille des plus attentives.

" Scipio, vous ne devez surtout pas aller au palais."

Ces mots résonnèrent avec force dans l'esprit du maître-chasseur. Si ce n'avait pas été son frère, membre du Conseil royale, qui le lui avait annoncé, il ne l'aurait jamais pris au sérieux.

Pourtant, un mal se répandait, à une vitesse foudroyante, sur les élites du royaume Alf. Un mal qui embrumait les esprits, les incitant à prendre les pires décisions et appelant le sang.

Mais, un autre problème surgit dans les pensées de Scipio : que faire de leur découverte à Viridurbs ? Scipio se décida à en parler à son frère, lui révélant tout, dans les moindres détails. Augustus écouta, avec toute l'attention dont est capable un Alf. Finalement, lorsque Scipio eut terminé son récit, il s'enfonça dans son fauteuil, pensif, les mains croisées.

" Je ne vois qu'une solution : vous devez vous rendre à Telo.

- Telo ? demanda Artimius, dont le nom ne lui parlait absolument pas.

- C'est le plus grand port et arsenal aéromaritime humain. C'est une Cité-Etat des Hommes qui contrôle la Mer Nuageuse, ainsi que le commerce qui s'y exerce. Même notre flotte aéromaritime n'est pas aussi puissante.

- Hein ? Comment des Alfs ne pourraient-ils pas être plus puissants que des Hommes ? Nous leur sommes pourtant bien supérieurs ! "

Les deux frères regardèrent Artimius avant de croiser leurs regards, amusés. Augustus dessina un léger rictus sur son visage, à moitié caché par ses mains. D'un signe de tête, il invita son frère à expliquer certaines choses à ce jeune Alf.

" Artmius, commença Scipio, tu es jeune et tu as encore beaucoup de choses à apprendre, malgré tes quarante ans. Les Alfs n'ont pas toujours été supérieurs aux Hommes. Ce fut même l'inverse, et ce, pendant des éons. Autrefois, existait un immense territoire humain, dans lequel nos aïeux vivaient en paix et en harmonie avec eux. Leurs armées étaient immenses et invulnérables sur le champ de bataille. Attention, je parle d'une époque où Lugdum, lui-même, marchait parmi nous. Puis, il y eut une guerre. La plus terrible que les Hommes aient jamais eu à livrer. Les légendes et les mythes ne nous apprennent qu'une chose : Lugdum et ses soldats humains vainquirent leurs ennemis, mais à un tel prix, que le dieu disparut, corps et biens, tandis que les Hommes survivants, à peine assez nombreux pour remplir une cité moyenne actuelle, se dispersèrent et fondèrent de nouvelles cités. ces-mêmes cités qui allaient devenir les actuelles Cités-Etats. Quant à notre peuple, les Alfs, nous avons prospéré sur les ruines des Hommes. Devenus plus puissants, nous nous sommes imposés aux survivants et avons conquis les terres que tu connais comme notre territoire le plus sacré.

- Territoire qui, autrefois, avait appartenu aux Hommes, termina Augustus. Alors, cher apprenti de mon frère, ne fait pas l'habituel bêtise des nôtres, qui consiste à sous-estimer les Hommes. De par leur nature, ils sont intelligents, inventifs, combattifs et pugnaces. Ainsi qu'une foule de qualificatifs que je n'énoncerai pas ici.

- Mais... Maître ? (Artimius passait d'un frère à l'autre, n'étant pas certain de bien comprendre ce que l'on venait de lui révéler) Je ne comprends pas. Je ne comprends plus rien.

- C'est normal Artimius (Scipio prit une voix plus douce, bienveillante, à l'égard de son apprenti qui descendait de son piédestal de manière très brutale). Lorsque nous apprenons cette vérité, nous, les Alfs, avons beaucoup de difficultés à l'accepter. Nous nous nourrissons d'un mensonge depuis tellement longtemps, qu'il a finit par tenir lieu de vérité."

Artimius, totalement sonné, ne prêta plus qu'une attention toute relative à la suite de la conversation des deux frères.

" Augustus, tu nous préconisais de nous rendre à Telo. Pourquoi ? Qu'il y-a-t'il qui puisse nous aider ?

- Là-bas, vous trouverez le vieux Gor-Gaël, un vénérable mage de feu l'ordre de la mer. Ses aptitudes particulières le mettent, de facto, à l'abri de l'Ombre. De plus, il est un des plus ancien Alf encore en vie. Il est né dans les décombres de l'ancienne terre des Hommes, il saura certainement quoi faire de ce que vous avez trouver dans les ruines de Viridurbs.

- Alors, nous partirons demain, à l'aube. Que peux-tu nous dire de plus concernant cette Ombre ? Connais-tu un moyen de s'en préserver ? Autre que nos pendentifs ?

- Hélas, non. Mais, à ma décharge, je n'ai eu que trop peu de temps pour observer et comprendre le phénomène. J'ai d'abord pallier au plus urgent : prévenir la Cité-Etat de Pasiium de l'attaque. J'espère simplement que ses élites ne souhaiteront pas soutenir le siège. Leur position, en plein milieu du royaume, ne leur permet pas de recevoir l'aide directe des autres Cités-Etats. De plus, si les Hommes devaient s'unifier à nouveau, nul doute qu'ils ne mettront pas longtemps avant de souhaiter reconquérir ce qui était leur autrefois.

- En bref, nous sommes au bord d'une catastrophe et nous n'avons aucune idée de la manière dont nous sortir de là ?"

Augustus ria de bon cœur. Puis, se reprenant :

" Tu as toujours su aller droit au but, cher grand frère. Mais tu as raison. Le sort de millions d'êtres vivants, Alfs comme humains, se joue maintenant et nous n'avons pas la moindre idée de ce qu'il convient de faire."

L'Oeil du CycloneWhere stories live. Discover now