Chapitre 6, partie 1 : Une nuit à l'auberge

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            La nuit passa sans incident notable. Artimius fut réveillé plusieurs fois par d'étranges bruits venant du dehors, mais suivant les recommandations de ses deux compagnons, il n'ouvrit jamais la porte. Ces bruits, semblables à des grognements et des râles, étaient envoûtant et exigeaient d'ouvrir la porte.

Mais, faisant confiance à son maître, le jeune Alf se tint immobile sous sa couverture. Il se boucha les oreilles avec de la ouate qui traînait dans sa besace lui servant d'oreiller de fortune. Il put passer la nuit dans un calme relatif, mais ses rêves furent peuplés d'étranges êtres vaporeux au regard mauvais.

Ce furent les petits coups donnés par Scipio du bout du pied qui réveillèrent Artimius. En ouvrant les yeux, le jeune Alf trouva qu'il faisait encore bien sombre. Il bailla et s'étira un instant. Reposant son regard sur ses deux compagnons, le jeune Alf constata, de son regard brumeux, qu'ils semblèrent prêts au départ depuis quelques temps. Leurs couvertures étaient roulées et sanglées sur le dos de leurs montures, seules leurs besaces se tinrent à côté du petit foyer encore allumé.

Se redressant, Artimius se mit en devoir de suivre leur exemple en roulant sa propre couverture et de rassembler ses quelques affaires. Il eut tôt fait d'en finir pour se rapprocher de ses compagnons.

Ceux-ci conversèrent à voix basses avant de se taire en entendant le jeune Alf s'approcher. Scipio se tourna vers lui et lui sourit.

" Enfin ! Commença-t-il. Notre demoiselle au bois dormants s'est enfin réveillée.

- Grumpf ! Pourquoi ne pas m'avoir réveillé plus tôt, maître Scipio ? Demanda Artimius en s'asseyant à leurs côtés.

- Et rater ce magnifique spectacle de toi en train d'émerger des limbes du sommeil ? Et puis quoi encore ?"

Les deux vieux Alfs rirent de bon cœur. Augustus s'était rapidement aligné sur Scipio en ce qui concernait Artimius. Ainsi, le conseiller ne se priva pas d'embêter le jeune Alf par des bons mots.

" Allons, allons, jeune maître Artimius, fit Augustus, il n'y a pas de honte à dormir comme une souche. D'ailleurs nous devrions vous en savoir gré : vos ronflements, des plus sonores, ont maintenus à l'écart tous les prédateurs."

A nouveau, les deux Alfs rirent à gorges déployées. Artimius se contentant d'un fin sourire jaune.

Un jour, se dit-il, un jour ce sera moi qui vous réveillerai comme ça.

" Pour reparler plus sérieusement, reprit Scipio, aujourd'hui nous attend un long voyage. Nous devons impérativement rallier une auberge. Nous allons passer au plus proche de la cité de Cathim, et je ne souhaiterai pas que nous soyons bloqués à l'extérieur lorsque la nuit tombera.

- Maître Scipio, que s'est-il passé à Cathim ? Demanda Artimius.

- Je crois que l'on te l'ai déjà dit hier, me semble-t-il ?

- Non, je voulais dire, que vous est-il arrivé lorsque vous êtes allé à Cathim ?"

Augustus et Artimius dévisagèrent Scipio. Le jeune Alf comprit que même le frère de son maître ne fut pas au courant de ce qui eut pu arriver à Scipio. Ce-dernier grimaça, détournant son regard de ses deux compagnons. Il mit un peu de temps avant de répondre.

" Rien de bon."

Sur ces mots, les Alfs finirent dans le silence leur frugal repas. Ceci fait, ils reprirent la route.

L'Oeil du CycloneWhere stories live. Discover now