3. Bal du Bapt's ~ Alexandra (version éditée)

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Aix-en-Provence, 26 novembre 2016.

Nous y sommes ! C'est le grand soir ! Depuis deux semaines, les filles sont en transe — moi aussi, il faut bien l'avouer — dans l'attente de cette fameuse soirée : le Bal du Bapt's.

Nous avons consacré la journée de samedi dernier à faire du shopping, l'objectif étant de trouver LA tenue. La tournée des boutiques de fringues n'est pas trop mon truc. Je n'en suis pas fan pour deux raisons très terre à terre : premièrement, je n'aime pas piétiner ni passer des plombes à faire du surplace dans les magasins, car ça me fracasse le dos. Non, je ne suis pas encore une vieille mamie rhumatisante, contrairement à ce que pourrait dire Marion. C'est simplement que j'ai eu une maladie de croissance à l'adolescence et j'en ai gardé des séquelles qui me font souffrir régulièrement.

Cette saloperie de pathologie m'a d'ailleurs contrainte à abandonner mon rêve : devenir pilote d'hélicoptère. Gamine je rêvais d'être aux commandes d'un Tigre. Sauf qu'il faut une excellente condition physique pour intégrer l'Armée de l'air et une colonne vertébrale lésée n'est clairement pas compatible avec le niveau exigé. J'ai dû faire mon deuil des carrières dont je rêvais, mais qui étaient trop physiques. Adieu la carrière de pilote, adieu celle d'inspectrice de police, adieu celle de sapeur-pompier et bonjour les études pour devenir instit ! C'était aussi un métier qui m'attirait donc je me suis lancée dans l'enseignement. Ma grand-mère disait toujours que dans la famille nous en avions la vocation. Effectivement, avec le recul, je peux difficilement la contredire vu que dans la génération précédente, il y a eu deux instits, un prof de lycée et une prof universitaire et dans la mienne, nous sommes trois profs des écoles plus une prof de collège.

La deuxième raison qui fait que j'évite habituellement de courir les magasins — mis à part que je n'ai pas le temps pour ce genre de connerie — c'est qu'Aix n'est pas une ville bon marché. Ou alors c'est moi qui n'ai pas assez de fric ? Parce que lorsque je vois le prix des fringues, je pars en courant. Plus de cent euros pour un jean ? Non, mais oh ! Ça va pas la tête ? Il faut vraiment que mes jeans soient usés jusqu'à la trame pour que je me décide à en acheter des nouveaux ! Surtout sachant que mes p'tits monstres vont me les flinguer en moins d'une semaine avec leurs exploits artistiques ! D'ailleurs, hors de question de faire mes achats dans une boutique d'Aix, je me contente d'un pantalon le moins cher possible. Vu mon salaire mirobolant — vous sentez l'ironie là ? — je n'achète des fringues que lorsque j'en ai vraiment besoin et en général je le fais sur internet lors des soldes ou des périodes de ventes privées. Ce qui évidemment fait hurler au scandale Marion et Camille, qui, elles, renouvellent sans complexe leur garde-robe avec une régularité effarante. Il faut reconnaître que nous n'avons pas vraiment les mêmes moyens... Clairement, une avocate et une contrôleuse fiscale ne jouent pas dans la même catégorie qu'une prof d'école ! Surtout au niveau financier !

Les filles m'ont donc accompagnée — pour ne pas dire traînée — dans les magasins. Bien qu'Aix soit une ville bourgeoise aux nombreuses boutiques de marque, il n'est pas évident de trouver des vêtements très habillés. Parce qu'il faut quand même savoir que l'on ne se rend pas au Bal du Bapt's fringuées n'importe comment. La tenue de soirée est de rigueur. Il faut reconnaître que c'est très strict pour les mecs avec costume et nœud pap obligatoire ou uniforme, mais un peu plus souple pour les nanas qui peuvent rentrer, même si elles ne sont pas sur leur « trente et un », du moment qu'elles sont habillées sexy.

Pour cette nuit si particulière, il fallait donc trouver des robes de soirée et là, bonjour la mouise ! Naïvement je pensais qu'on bouclerait l'affaire rapidement, sauf que... nous avons galéré pour trouver ce que l'on cherchait. Les magasins de tenues de cocktail ne sont pas légion, il faut le reconnaître. Nous avons donc écumé une à une, toutes les boutiques aixoises réputées, passant des heures à essayer des robes. Rectification, nous avons surtout passé des heures à assister aux essayages de Camille et Marion. Elles ont passé au moins une douzaine de robes chacune, toutes parfaites pour elles. Mais égales à elles-mêmes, elles étaient incapables de choisir. Il a fallu un peu les houspiller pour qu'elles se décident enfin.

Mach 2 : une fille dans le viseur T1 (Édité Chez Amazon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant