| Chapitre 3 |

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Un éclat de rire s'extirpe avec force de mes cordes vocales tant et si bien que la douleur me passe au-dessus. Ni plus ni moins, la surprise m'explose en plein visage. Pourtant, je m'y étais préparé : je l'avais senti venir. Seulement, ça ne change rien au choc causé.

La folie prend place entre nous. L'inverse ne peut être possible. Ils ne peuvent pas être saint d'esprit, pas avec un tel projet.

Il s'agit de la meute Red Moon, et non celle sympatoche du coin !

— Vous vous foutez de moi, j'espère ?! m'exclamé-je.

Ma voix s'envole, seule maîtresse d'elle-même. La peur n'est pas suffisamment forte face à cette situation pour me rendre muet.

— Allez, balancez le pot aux roses. C'est quoi, hm ? Une sorte de bizutage après mon retour de cet enfer ?! continué-je sur le même ton. Ok, je sais, ça n'en donne pas l'air mais j'aime la vie ! J'ai envie de vivre jusqu'à mes cinquante ans au moins. Et je suis loin, très loin même, de les avoir ! Regardez-moi, je suis à la fleur de l'âge ! Beau comme un dieu. Bon... un dieu défiguré mais c'est passager !

La panique délie toutes les langues. Et la mienne, elle n'attendait que ça. Elle en était même impatiente. Toutefois, je grimace malgré tout devant l'élancement sec que me procure le fait basique d'exprimer le fond de ma pensée. Mais comment aurais-je pu faire autrement ? Ce n'était tout simplement pas possible. Seul un fou resterait indifférent à ça.

Je n'y suis peut-être pas si loin que cela mais je ne suis pas encore fou. Pas encore.

Je les fusille tour à tour du regard tout en portant une main à ma gorge. Celle d'Angèle se pose sur mon épaule.

— Isaac, doucement. Pense à ta gorge, s'il te plaît.

— Comment veux-tu que je reste calme ? Comment ?!

— J'ai dit : doucement.

Elle me donne une petite tape sur le sommet de la tête, assez faible toutefois pour que je ne la sente pas réellement. Or, ça ne m'empêche pas de jouer la comédie et d'exagérer la moue que je revête. Comme un enfant pourri gâté - je l'avoue -, je croise les bras sur mon torse nu et me mets pratiquement à bouder. Pas totalement bien sûr, j'ai encore besoin de me faire entendre. Mais c'est assez pour me permettre de rendre cette situation, disons, plus légère. Ce qu'elle n'est aucunement.

Les deux alphas se contentent de m'observer en silence, les lèvres closes et l'air d'avoir affaire à un gamin au sale caractère. Qui plus est, ils osent m'ignorer ? Aucun des deux ne renchérit sur leur folie évidente. Honnêtement, ils ont de la chance que je sois cloué au lit et que je n'ai pas de briquet et de bidons d'essence à portée de main, auquel cas je les aurais noyés dedans avant de leur foutre le feu.

J'aurais savouré leurs hurlements de douleur...

Jusqu'aux derniers.

Ça, c'est de la tarée attitude.

Sérieusement, ils me sauvent des ours, soi-disant polaires, pour m'envoyer à peine quelques heures plus tard dans la gueule du loup. Littéralement. C'est tout simplement le monde à l'envers. Ou je suis encore profondément plongé dans la léthargie du sommeil, au choix.

— Isaac, intervient mon père.

— Non, juste non. Vous m'envoyez vers une mort assurée pure et dure.

— Tu ne penses pas que tu exagères un petit peu ?

— À peine !

J'attrape un de mes oreillers et le balance vigoureusement contre son corps. Hélas, je me suis surestimé. À cette action, je laisse filer un râle de souffrance et accueille la raideur douloureuse de mon muscle. Tout ça pour qu'au bout du compte, l'objet moelleux retombe lâchement par terre, pas foutu d'atteindre sa cible. Angèle grogne en réponse et m'attribue une deuxième tape sur le haut du crâne, légèrement plus forte que la précédente.

Cœur de Glace [Revient très bientôt]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant