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On pouvait qualifier Shirolite par de bien nombreux adjectifs. Mais accueillante et reposante ne faisaient certainement pas partie de cette liste.

Cœur de la contrée de Varangon, ce carrefour à la fois urbain et sauvage n'avait rien d'une ville de plaisance. Si de prime abord, elle apparaissait comme dynamique et des plus vivantes, Shirolite était l'incarnation parfaite du lugubre et du sordide... Tout, des plus larges voies et plus étroites artères en passant par les bâtiments, transpirait d'une inquiétante atmosphère propre à l'ensemble des quartiers.

Maximilien, Kédéric et Clyde se dirigeaient dans les méandres de Shirolite avec toute l'assurance qu'ils pouvaient dégager. Telle était la loi dans cette jungle : les plus forts l'emportaient sur les plus faibles... Mieux valait donc faire partie du bon clan avant d'être avalé par de sinistres individus tous plus avides et cupides les uns que les autres.

— T'as au moins une idée d'où chercher dans ce fourbi, rassure-moi ?

— Là, répondit Maximilien sans adresser un regard à Clyde, tout en pointant du doigt une bâtisse au loin, à l'extrémité d'une place.

Même s'ils se trouvaient à plusieurs dizaines de mètres de l'endroit que Maximilien indiquait, Clyde déchiffra aisément l'enseigne qui pendait mollement du mur de l'édifice.

— Une taverne-auberge ? s'intrigua-t-il, en fixant les deux chopes de bières s'entrechoquant sur la peinture usée et écaillée de la devanture.

— Une taverne c'est le meilleur endroit pour glaner des informations, justifia Kédéric. Il y passe toutes sortes de gens et d'espèces. Y'a plus qu'à espérer qu'il y en aura au moins un qui saura nous en dire davantage...

Ses sages paroles furent approuvées par le grognement, un tantinet agacé, de Maximilien. Kédéric avait, certes, raison, mais ce qui le chagrinait, c'était qu'effectivement, on trouvait dans ce genre d'endroit tout et n'importe quoi : du bienveillant informateur, à l'ivrogne accablé, sans oublier la vermine qui siégeait là pour passer le temps.

L'emplacement des tavernes et des auberges pouilleuses n'était un secret pour personne. Elles étaient systématiquement situées dans les quartiers les plus défavorisés, mais intelligemment placées pour attirer n'importe quelle clientèle.

Aussi, ce ne fut pas compliqué pour les trois aventuriers de pousser la porte en bois miteux de l'établissement de leur recherche au bout de dix minutes de marche dans Shirolite.

— « Le Poney qui pue », marmonna Clyde, mi-amusé mi-dégoûté. Charmant... On se dit à chaque fois qu'on ne peut pas trouver pire... Et puis nan ! On trouve Le Poney qui pue...

— Ça aurait pu être encore pis, relativisa Kédéric. Genre La Marmotte Purulente, La Moule enchantée, À l'épaule du porc gangrené...

— Charmant... répéta Clyde.

Ils ne s'attendaient certes pas à côtoyer la haute bourgeoisie dans l'enceinte de ces murs sentant l'alcool et la transpiration, néanmoins aucun n'escomptait passer une soirée avec la faune qui s'attroupait à chaque tablée. Des dizaines et des dizaines de gnomes étaient réunis dans tout le rez-de-chaussée.

— Je propose qu'on renomme cet endroit : La Horde de gnomes boiteux, suggéra Maximilien.

— Pas de folie Max, supplanta Kédéric. On n'est pas là pour se faire remarquer !

— Mouais... Dommage.

— Faudra vraiment un jour que tu nous dises pourquoi tu as cette hantise des gnomes, rappela Clyde.

La Quête de l'AuroreWhere stories live. Discover now