- IV -

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Le service d'Aurore s'éternisait un peu aux yeux de Maximilien. Au bout de quelques heures, il finit par se lasser et demanda si, par le plus grand des hasards, il restait des chambres de libre. Entre deux clients, Aurore le lui confirma par un simple sourire bienveillant et, sans qu'il n'eût à parler davantage, Aurore lui tendit une cordelette usée à la moelle, à laquelle pendait un morceau de bois flotté ainsi qu'une grosse clé vieillie. Avant qu'il ne finisse pas emplâtrer un gnome, Maximilien décida d'aller s'isoler à l'étage.

            Lorsqu'il ouvrit le battant grinçant de la porte de la piaule qu'on lui avait attribuée, Maximilien songea à la dernière fois qu'il avait dormi dans des conditions similaires. Les nuits à la belle étoile s'étaient enchaînées depuis leur grand départ avec Clyde et Kédéric. Balayant la chambre du regard, il estima que même si ce n'était pas le grand luxe, c'était toujours plus que les campements des capsules hoïpoï.

            Le lit ne payait vraiment pas de mine et Maximilien poussa un soupir de jugement en apercevant les brins de paille dépasser de la couche. Il pestait déjà en s'attendant au pire quand il allait devoir régler cette dépense. Las, il se déchaussa en maugréant et s'allongea légèrement à contrecœur. Étrangement, le rembourrage était plutôt confortable et son dos épousa moelleusement la couche. Exténué par sa journée, Maximilien s'endormit sans d'autres sommations, emporté par un torrent de pensées retranchant son aventure jusque là infructueuse.

            Un grincement brisa le silence de la chambre. Maximilien ouvrit brusquement un œil, en prenant soin de garder une posture immobile. En tendant l'oreille, il distingua des bruits de pas étouffés. Dans la plus grande discrétion, il saisit la dague dont il ne séparait jamais pour dormir et attendit patiemment, maintenant tous ses sens en éveil. Puis, tel un prédateur traquant sa proie, il se retourna, se releva d'un bond, passa son bras autour de la tête de son adversaire et serra pour opérer une pression sur la gorge du coupe-jarret qui avait osé troublé son repos.

            — Oh, on va se calmer tout doux ! mugit Aurore effrayée. C'n'est que moi !

            Au son de sa voix, Maximilien se détendit légèrement et desserra son emprise. Aurore se dégagea sans attendre, et lui fit face en se malaxant le cou.

            — T'es pas tranquille toi...

            — Faut aussi être dérangée pour se glisser dans la chambre de quelqu'un de la sorte, renvoya Maximilien.

            — Mouais, pas faux... Je suis venue pour qu'on puisse parler, mais je n'arrivais pas à te réveiller...

            Maximilien restait dubitatif. Si léger était son sommeil, qu'il aurait entendu un murmure dans la nuit avant les bruits de pas feutrés d'Aurore sur le plancher. Il lui retourna son analyse et remarqua dans ses yeux une légère gêne. Méfiant, il lui somma de lui dire la vérité.

            — Bon c'est vrai, j'avoue... commença-t-elle, démasquée. Je voulais te faire peur et voir ta tête... Voir si t'avais changé ou si t'étais toujours comme avant.

            Et elle se fendit d'un sourire éhonté avant de rire aux éclats sans la moindre retenue. Maximilien se trouvait bête. Cette petite farce ratée ne lui avait pas plu et même s'il s'agissait d'Aurore, il ne parvenait pas à dédramatiser ce qu'il venait de se passer.

            — Oh allez, détends toi un peu ! On est peut-être à Shirolite, mais personne ne peut entrer dans l'auberge sans que j'en sois avertie ! Franchement, c'est pas pour me vanter, mais ici, c'est la taverne la plus sûre de tout le quartier ! Et ça, même malgré les gnomes...

            Maximilien se renfrogna et verbalisa son mécontentement à travers un ton incisif :

            — Et sinon, c'est toujours comme ça que tu alertes tes clients la nuit ?

            — Je reconnais bien mon petit Max là, gloussa Aurore. T'as pas changé pour un sous !

            — Toi non plus... bouda-t-il.

            Remis de ses émotions, Maximilien se détendit et accepta volontiers d'échanger avec Aurore. Ils se retrouvèrent au rez-de-chaussée, au comptoir, où ils purent discuter tout le reste de la nuit de leur vie respective et de comment ils en étaient chacun arrivés là où ils en étaient à l'heure actuelle.            

            Maximilien synthétisa ses activités d'aventurier et les principales quêtes qu'il avait accomplies, avec ou sans ses compagnons. Puis parla de la fameuse quête de l'Aurore, qui mettait tout le royaume en ébullition...

            — Tout ça à cause d'une stupide prophétie bien pourrie et de la vanité et cupidité de ceux qui sont prêts à tout pour obtenir ce trésor de mes deux... conclut Maximilien.

            Son récit l'avait dépité... Il ne savait plus trop où il en était. Toutes ses quêtes le rendaient las et la récente dispute avec ses deux meilleurs amis le pesait malgré tout.

            Maximilien fixait le breuvage infect que contenait toujours sa chope et se surprit à plonger son doigt dedans pour y tracer des cercles. Ce geste a priori anodin le détendait. Et puis de toute évidence, il n'arrivait jamais à boire la cervoise qu'Aurore lui avait servie, alors autant que ce liquide brunâtre serve à quelque chose.

            — Et toi alors... Ton histoire ? interrogea Maximilien, curieux.

            — Pouf, si tu savais ! s'esclaffa Aurore en demi-teinte. Mon arrivée ici c'est tout un poème...

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⏰ Last updated: Apr 14, 2020 ⏰

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La Quête de l'AuroreWhere stories live. Discover now