Self Control

Chapitre 4

Après un baiser sur la tempe je la libère. Elle me regarde pleine de rage en se relevant, essuie ses larmes et court hors de l'association. Je peux enfin rentrer chez moi.

*

Le téléphone sonne, Émilie me demandant d'assurer le cours de mardi car elle ne peut être là. J'accepte, je n'ai rien à faire de toute façon ce jour-là. Amandine n'est pas venue à la séance de jeudi dernier, ça ne m'étonne même pas. J'envoie un sms à Bruno pour savoir si après mon cours il peut m'emmener chez mes parents, ils habitent à 30km d'ici mais je n'ai pas de voiture.

"Désolé Karaté Kid, ce soir j'ai rancard avec..."

" Émilie n'est-ce pas?"

"Je ne t'ai rien dit hein"

Dépit total, je vais devoir prendre le TER. Je me rends à l'association plus tôt que prévu. Je ne connais pas ce groupe, il faut que je me renseigne un minimum avant de commencer. D'après ce qui a été dit, nous en sommes au même niveau. Je consulte la fiche et parcours les noms. Évidemment, Amandine y est notée, son numéro de portable est aussi inscrit. Je décide de l'appeler afin de lui signifier que c'est moi qui ce soir assurerai le cours, ça peut lui éviter une mauvaise surprise.

- Allô?

- Bonjour Amandine.

- C'est toi ?

- Ravie que ma voix ait laissé son empreinte dans ton cerveau.

Elle fait mine de ne pas avoir entendu.

- Je me sens bête je ne connais même pas ton prénom.

- Appelle-moi coach. Bref, je voulais simplement te dire que pour ce mardi je remplaçais Émilie exceptionnellement.

- C'est presque gentil de ta part. Mais je ne t'évite pas. J'étais simplement malade ces derniers jours. Je serai là ce soir et jeudi.

- Tu vas suivre les deux ? Ce sera redondant.

- Non je rattrape juste ce que j'ai loupé et je retourne dans le groupe du jeudi.

Un petit silence s'instaure.

- Je peux te demander quelque chose ?

- Hmm ?

- Ça dérange si mon copain est là ?

- Non pas du tout. Tant qu'il n'essaie pas de me refaire le portrait une nouvelle fois.

Cette remarque ne semble pas lui plaire.

- Bref, amène-le.

- Merci.

Je raccroche. Ce n'est pas plus mal qu'il soit là cet abruti. Elle doit penser que j'ai peur de lui. La vérité est que la dernière fois j'étais totalement ailleurs. Qu'il tente quoi que ce soit ce soir et il regrettera d'être né. Vanité ? Non, réalisme. Ce ne serait pas le premier que je fais couiner.

Plus j'y pense et plus je me dis que je vais quitter cette association, cette ville même. J'ai envie de changement, je m'ennuie terriblement actuellement. Je suis sortie marcher un peu puis retourne à mon engagement solidaire... Tu parles ! J'aperçois le petit couple marchant sur le trottoir d'en face. Elle me repère, je trace ce spectacle ne m'intéresse pas. Arrivée, je me change et me présente au gymnase. Personne n'est encore là, j'en entends certaines aux vestiaires, d'autres arrivent à peine.

- Oh ! Bonsoir, ce n'est pas Émilie ce soir ?

- Et non comme tu vois Carine.

- Ça faisait longtemps !