Chapitre 5

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Je n'ai pas envie que ma mère me prenne la tête à me reprocher que je gâche son repas qu'elle prépare depuis des semaines. Je passe brièvement chez moi, mon TER part à 22h, j'ai un peu de temps. Je découvre un énorme hématome sur tout mon flanc droit. Je décide de me mettre un bandage sommaire pour limiter mes mouvements après m'être passé de la pommade à base d'arnica. Ceci fait, je prépare mes affaires en prévoyant bien que je resterai là-bas jusqu'à jeudi après-midi. Un tas d'ahuris puant la sueur, l'alcool ou trop fort le parfum m'encercle dans le train, j'envoie un message à ma sœur pour qu'elle vienne me récupérer à la gare.

"Tu fais chier, tu peux pas venir à pied ?"

"J'ai eu un soucis. stp"

"Quoi? :o"

"Plus tard, je t'attendrai j'arrive vers 22h30"

Je verrouille mon téléphone et écoute de la musique durant le voyage. Enfin arrivée. Elle est là en train de fumer sa clope, toujours aussi nerveuse.

- Te voilà ! Raconte-moi tout !

Elle me prend par la taille ce qui lui vaut d'entendre un râle plaintif de ma part. Elle soulève mon t-shirt et m'observe.

- Que s'est-il passé ? Tu t'es battue ?

- Oui...

- Je t'aime mon petit Warrior !

Je souris, elle sait que je lui en parlerai plus tard et donc n'insiste pas. Elle est simplement géniale comme femme. Elle a un an de moins que moi ce qui lui a valu d'être martyrisée par moi-même et mon ainée quand nous étions petites. Nous sommes tous à table, c'est l'anniversaire de papa mais l'on se croirait au réveillon de Noël. D'ailleurs j'ai toujours pensé que pour ma mère c'était un tour de chauffe avant les fêtes de fin d'année. Il est 23h et le repas débute enfin. C'est très bon, l'entrée achevée je me dis que j'ai assez mangé pour ce soir de plus la douleur se fait de plus en plus vive. Je ne sais combien de temps je vais tenir. Le plat de résistance arrive, je vois ma petite sœur m'observer. Lorsque je la regarde elle me fait rire en enchaînant des mimes et suggestions douteuses. Mes rires ravivent d'autant plus mon mal à la cage thoracique, je sens que je transpire. Pascal à ma droite sort une blague cochonne et me donne un petit coup de coude, je me plie en étouffant un cri.

- Espèce de demeuré ! Gueule Isabelle.

Incrédule, il reste bouche-bée devant sa cousine. Je pouffe malgré le déchirement que je vis dans ma poitrine. J'ai mal nom de Dieu !

- Toi viens avec moi !

- Mes chéries que se passe-t-il ?

Ma mère qui revient de la cuisine pour apporter un énième plat ne comprend pas. Isa lui dit à voix basse qu'elle doit m'emmener à l'hôpital et qu'elles en parleraient plus tard. N'ayant jamais pu résister à la petite dernière elle ne fait pas de commentaire et consent à notre absence. Nous partons, elle me conduit dans sa petite voiture.

- Je t'aurais bien fait une piqûre de morphine mais tu serais devenue accro ! Pas qu'être ton dealer m'aurait déplu mais je prends trop soin de toi pour ça.

- Pas marrant !

- Idiote va. T'allais tenir tout le repas ? En plus qu'est-ce qu'on se faisait chier ! Je veux pas dire mais cet imprévu tombe à point. Je t'emmène dans la clinique où je travaille, ça te va ?

- J'ai le choix ?

- Non.

Son sourire monte jusqu'aux oreilles.

- Je me suis faite attaquer par un "mari" jaloux.

- Bah, il avait qu'à être assez présent pour sa copine c'est pas ta faute si elle a franchi le pas, ce n'est pas une raison pour te frapper de la sorte ! J'espère que tu vas porter plainte !

Je lui explique en détails pour qu'elle ait tous les tenants et aboutissants car elle se méprend légèrement sur ce qu'il a pu se passer. Elle s'arrête sur le bas-côté.

- Sérieux ? Tu stopperas quand d'inventer des jeux pourris ? Ça me rappelle la fois où tu t'étais déguisée pour faire peur à Jean. Ahah pauvre gamin et toi... Toi! Pouah j'en pleure encore de rire, tu lui courrais après sans t'arrêter, déguisée en sorte de psychopathe à la « Saw ».

À ces souvenirs et la voyant rire de plus belle je la rejoignais sans répondre à la question et en me maintenant les côtes.

- Bref, ça m'a passé l'envie de faire ce genre de conneries ce soir.

- Et elle ? Tu penses qu'elle aime ?

- Elle revient donc probable mais je crois qu'elle a simplement quelque chose à prouver.

- Elle te plaît !

- Elle est pas mal oui.

- Tu me la montreras ?

- Si tu veux, t'es là jeudi ?

- Yes ! J'ai hâte. Regarde comme l'unité de radiologie t'attend.

Joyeuses de partager ce moment malgré les conditions, nous entrons dans la clinique, elle me fait passer devant tout le monde. Bilan, deux côtes fêlées, c'est déjà mieux que cassées.

- Bon tiens Pounichou, antalgiques et décontractant musculaire.

- Pas de bandages ? Et je prends tes trucs pendant combien de temps?

Elle m'explique que dans mon cas il n'y a pas besoin de bandage et que ce n'est réservé qu'aux films ce genre d'aberrations. Je dois prendre le traitement tant que j'ai mal et qu'il faut compter au moins trois semaines avant de guérir.

Self ControlWhere stories live. Discover now