Chapitre 37

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Harry était assis à la table de la salle commune vide des Gryffondor, une plume à la main et un morceau de parchemin. Il tentait de raconter à Hermione ... Il essayait de trouver les mots justes. Mais rapidement il se rendait compte que cette lettre était plus une confession intime que le récit de sa soirée. Il posa sa plume. Il laissa son regard se perdre dans les flammes qui dansaient dans la cheminée.  Il n'avait aucune envie d'écrire tout ça à Hermione, cependant il se rendait compte que ça lui faisait du bien de mettre tout cette confusion par écrit. Il mit de côté le parchemin qu'il était en train d'écrire, pour en prendre un vierge qu'il commença à noircir avec ardeur.

Après presque une heure d'écriture ardente, à raturer recommencer reprendre jeter réécrire, il scella le parchemin, le mit dans la poche de sa robe et sortit de la tour. Il avait le cœur un peu plus léger, d'avoir écrit ainsi. C'est en sifflotant qu'il se dirigea vers les cuisines. Cela faisait très longtemps qu'il ne s'était pas senti si peu oppressé. Comme un bouffée d'oxygène, provisoire il le savait, mais bel et bien présente. Lorsqu'il arriva devant le tableau de la corbeille de fruits, il chatouilla la poire puis pénétra dans les cuisines. 

- Dobby ! Intercepta-t-il.

L'elfe de maison, peu habitué à voir son héros dans les cuisines, s'arrêta net et lui tendit le plus hideux des sourires sincères. Dobby un pull rouge tricoté par Mme Weasley avec un grand H jaune... c'était un pull que Harry lui avait donné l'année dernière  en cadeau de Noël. Bien que rétréci magiquement, le pull tombait jusqu'en bas des jambes, seuls ses petits pieds couverts de chaussettes beaucoup trop grandes dépassaient. 

- Harry Potter, monsieur ! Qu'est-ce que Dobby peut faire pour vous ? Avez-vous une petite faim, Monsieur ? demanda-t-il en sortant déjà une montagne de gâteaux et autres confiseries.

- Non, Dobby, non merci, déclina Harry avec un geste de la main, je suis venu te demander si tu pouvais me rendre un petit service.

L'elfe de maison trépigna d'excitation à l'idée d'être utile au Sauveur, à son libérateur. Ce qui fit sourire le jeune Gryffondor. Décidément Dobby était un allié précieux, il suffisait de le guider dans sa bonne volonté. Harry s'approcha donc de lui, en sortant le parchemin de sa poche et commença à expliquer à Dobby ce qu'il attendait de lui.

***ShShShShSh***

L'infirmerie était absolument vide en ce début de vacances. Severus Rogue était allongé sur un des nombreux lits disponibles, l'infirmière penchée sur lui. 

- Ne bougez pas tant, Severus ! Laissez-moi vérifier la mobilité de vos sutures ! Le réprimanda la médicomage.

Le potionniste n'aimait pas qu'on s'occupe de lui. Il se sentait embarrassé d'être l'attention de quelqu'un, et encore plus lorsqu'il se trouvait en état de faiblesse. 

- Et arrêtez de râler ! Vous savez que c'est la première fois que j'effectue ces gestes médicaux moldus, alors si vous ne restez pas tranquille je vous stupéfix pour avoir la paix ! Le menaça-t-elle.

L'infirmière semblait maladroite avec la lame d'ablation de suture dans les mains. A dire vrai, elle trouvait les méthodes moldues extretrêmement risquées. Elle n'aimait particulièrement pas manier ce genre d'instrument. Un faux pas, une main qui tremble... et c'était le désastre. Elle tentait tant bien que mal de calmer son angoisse de mal faire, sous les yeux implacables du maître des potions. Malgré son âge, Pompfresh se sentait toujours impressionnée par le potionniste. Elle l'avait connu dès son arrivée à Poudlard et le jeune Severus avait déjà la maturité  propre à celle d'un enfant maltraité. Elle lui avait toujours connu ce masque dur, exigent et froid. Elle ne l'avait vu se fissurer qu'en de rares occasions. Mais elle était une des rares personnes à en avoir été témoin, de ce fait une des rares personnes à savoir que tout ce mépris n'était qu'une carapace, quasi inébranlable certe, mais une façade tout de même.

Elle retira la dernière suture les mains moites. Elle posa le dernier petit fil, et ses instruments médicaux avec un soupir de soulagement. Enfin ! Enfin, c'était fini et elle avait réussi à tout enlever sans blesser l'homme sous sa lame. Severus lui-même  eut un souffle de relâchement. Hermione avait vraiment fait un excellent travail, les cicatrices laissées sur la peau d'albâtre du professeur étaient d'une finesse exceptionnelle bien que fort rouges. Mme Pompfresh eut un sourire satisfait.

- Vous pourrez dire merci à Miss Granger, Severus, lança-t-elle enjouée du résultat.

- On y pensera, répondit sombrement le potionniste.

La médicomage sortit de la pièce pour revenir rapidement avec un pot violet. Le maître des potions souleva un sourcil.

- C'est un baume cicatrisant, précisa la médicomage.

- Merci bien, je suis celui qui vous fourni vos baumes, lotions et potions ! 

L'infirmière gloussa un instant, poussée par l'euphorie de la bonne cicatrisation du professeur. Elle se saisit d'un petit miroir à main qu'elle avait préalablement posé sur la table de chevet près du lit, pour le tendre à l'homme qui ne semblait pas se rendre compte que son visage ne serait plus visiblement mutilé. Mais ce dernier, l'air encore plus sombre qu'à son habitude, repoussa rudement le bras de l'infirmière tenant le miroir et sortit du lit.

- Merci pour vos soins, lui dit-il un peu trop froidement pour être réellement sincère.

Il sortit de l'infirmerie dans un mouvement de robes dont il avait le secret.

***ShShShShShSh***

La Grande Salle était redécorée aux couleurs de Noël. Un magnifique et immense sapin se dressait fièrement au fond de la salle, les branches chargées de petites chandelles magiques. Tout autour de la salle flottaient des sapins de taille beaucoup plus modeste que celui qui trônait derrière la table des professeurs. Au plafond, des étoiles scintillantes, des bougies, des noeuds, des fées, des sucres d'orges pendaient magiquement. 

Harry était toujours émerveillé devant ce décor enchanteur. Il s'avança dans la Grande Salle pour se diriger vers la seule et unique table dressée pour les professeurs et les élèves. Il jeta un regard sur l'ensemble de la tablée : deux élèves uniquement étaient restés à Poudlard pour les vacances de Noël. Drago et lui-même. Les deux ennemis de toujours. Harry se demanda pourquoi le riche Malefoy ne passait pas Noël dans son grand manoir avec sa riche famille. Il nota rapidement que le blond ne semblait pas ravi d'être là.

Albus Dumbledore siégait à la place centrale. A sa gauche Minerva Mac Gonagall, à sa droite... une place vide. Certainement celle de Rogue. En bout de table  Hagrid s'imposait, déjà euphorique d'avoir bu quelques bièraubeurres pour fêter les vacances. Le Gryffondor adressa un sourire aux professeurs Flitwick et Chourave qui lui souhaitèrent un joyeux Noël. Le jeune brun s'installa à la place face à celle de Dumbledore.

- Harry, quel plaisir de t'avoir à notre table ! lui lança le professeur Dumbledore les yeux pétillants.

Le brun qui était assis près de Malefoy lui rendit un grand sourire, contrastant avec l'air renfrogné du blond. 

- Albus, êtes-vous sûr qu'il va venir ? demanda le professeur de métamorphose qui commençait à s'impatienter.

- Oui Minerva, j'y compte bien ! répondit le directeur toujours enthousiaste.

A ce moment-là, la porte s'ouvrit brusquement attirant tous les regards. Harry esquissa un sourire, ne pouvant s'empêcher de penser que Rogue ne pouvait pas entrer dans une pièce avec discrétion. L'homme n'avait fait aucun effort vestimentaire, il portait son éternelle robe noire qui volait constamment autour de lui lorsqu'il bougeait un peu trop vivement. Il ne semblait pas du tout sensible à la décoration, ni à la magie de Noël. Et pour cause : Severus détestait Noël.  Il s'isntalla sans un mot près du directeur.

Mac Gonagall se pencha un peu en avant pour lui faire face. 

- Pas la peine de vous excusez de nous avoir fait attendre, cher collègue, lança-t-elle caustique.

Le visage de Severus se crispa. Il sortit sa baguette d'un geste brusque. Harry retint son souffle, pensant stupidement que le maitre des potions allait s'attaquer à la directrice des Gryffondor. Il lança un "tempus" pour que l'heure apparaisse devant chacun.

- 18h59 ! De quoi vous plaignez-vous ? Je suis encore en avance ! 

Ça aurait pu sonner comme une blague. Mais dans la bouche du potionniste ce n'était ni plus ni moins qu'une défense. Le Survivant soupira : le repas allait être long, très long.  

Le jour d'aprèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant