Chapitre 57

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A peine avait-il quitté les appartements du Serpentard, que la colère de Harry retomba pour laisser place à une profonde tristesse. Il marcha longuement dans les couloirs du château n'ayant aucune envie de retourner dans sa tour où personne ne l'attendait. Il se dirigea vers le seul endroit du château où il pouvait trouver un quelconque apaisement. L'endroit où, au cours  de sa première année au château, il était monté en compagnie de ses inséparables amis pour permettre à Charlie de venir chercher Norbert, le dragon de Hagrid : la tour d'astronomie.

Il se laissa glisser le long du parapet de pierre. Assis à même le sol, il regarda le ciel où la nuit et le jour se battaient pour prendre possession du ciel. Il sentit les larmes couler sur ses joues, sans même avoir remarqué les picotements propres aux pleurs. La tête rejetée en arrière, il laissa toute la tension, toute la frustration, tout le remord s'évacuer. 

Alors que l'astre solaire gagnait provisoirement sa bataille pour le jour, une ombre allongée arriva près du Survivant. 

- Je savais que je te trouverai ici, Harry, dit le directeur en s'arrêtant près du garçon encore assis.

- Cette immensité me permet de relativiser ce qui se joue autour de moi... tenta d'expliquer le Gryffondor.

Dumbledore marcha lentement le long des créneaux qui paraient la tour. Lui-même aimait venir ici pour pouvoir réfléchir sereinement, la nature était toujours source d'inspiration. 

- Je te croyais dans les appartements du professeur Rogue ? dit malicieusement Dumbledore.

Il savait parfaitement ce qu'il s'était passé au sein de son château, mais il n'avait pas envie que Harry se formalise de cette surveillance incessante.  Il jugerait par la même occasion du besoin de l'élève à vouloir se confier ou juste un besoin de présence.

- Je crains que le professeur Rogue n'ait plus aucune envie de ma présence dans ses appartements... finit par répondre le Gryffondor amer après de longues minutes de silence.

- Je vois... 

Albus laissa le temps au plus jeune de choisir ses mots pour expliquer ce qu'il voulait lui livrer. Il continua à se promener doucement sur le toit de la tour, s'arrêtant par instant pour savourer toute la beauté de la forêt interdite par cette saison hivernale.

- Je voulais juste savoir ce qu'il s'était passé pendant cette réunion, sanglota le rouge et or.

- Ainsi, tu t'es disputé avec le professeur Rogue car tu voulais des détails sur la réunion menée par Tom Jedusor ? résuma le vieil homme.

Harry hocha timidement la tête, pour confirmer ce que disait le directeur. Il était à présent totalement honteux de la scène qu'il avait faite à son compagnon. Mais être tenu à l'écart de cette façon l'avait mis dans une telle colère.

- Harry en le choisissant , tu n'as pas choisi le compagnon le plus facile. Ce cher Severus est un homme secret, il n'est pas démonstratif, il n'est ni aimable ni courtois... mais il est loyal et sincère. Tu ne trouveras pas homme plus dévoué à ta cause...

Le jeune garçon allait interrompre le directeur, mais ce dernier lui fit signe de le laisser parler et de l'écouter jusqu'à la fin.

- Severus risque sa vie à chaque instant pour fournir des informations à l'Ordre du Phénix, continua-t-il. Aller à ces réunions est une double peine pour lui : la réminiscence de ses fautes passées en plus du risque qu'il prend. Nous attendons de lui qu'il fournisse les informations pour que nous puissions contrer Tom Jedusor, pour le reste cela ne nous concerne aucunement. Cependant, je peux t'assurer que rien de joyeux ne peut ressortir de ces rassemblements. Tom n'a jamais été ... complaisant... si j'ose dire avec ses ennemis, et encore moins avec ses partisans dont il exige la preuve d'une loyauté sans limite.

Harry hoqueta sous les révélations de Dumbledore.

- Croyez-vous ... qu'il a ... été ... torturé ? demanda le Survivant frémissant.

- Qu'il a été, est et sera, Harry, oui j'en ai bien peur... répondit le vieil homme avec une grande compassion. Severus a toujours gardé soigneusement pour lui,  toutes les blessures que la vie lui a infligées. De la même façon dont tu refuses de te confier sur la maltraitance des Dursleys...

- Je n'ai nul besoin qu'on me plaigne, j'ai seulement besoin qu'on reste près de moi juste par envie... et pas par pitié... rétorqua le brun amer.

- Tu lui ressembles tant, mon garçon... tant.... finit le directeur en retournant vers lui.

Il tendit une main au garçon pour l'aider à se relever. Il n'avait aucunement besoin d'expliquer au Gryffondor ce qu'il attendait de lui.  Le Survivant n'avait qu'une idée en tête, retrouver le potionniste. Le directeur accompagna donc le jeune homme jusqu'aux cachots, pour intimer l'ordre au fondateur de Serpentard, d'autoriser l'accès aux appartement du professeur qui devait probablement somnoler.

Dumbledore fit pénétrer le jeune homme sans le suivre. Il lui fit un signe de la tête, pour l'encourager du mieux qu'il put et se retira. Le jeune Gryffondor s'avança un peu plus dans le salon, n'ayant pas encore aperçu son compagnon. Il pensa soudainement que l'homme s'était couché. Alors qu'il se dirigeait vers la chambre, il aperçut un verre tombé au sol. Dans le haut fauteuil de velours vert, Rogue était là endormi. Le visage crispé dans son sommeil. Exactement de la manière qu'il imaginait son horrible professeur pendant ses 6 premières années d'études. Pour lui, l'abominable sadique des cachots ne pouvait sourire, ne pouvait exprimer autre chose que de la rancœur jusqu'à ce qu'il le surprenne un soir de novembre l'âme en peine dans les couloirs du château. 

Harry s'agenouilla devant le potionniste encore endormi, et posa sa tête sur ses genoux. Il se passa quelques minutes avant que le poids de la tête hirsute ne réveilla l'homme. Instinctivement, il laissa ses doigts jouer entre les mèches brunes du plus jeune. Il releva la tête vers son aîné et plongea dans les orbes noires. 

- Je suis désolé, commença Harry.

Le maître des potions posa un doigt sur les lèvres charnues du jeune homme pour lui demander de se taire. Par ce geste, il balayait le différend qu'ils avaient eu quelques heures plus tôt en y mettant un terme définitivement. Il signifiait aussi qu'il ne reviendrait pas en arrière : jamais il ne raconterait le déroulé des réunions de mangemorts, ni à Harry, ni à Albus, ni à qui que ce soit d'autre. Harry l'accepta silencieusement, sans émettre aucune protestatation.

L'homme se pencha pour attraper la main du plus jeune et l'amener à s'asseoir sur ses genoux. Le Gryffondor se laissa faire ravi. Une fois à califourchon sur les cuisses de son compagnon, l'homme l'encercla de ses bras et le serra fort contre lui. Si fort que Harry eut presque du mal à respirer. Le baiser qui suivit fut si passionné qu'il fut difficile d'éteindre le feu qui les animait.


Le jour d'aprèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant