Chapitre 1:

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Le "dring" incessant et assourdissant de mon réveil me sort de mon sommeil. Avec un geste lourd, je le prends pour le lancer au mur avec violence. Le bruit se coupe d'un coup, apaisant alors le supplice de mes pauvres oreilles. Je soupire en me mettant sur mon dos, je tourne la tête vers ma fenêtre aux rideaux fermés en expirant bruyamment, un mince rayon de soleil passe à travers la petite ouverture entre les deux tissus. Il a l'air de faire beau aujourd'hui, un temps à aller promener avec des amis.

J'oubliais. Je n'ai pas beaucoup d'ami... Hormis Cassidy, mon amie d'enfance que je ne vois jamais à cause de nos deux boulots qui nous prennent tout notre temps. Je me nomme Gabrielle Florès, j'ai 27 ans, je vis dans le centre-ville New-Yorkais à quelques pas du poste de police où je travaille en tant qu'inspecteur de la brigade criminelle. Je traque les tueurs en série et les malades du ciboulot si vous voulez. Ma vie n'est faite que pour ça, levé, manger, travail, douche, dodo. Ce cycle est la routine de ma vie depuis trois ans... Depuis ma première enquête, depuis que je l'ai vu mourir.

Je secoue la tête pour immédiatement chasser ces horribles souvenirs de mon esprit. Je me lève alors péniblement de mon lit pour me rendre dans la salle de bain d'un pas traînant. Je me place devant le miroir et je contemple mon reflet quelques instants, mes cheveux courts et bouclés retombent sur mon front délicatement, mes yeux bruns sont cernés et mon teint basané montre que mes origines sont péruviennes. Je soupire en fermant les yeux avant d'ouvrir le tiroir et saisir ma boite de Lexomil, une prescription de mon psychiatre pour m'éviter les crises d'angoisse et de nerfs.

J'ouvre la boite, la secoue pour faire tomber un comprimé que je lance pratiquement dans ma bouche. Je referme la boite, je la range et je remplis le verre qui sert principalement à rincer ma bouche lorsque je me brosse les dents. Je prends une grande gorgée d'eau pour avaler le médicament sans difficulté puis je respire un grand coup en fermant les yeux.

- Tout va bien se passer Gab'... Respire un coup, ce n'est qu'une journée comme les autres.

Facile de se dire ça alors qu'à tout moment je peux être confronté à des psychopathes sans scrupules qui n'hésiteraient pas à me tuer sans le moindre état d'âme. Pour l'instant je n'ai pas à me plaindre, les affaires concerne que des criminels "basiques" dans le genre violeurs, mère qui tue son enfant, féminicides ou encore homicide. Je n'ai plus eut d'affaire concernant un quelconque tueur en série. Après, mon chef le fait peut-être exprès pour ne pas trop me brusquer après ce qu'il s'est passé la première fois que j'y ai été confronté.

Heureusement que les anxiolytiques sont là, sans ça, en ce moment même, mon rythme cardiaque se serait accéléré au moment même où ces souvenirs me seraient revenus à l'esprit. J'inspire un grand coup avant de me rafraîchir et d'enfiler des vêtements convenables afin de me rendre au poste. Une chemise de couleur foncé, un jeans slim taille haute et des chaussures classiques à lacets. Tout dans la simplicité.

Avant de sortir, je prends un petit en-cas et j'enfile mon trench beige. En sortant, je ferme la porte à clés pour ainsi partir un peu plus sereine. J'arrive au poste avec 5 minutes d'avances, à peu près comme chaque jour maudit de travail, je suis saluée par beaucoup de collègues mais je leur réponds que d'un simple signe de tête, je n'aime pas beaucoup le contact social avec les autres, je suis fort réservée et très froide en temps normal ce qui agace mes proches comme ma mère ou ma soeur.

J'arrive à mon bureau, mon équipier est là, assit sur une chaise. Il s'appelle Richard Handson, mais je l'appelle Ricky, nous travaillons ensemble depuis trois ans. C'est le cliché du gentil flic, rasé de près, les cheveux bien coiffés, toujours bien habillé et très poli, tout le contraire de mon ancien équipier, Sergio Mendez qui était un vrai bourru qui fonçait dans le tas, d'ailleurs, je crois qu'il a déteint sur moi.

- Salut Gab'. Comment tu vas aujourd'hui?

- Je suis en vie... Et toi?

Mon équipier sourit comme jamais.

- J'ai fais ma demande à Alyssia!

Je prends un air faussement surprit.

- Ah bon? Verdict?

- Elle a dit oui!

Je le félicite brièvement. Il en parle depuis un moment de faire sa demande en mariage et voilà qu'il s'est jeté à l'eau. Je ne comprends pas l'utilité de vouloir être uni à quelqu'un jusqu'à la fin de sa vie. On dirait que c'est un besoin vital pour les gens d'être avec quelqu'un. Moi, je préfère largement rester seule.

Je m'installe derrière mon bureau, regardant les dossiers qui m'ont été attribué. Un homicide involontaire. Pourquoi pas? Nous devons récolter les aveux et ensuite rédiger le rapport d'enquête... La journée va être longue je le sens.

***

Je quitte le poste, cette journée est passée bien plus vite que je ne l'avais imaginée, j'ai bouclé l'affaire de l'homicide involontaire et entamée un infanticide. Les humains peuvent être tellement cruels. Comment peut-on tuer son propre enfant? Parlez de ce genre de choses à ma mère et elle vous fait un scandale qui dure trois heures. Ma mère est incapable de nous faire du mal... Par contre elle est capable de tuer et enterrer le premier qui osera toucher à un seul de nos cheveux.

Une brise fraîche me fait frémir, je resserre ma veste sur moi et accélère le pas pour rentrer chez moi plus vite. Je tourne dans la ruelle que je prends d'habitude autant pour aller au poste que pour en revenir et je remarque alors quelque chose d'inhabituel en face d'une benne. Une masse foncée qui n'était pas là quand je suis passée ce matin. Je m'arrête et je fronce les sourcils. Un long râle retentit et semble venir de cette masse poilue. Ce râle est semblable à un miaulement de chat, un miaulement d'agonie. Je m'approche doucement de ce qui me semble être un chat. Celui -ci relève la tête, ses yeux brillent dans la pénombre de la nuit. Un long grognement émane de lui alors que j'approche ma main. Il crache et fait un mouvement faible avec sa patte avant puis il laisse retomber sa tête. Il semble affaiblit, il est crasseux, ses poils noirs un peu longs sont pleins de noeuds et sa respiration est faible.

Je ne peux pas laisser cette pauvre bête ici à agoniser... Je prends alors le chat dans mes bras malgré ses grognements et je le serre contre moi pour l'entourer de ma veste et essayer de le réchauffer le plus possible le temps d'arriver chez moi.

Resurrection's languageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant