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Une fois de plus je marchais à travers ses étudiants que je répugnais, je traçais mon chemin fictif entre leur présence si insignifiante et je m'enfonçais dans cet établissement scolaire qui en contenait davantage. J'étais entouré d'adolescents identiques, sans personnalités qui cherchaient seulement à se démarquer en écrasant les autres pour des raisons puériles. Je détestais cet endroit à cause d'eux, eux qui me jetaient des insultes au visage, qui me frappaient pour des motifs incompréhensibles, qui souhaitaient ma disparition immédiate. Je ne comprenais pas le dernier point, pourquoi voulait-on que je parte tandis que je n'avais jamais parlé ou encore démontrer une présence concrète? Outre celle d'un garçon fantomatique? Ils étaient vraiment idiots. L'unique raison pour laquelle on réclamait mon départ était dû à ma personnalité renfermée ainsi qu'étrange à leur regard vide d'une once d'intelligence. Du moins c'était ce que j'avais conclu après un moment d'observation. Observer...
L'activité qui n'en était pas vraiment une que je préférais le plus faire lorsque je me retrouvais dans le monde moderne. Observer l'agissement de la société, observer comment elle fonctionnait, observer les expressions humaines, observer tout. Néanmoins, ce n'était jamais pendant des heures, car après un certain temps, un sentiment désagréable m'envahissait et je courrais sur le chemin de ma maison, m'enfermant entre les murs de ma chambre. Souvent, c'était à cause de lui que mon environnement commençait à me faire suffoquer, à me faire paniquer. Il me parlait, échangeant des paroles amicales à mon l'oreille. Sa voix me relaxait pendant quelques minutes, mais lentement elle devenait mesquine, me chuchotant des phrases vicieuses emplit de malice. Ses mots innocents se transformaient en un discours méchant visant ceux que je détestais. Il était incapable de rester gentil et calme. Il basculait toujours dans l'agressivité, faisant preuve d'antipathie et d'aigreur. « Pourquoi me reproches-tu les caractéristiques que tu possèdes? » Me répétait-il sans cesse quand je le contredisais. Je me bouchais les oreilles lorsqu'il prononçait une autre fois cette phrase. Je ne voulais jamais lui donner raison, je ne voulais jamais m'avouer que j'étais comme lui, je ne voulais pas croire qu'on se complétait.

- Bon matin Jinyoung. Fit une voix masculine à côté de moi.

C'était lui. Je ne prenais même pas la peine de me détourner, connaissant sa voix par cœur. De sa manière de parler à ses intonations les plus bizarres. Notre rencontre remontait à il y avait deux ans, lorsque j'avais seize ans. Ce jour où il surgit d'une vision perturbante, devenant mon unique ami. Il me lisait facilement tels les pages ouvertes d'un roman pour enfant.

- Tu comptes m'ignorer encore longtemps? C'est à cause d'hier? Tu ne digères toujours pas que j'ai eu le dernier mot dans notre différent? Continua-t-il d'un ton amusé par ma frustration encore présente.

Je savais qu'il était là, continuant à marcher à mes côtés, un sourire nonchalant collé sur son visage attrayant, lui et ses long cheveux noirs, lui et ses yeux de chat, lui avec son menton ainsi que son nez finissant dans une douce pointe, lui et son piercing, lui et ses larges épaules, lui et son style décontracté, lui et sa foutu attitude désinvolte que j'appréciais autant que je révulsais.

- Jinyoung-ah...M'interpella l'ébène en passant sa main devant mon regard stoïque.

- À plus tard Jaebeom. Dis-je sèchement en pressant le pas, tandis qu'il soupirait en s'arrêtant. Je l'avais devancé et je me trouvais débarrassé de sa personne pour un temps indéterminé, car il revenait toujours à la charge.

°°°

Jaebeom n'était pas revenu me voir depuis ce matin, je l'avais probablement froissé. Il était parfois très sensible et se fâchait pour un rien. L'ébène avait carrément un caractère de femme ménopausée. La dernière cloche de la journée venait de retentir, créant un brouhaha d'élèves pressés de partir loin d'ici pour moins de vingt-quatre heures. Une fois le chahut atténué, ce fût mon tour de passer les portes de l'établissement. La fraîcheur du soir prématuré de l'automne avancée me caressait le visage, le ciel avait une couleur plus sombre, puisque les journées s'écourtaient, le soleil disparaissait tranquillement pour laisser place à son opposé d'une lueur blanchâtre qui me fascinait.

𝐃𝐄𝐌𝐎𝐍 | 𝐣𝐣 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐜𝐭Where stories live. Discover now