Au bout des rênes

CHAPITRE 14 - Victoires et déceptions

Le réveil a été on ne peut plus dur. Je n'ai pas trop bu hier en prévision de la journée, mais rien n'empêche mon mal de crâne. Et ça doit être encore pire pour Matthieu et Sandrine. Mon cousin n'est pas le genre à boire pour rien, il lui faut toujours une bonne raison, mais quand il s'y met, il le tient et ne peut pas s'arrêter tout de suite. Enfin, peut-être que ça permettra à Camille de gagner son épreuve aujourd'hui, puisqu'ils concourent tous les deux dans la Pro Elite.

Henry fera le groom pour ma sœur, donc je n'ai pas à m'occuper de Jewel, et Matt ne laisse personne toucher son cheval, donc aucun des deux grands champions ne sera sous ma responsabilité. Je dois m'occuper de Very, que Basile sort dans l'Amat 2, et de Vicomte, que Camille veut tester dans la Pro 1.

L'Amat 2 est dans la mâtinée, donc je panse les deux chevaux, pour ne pas avoir à tout refaire pour Vic. Je selle la jolie jument et l'amène devant le paddock. Elle regorge d'énergie, et la reconnaissance vient juste d'ouvrir, alors je décide de la travailler un peu au pas, en dehors du paddock. Basile me passe son casque et me fait la courte pour m'aider à monter. Elle n'y paraît pas comme ça mais elle est grande cette jument.

Je la distrait avec différents exercices qui n'ont pour but que de la mettre en place et calmée, posée sur son mors. Je continue ce travail quand Basile arrive. Il observe la jument pendant qu'elle joue avec son mors, et ne remonte dessus que quand il est appelé à la porte du paddock. Il continue le travail de décontraction, mais passe rapidement au trot. Il détend plus rapidement au galop, mais la jument a évacué son trop plein d'énergie.

C'est Irène qui lui met les barres, encore une fois. Mathias est partit avec Camille et Matthieu, pour la reconnaissance de la Pro Elite. Elle a exactement le même parcours que la Pro 1, à l'exception d'un vertical reconverti en oxer, et quelques difficultés supplémentaires mais le même tracé.

Le parcours de l'Amat 2 est gros, mais sans piège, hormis un gros vertical de palanque, à défaut d'avoir le mur. C'est la seule chose que nous redoutons : Very n'aime pas le fait de sauter à l'aveugle, sans voir l'autre côté de l'obstacle. Elle avait l'habitude de s'arrêter sur les murs avant que nous la récupérions.

Pendant sa détente, elle est énergique. Elle ne cherchera pas à soigner toutes ses courbes et son tracé, elle veut faire un chrono. Et tant mieux, Basile se débrouille bien mieux en vitesse qu'en délicatesse.

Les premiers concurrents font de beaux tours, beaucoup de sans fautes, donc seul le chrono va les départager.

Je m'installe en bord de carrière, avec Adèle et Mallory. Nicolas se prépare pour son dressage, mais il ne veut pas que je vienne. C'est compréhensible, nous n'avons absolument pas le même fonctionnement sur le dressage. Et il faut dire que je l'ai un peu saouler l'année dernière sur ses championnats... Donc il refuse catégoriquement que je l'assiste à la détente. Axelle m'a assuré qu'elle prendrait son tour, donc je pourrais quand même voir sa prestation.

Adèle n'a toujours pas reparlé d'hier, mais je sais qu'elle est maintenant avec Basile : ils ont passé la nuit ensemble, je ne vous fait pas de dessin. Mallory est en forme aujourd'hui, mais elle a un mauvais pressentiment. Et ses ressentis se révèlent souvent juste, alors moi aussi je stresse un peu. Espérons juste que ça n'arrive pas sur le tour de Basile et Very.

Ils sont appelés en piste. Very est toute fermée, et ce n'est pas Basile, ses rênes sont presque flottantes. Le départ leur est donné, ils partent sur le premier au petit galop. Même pas une foulée avant la battue, Very se grandit et s'ouvre complètement. Elle fait un petit saut, mais n'embarque pas la barre. Elle est enfin lancée, et prête à en découdre. Comme hier, Basile ne s'occupe que de la direction, les rênes quand même plus tendues qu'avec Ares. Il ne fait pas autant confiance à la jument qu'à son bai brun.