14- Avenir

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« Vingt et une heure, au clocher »

Le message est court et froid, mais ce n'est pas dans mes projets de me disputer avec Amanda. Je lui ai envoyée ce message dans l'espoir qu'on se réconcilie. Depuis que j'ai vu sa lanterne depuis le champ, la culpabilité me ronge. Je comprend qu'elle se soit énervée l'autre soir. Elle était venu pour que je la réconforte, et je n'ai fait que lui prendre la tête avec le plan, en esquivant les sujets sensibles. Tel que nos relations respectives avec nos pères.

Je soupire de frustration et croise les bras sur ma poitrine. La température est aussi basse qu'hier au champ. Le ciel est sombre et les rues désertes. Un vent frais s'abat sur ma nuque dégagée, et je serre les dents. Si Amanda n'arrive pas d'ici deux minutes, je rebrousse chemin.

Un bruit de pas derrière moi me fait sursauter, et je percute le mur en pierre de l'église. Il est gelé. Amanda apparaît, les mains dans les poches et le visage fermé.

-Salut.

-Salut.

Elle s'arrête à quelques mètres de moi. Ses yeux me scrutent silencieusement tandis que je baisse les miens vers mes chaussures.

-Qu'est-ce que tu voulais me dire qui ne pouvais pas attendre demain matin ?

J'hésite à répliquer que, c'est elle-même qui m'interdit de lui adresser la parole au lycée.

-J'ai pensé que c'était l'endroit approprié pour discuter.

Elle lève la tête vers le sommet et se pince les lèvres. De peur qu'elle ne me repousse, je fais un pas vers la porte où nous sommes passées la premières fois et ajoute :

-Qu'est-ce que tu en dis ?

Elle acquiesce doucement et ouvre la porte. Nous traversons le vestibule dans l'obscurité, et machinalement, Amanda trouve la poignée et ouvre la porte donnant sur le déambulatoire. L'atmosphère est lugubre, et me fait froid dans le dos. Les bougies sont éteintes et la température encore plus froide qu'à l'extérieur. Amanda se dirige vers la même gargouille que la dernière fois, et la soulève pour découvrir la clé.

Elle l'insère dans la porte qui donne sur la tour de croisée, que nous montons en silence puis elle ouvre la trappe. Elle se hisse en l'air et me tend sa main, que j'attrape avec réticence. J'évite la cloche où je manque de me cogner comme la première fois, mais cette fois Amanda ne rigole pas.

Elle s'accoude au muret et contemple la ville. Je limite et la froideur de la pierre me fait me redresser. Mes yeux se posent sur le champ, en dehors de Mendley. Sans les maisons éclairées, l'endroit où nous avons lâchés nos lanternes est invisible. Mais à défaut de nous avoir vu, nous, elle a vu nos lanternes. J'en suis certaine. Elle confirme mes doutes en prenant la parole.

-C'était bien ?

-J'aurai préférée passer la soirée avec toi.

-Vraiment ?

Sa question est sarcastique.

-Oui.

-Qu'as-tu appris ?

-Est-ce qu'on peut parler de nous, d'abord ?

Elle tourne la tête vers moi. Ses joues sont rosies par le froid de Novembre.

-Pour dire quoi ?

-Pour qu'on puisse s'expliquer, Amanda.

Elle soupire et se pince l'arrête du nez.

-Libère ta conscience et dis-moi ce que tu as à me dire, alors.

Son ton est froid et ses yeux perçants. Je détourne les yeux vers la forêt. Les bois sont sombres et s'étendent sur des kilomètres.

Coup Monté (terminé)Where stories live. Discover now