Chapitre 5

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Léonie

     Il y a certains matins où j'ai beau tout faire pour me dépêcher, je n'arrive pas à être à l'heure. Et aujourd'hui est un de ces matins. Mon père s'est levé en retard et comme il est censé me conduire au lycée, c'était déjà mal parti. Néanmoins, il s'est dépêché et ma sœur, pour une fois, était prête à temps. Sauf que je ne trouvais plus mon devoir de littérature, enfoui sous le bordel de mon bureau. Ensuite, une fois le fameux devoir retrouvé, plus moyen de savoir où j'avais mis mes clés.

Tout le monde était donc en retard à cause de moi. Résultat, je me retrouve à courir dans les couloirs comme une dératée, priant pour que la prof de philo n'ait pas encore fermé la porte. C'était sans compter sur ma chance désastreuse des derniers jours ; la porte se referme alors que je suis au bout du couloir. Une fois devant, je m'arrête un instant pour reprendre mon souffle et me préparer à affronter les regards de toute la classe. Lorsque j'abats mon poing sur la porte, mon cœur tambourine dans ma poitrine. C'est Mme Hochard elle-même qui m'ouvre, ses yeux lançant des éclairs.

— Vous êtes en retard Léonie.

Sans blague. Je me dépêche de gagner ma place, la tête baissée car je sens le rouge me monter aux joues. Mais, évidemment, la prof ne s'arrête pas là.

— Il me semble que vous étiez absente jeudi dernier. Vous avez un billet d'absence à me montrer afin d'autoriser votre présence dans cette salle ?

Je suis en plein cauchemar. J'ai complètement oublié de faire signer un mot d'absence à mes parents. Et forcément, Mme Hochard est la seule prof de tout le lycée qui n'accepte pas les élèves sans justificatif de leur absence. Je me retourne, au milieu de la classe, les regards braqués sur moi. Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour disparaître à l'instant. Je capte le regard de Maëlle qui me fait un clin d'œil, j'étais avec elle quand j'ai séché le cours de philo et visiblement, elle n'a pas eu de problème de billet d'absence.

Je me décide enfin à affronter le regard de la prof, qui me tuerai sur place si elle le pouvait.

— J'ai oublié...

— Vous avez oublié ? Allez-vous asseoir, vous nous avez déjà fait perdre assez de temps. Mais je veux voir votre billet signé par vos parents au prochain cours.

J'acquiesce en silence et me dépêche de rejoindre ma place, avant qu'elle ne change d'avis.


     — J'ai vraiment cru que la prof allait te trucider ce matin ! s'exclame Pauline.

Elles sont venues s'excuser à la récréation et je les ai pardonnées sans même réfléchir. C'est comme ça depuis toujours entre nous : on se dispute et le lendemain, on se réconcilie. Mais je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression qu'il y a comme un malaise. Elles se sont excusées de s'être un peu emportées mais je pense qu'au fond, elles me reprochent encore un peu de ne pas leur dire la véritable raison de ma rupture avec Mathis et de ne pas avoir pris la défense d'Érine contre Maëlle. C'est pour cette raison que je ne suis pas sûre de les avoir vraiment pardonnées.

— On va tous chez Hugo après les cours, ça te dit ?

— Ouais pourquoi pas, réponds-je en haussant les épaules. Qui est-ce qui vient ?

Soudain, c'est comme si j'avais lâché une bombe. Les filles se regardent une à une, mal à l'aise. Je fronce les sourcils, attendant qu'elles m'expliquent.

— Bah, tout le monde... lâche finalement Sacha.

Je suis sur le point d'accepter mais une question me turlupine. Est-ce que Mathis est compris dans ce tout le monde ? Je ne peux m'empêcher d'exprimer ma pensée à haute voix et face à la réaction de mes amies, la réponse me paraît évidente.

IndignéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant