Chapitre 16

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Léonie

     J'ai à peine posé mon plateau que je le regrette déjà. Je me suis dit que ça leur ferait plaisir que j'accepte de manger avec elles mais en voyant Maëlle et Eliott rigoler quelques tables plus loin, je meurs d'envie de les rejoindre.

Parce que même si je suis redevenue amie avec Sacha, Érine et Pauline, nous sommes bien moins proches qu'avant.

Pauline suit mon regard et émet un ricanement.

— T'es plus obligée de traîner avec Maëlle maintenant qu'on se reparle. Franchement, je ne sais pas comment tu faisais pour la supporter, c'est une vraie peste cette fille. Et puis il serait peut-être temps de lui dire que les mini-shorts, c'est complètement démodé.

Comme il fallait s'en douter, Érine et Sacha pouffent de rire. Je leur adresse un regard noir et elles se calment aussitôt.

— Si tu la connaissais un peu mieux, tu saurais que c'est une fille géniale et que si je passe du temps avec elle, c'est parce que je l'apprécie beaucoup, grincé-je.

Mais visiblement, Pauline n'a pas l'air de comprendre le message car elle surenchérit :

— Oh arrête Léo, pas à nous ! On sait très bien que c'est parce que tu avais besoin d'un bouche-trou. Mais maintenant que tu as retrouvé la raison...

— Pardon ?!

— Bah maintenant que tu nous reparles et que tu t'es plus ou moins remise avec Mathis quoi, complète Sacha.

Alors là, je suis complètement estomaquée. Où ont-elles entendu que je m'étais remise avec Mathis ?

— C'est lui qui vous a dit ça ? demandé-je, sur la défensive.

— On a bien vu quand il t'a couru après au parc la dernière fois. Et puis, il nous a dit que tu l'avais embrassé, me confie Érine.

Je nage en plein cauchemar, ce n'est pas possible autrement. Je croyais qu'elles avaient compris.

Et puis pour qui est-ce qu'il se prend Mathis, à raconter n'importe quoi ?! Bon, certes, je l'ai embrassé. Mais je lui ai aussi dit que je ne voulais plus rien avoir à faire avec lui. Et je pense que c'est quand même sacrément important. Bien plus important qu'un simple baiser qui ne voulait pas dire grand-chose.

— Il a probablement oublié de vous dire que je l'ai repoussé ensuite et que je lui ai dit que je ne voulais plus le voir.

Les filles s'échangent alors des regards et je ne peux m'empêcher de leur demander ce qui se passe.

— On croyait que tu étais enfin passée outre, soupire Sacha.

— Outre quoi ? m'écrié-je, peu désireuse de connaître vraiment la réponse.

— Outre cette histoire de viol, me répond Pauline comme s'il s'agissait d'une formalité.

Je manque de m'étrangler.

Je ne comprends pas. Je n'y arrive pas. Je refuse de comprendre ce qu'elles sont en train de me dire.

Érine en remet une couche, terminant de m'achever :

— On croyait que tu t'étais rendue compte que cette histoire de pseudo viol est ridicule. OK, tu as eu un rapport sexuel avec ton copain alors que t'en avais pas très envie mais de là à parler de viol, je trouve que tu exagérais un peu. Après, je peux comprendre que tu cherchais à attirer l'attention mais il y a d'autres moyens. Tu imagines les conséquences pour Mathis ?

Les mots d'Érine me semblent très lointains, je les entends à peine. Mais ça ne les empêchent pas de me faire mal. C'est comme si elle avait planté un couteau en plein dans mon cœur et qu'elle le remuait encore et encore pour me faire toujours plus mal.

IndignéesWhere stories live. Discover now