Chapitre 13

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Léonie

     L'image du père de Maëlle m'a hantée toute la nuit. Parce que c'était son père, ça, j'en suis sûre et certaine.

Je ne l'imaginais pas comme ça. A dire vrai, je ne l'imaginais pas du tout mais j'ai été plus que surprise. Il avait l'air très négligé et surtout, il paraissait terriblement fatigué. Mais pas le genre de fatigue de quand on a fait une insomnie, il avait plutôt l'air fatigué de la vie.

Mais ce qui m'a le plus marquée, c'est la réaction de Maëlle. Dès lors qu'elle l'a aperçue, elle est littéralement devenue blanche. Je ne l'avais jamais vue dans cet état. On aurait dit qu'elle avait vu un fantôme.

Je m'en suis immédiatement voulu après avoir refermé la porte. Mais j'ai vu Maëlle repousser Eliott et je me suis dit qu'elle n'aimerait sûrement pas que je la voie. Et puis, je l'avoue, je lui en voulais un petit peu...

Après, je me suis imaginée le pire. A un moment, j'en suis même venue à penser que son père avait complètement pété un câble et l'avait tuée. C'est horrible, je sais. Surtout qu'au final, je ne sais absolument rien de ce qu'il s'est passé.

     J'aperçois tout de suite Maëlle en arrivant au lycée et c'est comme si je pouvais respirer de nouveau. Au moins, elle n'a rien de grave. Enfin, avec elle on n'est jamais sûr de rien.

Elle est dos à moi, une cigarette entre les doigts et son éternel béret enfoncé sur la tête. J'avance vers elle, prête à m'excuser pour hier. Parce qu'en y repensant, je me suis peut-être vexée pour pas grand-chose et je comprends que Maëlle se soit un peu emportée.

Mais avant d'arriver à sa hauteur, Pauline apparaît juste en face de moi, me barrant la route, flanquée de ses deux gardes du corps – Sacha et Érine.

Je hausse un sourcil et prend un air dédaigneux, histoire qu'elles comprennent bien que je n'ai pas la moindre envie de leur parler.

Pauline se triture les mains et lance un regard à ses deux acolytes, cherchant un soutien de leur part. Sacha hoche la tête en guise d'encouragement et je ne peux que me demander ce qu'elles sont venues me dire.

— Bon voilà... on a bien réfléchit et on est vraiment, vraiment désolées, commence Pauline sous l'approbation des filles. On a été vraiment nulles et je comprendrais que tu ne veuilles pas nous pardonner parce qu'on a agi comme des garces mais... tu nous manques...

Pour le coup, je m'attendais à tout sauf à ça. Je reste complètement abasourdie. Jamais je n'avais imaginé la possibilité qu'elles viennent s'excuser. Résultat, je ne sais absolument pas comment réagir.

Est-ce que je dois les pardonner ? Ce qu'elles ont dit m'a profondément blessé mais après tout, si elles regrettent... Et puis tout le monde a droit à une seconde chance, pas vrai ?

Pour être honnête, je pourrais débattre sur la question une journée entière. Mais elles attendent une réponse et là tout de suite, mes amis me manquent, aussi bien les filles que Tom, Hugo et Romain que je n'ai pas vus depuis un moment.

Alors je lâche sans réfléchir :

— OK. Je vous pardonne.

A peine ai-je prononcé ces mots que leurs visages s'illuminent.

— Mais il faut quand même que vous sachiez que ce que vous avez dit m'a vraiment fait mal, ajouté-je.

Elles acquiescent toutes les trois et après une courte hésitation, on se fait un câlin collectif.

La tête posée sur l'épaule de Sacha, je croise le regard de Maëlle. Elle me fixe, le visage totalement neutre, mais je peux lire l'incompréhension dans son regard et une pointe de déception. Alors seulement, je me demande si j'ai fait le bon choix.

IndignéesWhere stories live. Discover now