Histoires de confinement

Ethan : Jour 1

Le gouvernement vient d'annoncer le placement en confinement de la France entière. Cette décision est très mauvaise pour le business. Sans doute que mon métier n'est pas considéré comme essentiel et que je ne vais pas pouvoir continuer mon activité. Le problème c'est que je suis un indépendant, j'ai monté mon auto-entreprise et si je cesse mon activité, je ne vais tout simplement pas toucher d'argent. La crise pourrait être grave, puisqu'étant donné mon statut je ne percevrai aucune aide. Il faut que j'appelle mon mentor :

« Quel est le plan ? »

« Le site reste ouvert »

« Mais on n'aura pas le droit de se déplacer ! »

« On trouvera bien un moyen, on a toujours trouvé des solutions. »

Je ne peux pas me permettre d'effacer mon profil ou de me mettre en pause. Il faut que je continue à recevoir des clients ou à aller chez eux.

J'ai commencé à me prostituer pendant mes études. Je voulais opter pour un job sous-payé, comme beaucoup, mais je ne supporte pas de recevoir des ordres en permanence et d'être une simple petite main dont tout le monde s'en fiche. Tout ça pour un salaire de misère, c'était inacceptable pour moi. C'est là que j'ai rencontré ce type, qui dirigeait déjà une belle petite armée de prostitués. Bon, évidemment on dit escort-boy pour faire plus classe, mais notre objectif n'est pas simplement de tenir compagnie à des hommes seuls, la base de notre activité c'est le sexe. Je travaillais principalement le soir, donc je pouvais consacrer mes journées à mes études et surtout je gagnais beaucoup d'argent.

Ensuite, j'ai essayé de trouver un job « normal ». C'est là que j'ai vu mon niveau de vie baisser drastiquement. Je n'ai tenu que six mois avant d'à nouveau monnayer mon corps. Parce que c'est un business qui ne s'épuise jamais et qu'avec ça, je suis à l'abri du besoin. Maintenant, avec cette histoire de confinement tout risque de s'écrouler. Heureusement que j'ai un mentor. Il prend un petit pourcentage sur mes passes, mais en échange il me trouve des clients et d'une certaine manière me protège.

« Tu as déjà un plan ? »

« Tout le monde ne pourra pas continuer, mais toi tu as quand même un avantage. »

Il me détaille ce qu'il a en tête. Sans doute que j'aurais fini par y penser, mais à lui l'idée vient tout de suite et avec sa stratégie, je vais sauver ma petite entreprise. Ah oui, officiellement, je suis dans le divertissement. Quand on crée son auto-entreprise il n'y a pas l'option « prostitué »...