🌺 Chapitre 3 🌺

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Casque vissé sur les oreilles, ordinateur appuyé sur les genoux, je réfléchissais. Ma concentration était à son paroxysme. Cela faisait déjà deux heures que je me triturais les méninges, tentant désespérément de mettre les notes justes sur les scènes défilant devant mes yeux. Un dimanche matin classique en somme.

Composer pour des films a toujours été ce que je préférais. Je pense que les images prennent tout leur sens une fois habillées de la musique adéquate. Et réciproquement, mon art se trouve sublimé lorsqu'il illustre à la perfection une histoire.

Cependant ma créativité a ses limites. Après plusieurs heures de travail acharné, elle a tendance à s'envoler. Je fermai donc mon ordinateur, me massant lentement les tempes.

C'est le moment que Lucy choisit pour débarquer dans ma chambre. Elle paraissait surexcitée et courut s'assoir sur mon lit.

- Juvia ! Ça te dirait une petite visite du quartier ?

- Tout de suite ? répondis-je étonnée

- Non non, cette après-midi. me rassura-t-elle, D'ailleurs j'avais oublié de te prévenir mais j'ai invité une amie à manger ce midi. Tu verras, Mirajane est un petit ange ! Enfin sauf quand elle est en colère...

Je gloussais face à la moue qu'elle affichait, imaginant les dites colères.

- C'est d'accord, je veux bien me balader avec toi.

- Ouiiiii ! J'ai tellement hâte ! Je vais pouvoir te montrer tous mes endroits préférés ! s'enthousiasma ma colocataire. Tu sais, je suis vraiment contente de pouvoir faire connaissance avec toi Juvia.

Ces mots m'allèrent droit au cœur. Lucy était d'une nature si positive... Rien ne semblait pouvoir entacher son éternelle bonne humeur. Je crois que je l'admirais énormément pour cela. Mes pensées à moi avait toujours été étrangement contradictoires, entremêlées d'amour et de mélancolie.

Petite j'étais très solitaire. Très triste aussi. Je pleurais beaucoup car je ne savais exprimer ce que je ressentais. Ça faisait mal dans mon petit cœur ; des rires, des cris, des peines, des rêves, des déceptions... Et tout ça débordait, m'étouffait. Ma gorge se nouait et seules les larmes coulaient. Les mots, eux, restaient tapis dans l'ombre. Ils nourrissaient ma colère.

Et puis un jour, ma mère m'emmena avec elle au Conservatoire. A l'époque elle était danseuse à l'Opéra de Paris et son travail l'accaparait souvent. Je me souviendrai tout ma vie du jour où j'étais entrée dans ce bâtiment pour la première fois. Il y avait une telle effervescence... Fermement accrochée à la main de ma mère, j'étais émerveillée par le spectacle qui s'offrait à moi. Des gens, partout. Des gens qui couraient, le bruit des pointes frappant le parquet. Et puis une douce odeur de bois, d'ancien et de résine ; de la colophane. Le plafond était ornementé de moulures et d'un gigantesque lustre, majestueux.

Ma mère me traînait derrière elle. Sa main serrait si fort mon poignet d'enfant... A vrai dire elle n'était pas dans le genre démonstrative. Je pense qu'au fond elle m'aimait mais qu'elle n'a jamais été capable de me le montrer. Elle me fit donc traverser des couloirs, emprunta un grand escalier, se faufila à travers une petite porte discrète et nous déboulâmes enfin dans une immense salle. Les murs étaient recouverts de miroir. Dans le reflet d'une glace j'aperçu une vieille dame. Assise sur une chaise, elle tenait entre ces jambes une étrange chose. La petite fille que j'étais fut si intriguée qu'elle courut vers la femme et son drôle d'instrument. Celle-ci me sourit tendrement et déclara :

- Ce que tu vois là, c'est un violoncelle. Tu veux toucher les cordes ?

J'acquiesçai, fascinée. Puis mon doigt pinça la corde la plus épaisse, le do. Le violoncelle vibra. Je le sentis résonner dans mes pieds, dans mon ventre et même dans ma poitrine. J'avais 6 ans et je venais de découvrir ce qui allait devenir une partie de moi. Après cela, ma mère m'inscrit au Conservatoire et la suite vous la connaissez.

ArtistiqueOnde as histórias ganham vida. Descobre agora