8 : Charlotte et les vestes

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« Vous ne m'avez pas donné ma veste. »

Parmi l'océan de clients, Charlotte tenta de repérer celui qui lui avait adressé la parole. Il leva la main.

« C'est moi. Vous avez oublié ma veste. C'est celle-là, à votre gauche.

- Oh, pardon. »

Charlotte se dépêcha de rectifier son erreur. Elle eut à peine une seconde pour souffler, qu'on lui fourguait déjà un manteau entre les mains.

Il y avait trop de monde. C'était seulement son deuxième jour de travail, et elle était déjà perdue. A croire que la soirée nineties avait ramené toute la ville au Latina.

« Brune, j'y arrive pas...

- Accroche-toi », lui souffla sa collègue.

Sur ce, elle rendit à un garçon sa veste, et discuta avec le client suivant.

Charlotte serra les dents. Brune avait raison. Elle devait s'accrocher, comme elle l'avait fait en médecine. Sauf qu'en médecine, ça n'avait pas fonctionné.

Charlotte chassa cette mauvaise pensée de sa tête. Elle tendit les bras pour recevoir un manteau. Oui, travailler au Latina, c'était difficile. Mais elle s'en sortait bien. Et puis, si la fac lui manquait trop, elle pourrait toujours revenir assister aux cours de Brune. L'ambiance lui avait plu. Elle avait passé une bonne fin d'après-midi, et elle se disait qu'elle avait eu raison de demander à Brune de l'emmener en amphi. Retrouver la sécurité des études, c'était tellement... reposant. Charlotte était retournée manger chez elle à la fin du cours, et elle avait retrouvé Brune au Latina quelques heures plus tard. Elle appréciait la compagnie de sa collègue. Elle songeait que, peut-être, elles pourraient devenir amies.

Charlotte était tellement plongée dans ses pensées qu'elle n'entendit même pas un garçon lui répéter sa phrase.

Brune lui donna un coup de coude.

Charlotte se réveilla.

Charlotte tomba amoureuse pour... Bon, elle ne savait plus où elle en était dans ses comptes, mais elle retomba amoureuse.

Objectivement, le garçon en face d'elle était moins beau que Valentin. Il était aussi moins beau que le blond qu'elle avait aperçu à la fac avec Brune. Mais des trois, c'était celui qui lui plaisait le plus.

Il avait un air intellectuel.

Charlotte avait toujours apprécié les intellectuels. Elle estimait être cultivée, et elle avait envie d'un partenaire qui l'était aussi. Ou en tout cas, qui donnait l'impression de l'être.

Ce garçon-là semblait extrêmement intelligent.

Il avait un sourire malicieux, des yeux bleus, et probablement myopes si on tenait compte de l'épaisse paire de lunettes posée sur son nez. Il portait une chemise très chic et un nœud papillon. Charlotte adorait les nœuds papillons.

« Je peux avoir ma veste ? », répéta-t-il.

Il lui tendait un ticket.

La connexion mit une seconde à se faire dans le cerveau de Charlotte.

« Euh, oui », bafouilla-t-elle.

Elle récupéra le ticket, et fila à la recherche du cintre n°92. Elle le trouva rapidement.

Mais il était vide.

Charlotte sentit la panique l'envahir.

Elle regarda le ticket.

Dramas & MojitosWhere stories live. Discover now