11 : Charlotte et le covoiturage

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Lorsque JB claqua la porte derrière lui, Charlotte tressaillit.

D'un côté, elle avait envie de creuser un trou et de s'y enterrer.

D'un autre côté, elle avait envie de connaître la suite des événements. Charlotte détestait l'avouer, mais elle était une petite commère.

Elle eut tout de même assez de perspicacité pour ne pas poser de questions.

Elle regarda Valentin suivre JB, Alex marmonner qu'il rentrait chez lui, et Brune rassembler ses affaires avec embarras.

Mimosa était toujours très droite sur le trottoir.

Elle regardait le Latina.

« Je retourne à l'appart, souffla Brune à Charlotte. Je pense que... C'est fini pour cette nuit.

- Oui, clairement... »

Brune lui fit la bise et s'en alla. Charlotte se sentit soudain très mal à l'aise. Il restait Zazou, Mimosa et elle. Autrement dit : Mimosa et elle.

Charlotte réajusta le col de sa veste et tira des écouteurs de sa poche. Elle avait un peu froid. Elle risqua un nouveau coup d'œil à Mimosa.

La grande rousse bouillonnait. Charlotte n'avait pas besoin de lui parler pour en être sûre. Jamais elle n'avait vu autant d'ondes négatives émaner d'une seule et même personne. Charlotte aurait dû donc, en toute logique, suivre l'exemple et déguerpir rapidement.

Elle ne le fit pas.

« Euh... Je rentre chez moi. Bonne, euh... Bonne nuit. »

Mimosa ne répondit pas.

Elle se contenta de tourner la tête vers elle et de la fusiller du regard.

Charlotte déglutit.

« Bon, bah, j'y vais, hein. »

Elle passa devant Mimosa en courant à moitié, et prit la direction de chez elle. Elle avait l'impression que la barmaid la regardait encore, et franchement, ça ne la rassurait pas.

Charlotte enfonça les écouteurs dans ses oreilles. Elle détestait marcher toute seule la nuit. Elle avait peur, elle ne pouvait pas s'en empêcher. Pourtant, elle croisait rarement quelqu'un. Plus elle s'éloignait du Latina, et moins les rues étaient fréquentées.

Charlotte augmenta un peu le volume en se convaincant qu'elle s'y habituerait.

Tout se passait bien. Elle avait juste à marcher, prendre le métro, marcher. Elle était beaucoup trop paranoïaque.

Quoique.

Charlotte s'arrêta en plein milieu de la rue et jeta un coup d'œil à son téléphone.

Elle avait terminé plus tôt.

Ce qui signifiait qu'elle se trouvait tout pile dans la plage horaire où aucun métro ne passait.

Pour la deuxième fois en moins de cinq minutes, Charlotte déglutit.

Elle tapa son adresse sur Google Maps.

Encore cinquante-trois minutes à pied.

Charlotte releva la tête. Les immeubles s'érigeaient devant elles, grands, sombres, personne aux fenêtres. Le silence régnait sur la ville. Elle était seule.

Elle ne savait pas si c'était une bonne ou une mauvaise nouvelle.

Maladroitement, Charlotte tapa « Uber » sur son clavier.

Dramas & MojitosWhere stories live. Discover now