16 : Mimosa et les certitudes

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Mimosa était une femme pleine de certitudes.

Un : elle était séduisante. Elle le savait.

Deux : elle ne tombait jamais amoureuse, hormis des mauvaises personnes. Elle le savait.

Trois : elle était une très bonne barmaid. Et si elle le savait, elle entendait bien le prouver à tous.

En particulier à ce grand gars à lunettes rondes. Tandis qu'ils montaient ensemble les escaliers du Latina, dans un silence de mort, Mimosa le lorgnait du coin de l'œil.

Franchement, elle ne comprenait pas ce que Charlotte lui trouvait. Il n'était pas très musclé, il était beaucoup moins beau que Valentin et en plus, il avait l'air sûr de lui. Ah, et il était resté insensible à ses charmes. Ce qui signifiait qu'il avait mauvais goût.

En plus de ça, il comptait la défier sur son terrain de jeu favori, ce qui le plaçait à peu près au même niveau que Pantalon Jaune Moutarde dans son estime. Soit : vraiment pas haut.

Enfin. Il serait très facile de prouver sa supériorité. Ça aussi, elle le savait.

Elle patienta devant la porte du bureau où se déroulait les entretiens d'embauche.

Louis pianotait sur son téléphone. Charlotte restait plantée à côté de lui. Elle se tordait les mains, regardait ses pieds, et risquait parfois un coup d'œil à Louis, que Mimosa trouvait tout sauf discret.

Elle croisa les bras sur sa poitrine. Non, vraiment, pourquoi Charlotte s'intéressait à lui ? Et pourquoi elle le soutiendrait lui pendant l'entretien ? Plutôt qu'elle ? Qui l'avait ramenée en voiture ?

Mimosa secoua la tête. Tant pis. Elle avait Brune. Brune serait un meilleur soutien que Charlotte. Elle était calme, elle ne la noierait pas sous des encouragements bruyants, et elle... Où était Brune, d'ailleurs ?

Mimosa se pencha vers l'escalier. Elle s'apprêtait à le redescendre, lorsque la porte s'ouvrit sur un petit roux.

« C'est au suivant », dit-il.

Il n'avait même pas encore terminé sa phrase que Mimosa s'engouffrait déjà à l'intérieur de la salle.

Elle aperçut Tarik derrière le bureau, et s'exclama :

« Voilà. C'est terminé. »

Elle se tourna vers Louis et Charlotte, qui venaient d'entrer, et poursuivit :

« Mon ancien collègue nous fait passer les entretiens. Il est évident qu'il va m'embaucher parce qu'il m'adore. N'est-ce pas, Tarik ? »

Le barman, installé de travers sur son fauteuil, haussa un sourcil.

« Euh... Mimosa, qu'est-ce que tu fais là ? Tu es virée...

- Oui, tu es virée », insista Louis, un sourire aux lèvres.

Mimosa le fusilla du regard. Elle aurait adoré l'étrangler.

« Et alors ?, aboya-t-elle. En quoi ça m'empêche de candidater ?

- Franchement, Mim', je sais pas si JB va...

- Tarik », le coupa-t-elle.

Elle s'avança, saisit son visage entre ses deux mains, et le força à la regarder.

« Réfléchis. Ça fait quoi ? Quatre ans qu'on sert ces putains de cocktails ensemble ? Tu sais ce que je vaux. Tu sais je prépare les meilleurs mojitos de la...

- Ouais, ça reste à prouver, hein », intervint Louis.

Mimosa se retint de lui balancer une chaise, et inspira profondément. Tarik la fixait toujours.

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