OakDeath Club T1 - Jason [TERMINÉE]

Chapitre n°3

"Matthias, tu es là ?"

Charlotte tenta de l'approcher. Elle tendit la main mais ne vit rien s'élever devant elle. Son frère était là pourtant, si petit, si frêle. Elle reconnaissait son tee-shirt orange et ses fines épaules. Il lui tournait le dos, les deux bras ballants. Une de ses mains tenait son doudou, Monsieur Kipu, un lapin vert aux oreilles tombantes. Charlotte plissa les yeux, que tenait-il dans l'autre main ? Elle essaya de se rapprocher mais le résultat fut le même : Matthias était toujours aussi loin.

"Matthias, dit-elle plus fermement, c'est moi. C'est Charlotte. Retourne-toi. Rentrons à la maison."

"Quelle maison ?"

Charlotte ne prêta pas attention à cette question, seul la réaction de son frère importait. Il n'en avait toujours pas, les bras droits, immobiles. Le silence qui l'accompagnait était terrible.

Un silence qui donnait des frissons.

Matthias ne semblait même pas l'entendre.

Charlotte tenta une nouvelle fois de se déplacer quand soudain, elle perçut un filet d'air lui passer sur le corps. Matthias n'avait pas bougé, pourtant elle aurait juré sentir du mouvement autour d'elle. Une voix s'éleva alors, provenant de l'endroit où se trouvait son frère :

"Catin. Catin. Catin. Catin. Catin..."

La jeune femme tenta de se boucher les oreilles, en vain. Elle hurla à son tour, pour cacher ces mots qui lui étaient hurlés. Au fur et à mesure, la voix mua, se transforma en quelque chose d'adulte, d'effrayant. De réaliste.

Charlotte se réveilla en sursaut, son état de panique rencontré dans le rêve persista quand elle ouvrit les yeux. Elle se rendit compte qu'elle n'avait pas bougé d'un centimètre, toujours menottée au lit.

Elle poussa un soupir de désespoir et prit quelque secondes pour calmer son souffle.

Au moins désormais, le soleil se levait.

Elle se trouvait donc dans une chambre d'hôtel miteuse, le papier peint était ternis par l'âge et sûrement par le nombre de cigarettes fumées illégalement. Une table au fond de la pièce portait quatre plateaux repas presque terminés et un petit pot de fleurs. Voilà tout.

Ses habits étaient en boule dessous, Charlotte distinguait une robe noire et des escarpins hauts de la même couleur.

Sur sa gauche se trouvait la porte d'entrée, en bois marron clair, elle ne semblait pas doublée ni sécurisée. Si ses amies venaient la récupérer, elles pourraient défoncer la porte facilement.

Quelles amies ?

Charlotte grimaça, l'arrière de son crâne lui faisait un mal de chien. Elle avait dû y aller un peu trop fort. Tout ça pour que personne n'entende ses coups. Personne pour venir la secourir.

- Putain..., jura-t-elle.

La douleur était insupportable, son corps entier la brûlait. Elle était fatiguée aussi.

Concentre-toi sur quelque chose.

La fenêtre. Le soleil avait percé les montagnes qu'elles voyaient au loin, sa chaleur lui remonta le moral, elle était toujours en vie. Sur le côté droit de la fenêtre se trouvait le panneau de l'hôtel : "Hotêl Arwood, 24/7". Charlotte fronça les sourcils, elle ne connaissait pas cet endroit. En réfléchissant plus précisément, elle se rendit compte qu'elle ne se souvenait même pas de l'endroit où elle vivait.

Sûrement le contre coup, le mal de tête et la fatigue.

Elle était donc complètement perdue.

Comment était-ce possible de ne se souvenir de rien ? Juste son prénom ! Allait-elle pouvoir survivre avec ces maigres informations ?

Une plainte s'éleva de sa poitrine quand elle essaya de se débattre une nouvelle fois pour sortir du lit. Ses jambes lui faisaient mal dans cette position assise. Elle avait froid aussi, les draps étaient tombés sur le côté, la dénudant sans aucune retenue. Elle tenta de les remonter grâce à ses pieds mais elle ne sentait presque plus l'extrémité de ses jambes. Projet avorté.

Le sang sur ses bras s'était remit à couler à force de gigoter.

Elle allait mourir là ? Nue, souillée, dans un lit sentant la sueur et bien d'autres choses ? Sans savoir pourquoi ?

Au loin, elle entendit le bruit d'un aspirateur démarrer.

Mais oui ! Les chambres doivent être libérées. Les femmes de ménage vont venir pour nettoyer la chambre.

Charlotte était sauvée.