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8 mars 1990

J'ai commencé mon traitement. C'est pleins d'hormones pour remplacer celles que ma thyroïde ne fabrique plus.

Je l'ai pas encore dit à mes amis. J'ai peur. Qu'ils me jugent. Me rejettent. Comme mes parents. Je les dégoûte apparemment.

J'ai un disfonctionnement tu sais. Comme si j'étais considérée comme une machine. Et je suis même pas capable de bien fonctionner. Le genre de choses qu'on jette sans un remord à la déchetterie.

Désolée cher journal, je t'assure, j'essaye d'être heureuse.

15 décembre 1990

Il y avait cette chose qui m'avait interpellée.  Le diagnostic. Avant ce dernier, tu n'es pas crédible, tu mens, tu es fou. Tu ne souffres pas vraiment bien sûr. En fait tu recherches juste de l'attention.

Et quand enfin, des spécialistes posent un mot sur le mal dans lequel tu t'embourbes depuis des mois, voire des années, ces gens-là ne s'excusent pas. Bien sûr que non. Ils font comme s'ils te soutenaient depuis le début.

Alors bien sûr, je ne dis pas que certaines personnes n'exagèrent pas leur situation. Ils en existent malheureusement. Ils écrasent le mal-être des autres, c'est à cause d'eux qu'on m'a crachée dessus quand j'osais me confier.

Le diagnostic, c'est une épreuve. Ça peut être un soulagement. Parce qu'après des années à souffrir sans qu'aucun spécialiste n'arrive à te dire pourquoi, tu commences à te poser de sérieuses questions sur ta santé mentale.
Est ce que j'ai vraiment mal ? Est ce que j'hallucine ? J'exagère ?

Tant de questions qui me tourmentaient.

TchernobylWhere stories live. Discover now