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16 mai 2020

Tu sais, je porte toujours ma perruque. Ma fille n'est pas franchement d'accord avec cette décision.

Grâce à mes médicaments mes cheveux repoussent un peu. Elle dit que je peux les laisser un peu pousser et me débarrasser de ma perruque. Être moi-même.

Mais je crois que je suis moi-même avec ma maladie.

Alors oui peut-être que je pourrais arrêter de me raser les cheveux et de mettre un perruque qui m'empêche de vivre.

Mais j'ai l'impression que c'est comme mon petit secret. Je ne me dévoile pas à tout le monde. Comme une genre de preuve de confiance lorsque je me montre réellement.

Mais d'un côté, je vois ça comme une punition, pour me rappeler que je suis malade, pour me rappeler ce que j'ai vécu ou traversé.
Je vois plutôt ça comme un souvenir amer en fait.

Tu sais, je pensais que j'étais un monstre. Je le pense encore quelques soirs.

Non cher journal, je vais pas te faire croire que j'ai décroché le trophée d'acceptation. Ça ressemble fortement à m'approprier la lune. Alors je te dis simplement que, pas à pas, je lui tends les bras.

Je tends les bras à cette confiance, à la beauté de mon être qui rayonnera dans mes pupilles, à mon futur. Route dangereuse, mais dont je ne suis plus aussi douteuse.

Je voulais te parler de l'amour. Présence ou absence, les deux affectent.

L'absence de l'amour de mes parents, le rejet. Se voir à travers les yeux des autres. À travers les yeux des insultes. Ces êtres malveillants. Ils plantent leurs griffes, s'accrochent à toi avec une force inhumaine. Au début ça fait mal tu sais, tu cherches à les enlever. Puis, ça devient une habitude. Ils deviennent toi, tu deviens eux. Tu les intègres. Ne les laisse pas t'atteindre, tu ne dois pas croire à ces mots-là. Tu as l'impression d'être trop, ou pas assez, jamais juste toi.

Puis, finalement j'ai rencontré mon mari. Tu sais, pour l'amour, les mots ne sont pas toujours nécessaires. Moi, c'est ses regards qui ont refermé chaque plaie. Le regard est le messager des émotions timides, tu sais ? La douceur de sa paume contre ma joue, la tendresse des battements de son cœur, la beauté des mots honnêtes. Ces moments ne se regrettent pas. Ils sont des cadeaux de la vie.

Durant ces deux phases de ma vie, j'étais la même personne. Pourtant d'un côté j'ai été rabaissée et de l'autre soutenue. Donc, s'il te plaît, fais sourde oreille aux personnes malveillantes, tu as le droit d'être toi. Simplement. Des gens ne t'aimeront pas. Et alors, tu ne peux pas plaire à n'importe qui, c'est comme ça. Ne cherche pas à atteindre la perfection d'accord ? Tu ne trouveras que ta perdition. Alors aime, et sois sourde surtout. Mais pas aveugle aux regards révélateurs.

Je t'aime.

TchernobylOù les histoires vivent. Découvrez maintenant