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Ari passa la soirée en se montrant le plus aimable possible, au grand plaisir de sa mère et quand tout le monde partit se coucher, il fit mine d'en faire de même. Mais dès que sa porte fut fermée, alors que le silence imprégnait la maison, il se changea pour s'habiller plus chaudement et sortit par la fenêtre.

Contrairement à la dernière fois, il avait pensé à mettre des chaussures, et il se félicita de ce geste car la température avait drôlement baissée depuis sa dernière escapade.

Il traversa donc la rue pour rejoindre la route et il n'eut besoin d'attendre que quelques minutes pour voir arriver une voiture qui s'arrêta devant lui. C'était une vieille voiture électrique de couleur bleu, un peu cabossée et rayée.

— Monte, on n'en a pas pour longtemps, lui dit Ostrace en ouvrant la portière du côté passager. On a de la chance, le ciel sera bien dégagé ce soir.

Ils roulèrent une quinzaine de minutes dans les rues désertes, sortant de la ville.

— La véritable couleur du ciel est cachée par toute cette pollution lumineuse, c'est pourquoi nous devons nous éloigner pour pouvoir la contempler.

Ostrace se gara devant un parc, à l'extrémité de la ville. Ici, il n'y avait plus aucune lumière, si ce n'est celle de la lune qu'Ari n'avait jamais vu aussi nette.

— Suis-moi, il y a une clairière un peu plus loin, l'endroit parfait pour avoir un beau ciel dégagé.

Le jeune homme sentait l'herbe se plier sous ses pas, alors qu'il avançait, éclairé par sa montre. Soudain, Ostrace s'arrêta, et s'allongea à même le sol froid. Ari le regarda quelques secondes, puis l'imita.

— Je ne vois rien à part du noir, remarqua-t-il.

— Attends un peu, impatient. Il faut en moyenne dix minutes pour que l'œil s'habitue au manque de lumière.

Ils attendirent donc dans le silence, les yeux levés vers le ciel, avec pour seul bruit, celui de leur respiration. Les minutes passèrent et Ari se sentait apaisé, si bien, à sa place ; sous ses yeux, des centaines, des millier de petits points transperçaient le ciel noir. Il s'amusa à en fixer un en particulier, et s'extasia de le voir briller de toutes les couleurs ; bleu, rouge, blanc ; il y en avait des grandes, des petites, des scintillantes, des étincelantes, des éclatantes !

— Wahou. . .

— C'est beau n'est-ce pas ? Répondit Ostrace d'une voix posée. Ce qui est intéressant avec les étoiles, c'est qu'elles racontent une histoire. Vois-tu, l'Homme, avant notre époque, était constamment à la recherche d'explications sur le monde qui l'entourait : pourquoi la vie, la mort, les fleurs, les animaux ; pourquoi le ciel est bleu, et les arbres verts ? Pourquoi, quand vient la nuit, des petits points percent le ciel ? Chaque civilisation avait son interprétation : certains y voyaient de simples roches en fusion, d'autres des messages divins, des histoires du passé. Regarde cette étoile, au centre du ciel, indiqua-t-il en pointant une étoile du doigt. Celle qui brille plus que les autres. Maintenant descends un peu à gauche.

Ari fit ce que le philosophe demandait, levant lui aussi son doigt vers le ciel, mais il était difficile de trouver une étoile en particulier quand des milliers se mélangeaient.

— Je crois que j'ai trouvé.

— Maintenant, continue tout droit, à gauche encore, jusqu'à la prochaine étoile. Puis, descends, jusqu'à la prochaine.

— Hum hum.

— Enfin, tourne à droite, tout droit, et remonte jusqu'à la deuxième étoile.

— On dirait un losange, remarqua Ari en refaisant le chemin, mais il est relié à un point.

— C'est une constellation, la constellation de la lyre, et toute une histoire se cache derrière. Veux-tu l'entendre ?

Quand Platon sortit de sa caverne [ Wattys2021]Where stories live. Discover now