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Ari eut beau y réfléchir durant des nuits, la réponse était toujours la même : non. Il ne pouvait pas accepter la proposition de Sophia. D'une part parce qu'il ne voulait pas laisser Elpis de côté, et d'autre part parce que, il fallait bien l'avouer, Aristoclès n'aimait pas travailler. Il adorait lire, écrire, apprendre, faire de la musique, marcher, se promener ; mais travailler, rester assis devant un ordinateur, ranger des fichiers, les trier, les retranscrire, les ranger à nouveau, les copier, les envoyer. . . C'était une torture ! Et même en devenant le sectaire de la présidente, il n'arrivait pas à s'imaginer autre part que derrière un bureau à ranger des fichiers, les trier, les retranscrire, les ranger à nouveau, les copier, les envoyer. . . Bref, il préférait mille fois aider Ostrace ! Car même la tâche la plus ingrate aux côtés du philosophe ne valait pas le post dont rêvait tout politicien.

Néanmoins, la menace de la jeune femme planait toujours au dessus de lui. Son visage avait parut si colérique, si dangereux, jamais il n'avait soupçonné cette part d'elle ! C'est pourquoi il ne s'était pas empressé pour lui donner sa réponse, il avait simplement attendu qu'elle vienne à lui, ce qui d'ailleurs n'avait pas tardé.

« Salut ! Ça te dit qu'on se retrouve au parc, toi, moi et Mélétos ? Je dois toujours prendre ma revanche au ping-pong ! Et tu en profiteras pour me donner ta réponse. On se retrouve vendredi à quatorze heure.

Bisous, Sophia »

Il avait donc prévenu Ostrace et le jour venu, avait rejoint ses deux amis à leur lieu de rendez-vous.

— Comment avez-vous pu vous libérer pour aujourd'hui, avec tout le travaille que vous avez ?

— J'ai simplement demandé à ma montre si je pouvais prendre ma journée, expliqua Mélétos. Et elle m'a dit oui. En réalité ce n'est pas si contraignant que ça le poste de député !

— Idem pour moi, ma montre a décalé tous mes rendez-vous à ce matin, comme ça je peux prendre un peu de bon temps. Alors, on le commence ce tournoi de ping-pong ?

C'est avec joie que tous trois reprirent leurs jeux, riant comme des enfants innocents.

— Sophia exécute un service digne des plus grands, mais c'est sans compter sur le talentueux Ari ! Il lui renvoie la balle, mais un revers spectaculaire la lui retourne ! Quel match mes amis, quel match !

Mélétos avait pris le poste de commentateur et s'amusait plutôt bien. D'ailleurs Ari ne pu s'empêcher de remarquer à quel point la voix de son ami était douce à entendre : il avait une telle manière de s'exprimer, qu'il aurait pu convaincre n'importe qui sur n'importe quoi ! Finalement, même s'il ne savait pas tenir sa langue, ce jeune homme deviendrait peut-être redoutable en politique.

Mais pour l'instant, Ari ne pensait plus à tout cela ; toute son attention était fixée sur le match et ses amis. Lorsqu'il était avec eux, il arrivait à oublier tout ses problèmes et souriait, s'amusant comme un enfant. C'était peut-être pour ça qu'Elpis tenait tant à retourner à l'école chaque jour, peut-être qu'avec ses amis on ne pouvait que sourire.

— C'est une victoire incontestable pour Mademoiselle Turing ! Ari arrivera-t-il à prendre sa revanche face au roi du ping-pong, le grand Mélétos ?

Les trois adolescents poursuivirent leur jeux puis, après de durs affrontements, Sophia leur proposa d'aller goûter dans une pâtisserie à quelque pas. Ils s'installèrent à l'intérieur, heureux de pouvoir échapper au froid de ce mois de janvier.

— J'adore passer des après-midi avec vous, avoua Mélétos.

— Moi aussi, je suis heureuse que nos chemins se soient croisés. Nous irons loin tous les trois.

Quand Platon sortit de sa caverne [ Wattys2021]Where stories live. Discover now