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La jeune femme se tenait là, sur une chaise, à côté de Minerva et Diane, tandis qu'Ostrace était assis sur le lit.

— S'il vous plaît, intervint ce dernier, j'aimerais que cette journée se déroule dans le calme et la courtoisie.

— Comment pouvez-vous restez dans la même pièce qu'elle, alors qu'elle vous a condamné à mort ?!

— Cela ne nous enchante pas plus que toi Ari, intervint Minerva. Mais nous devons respecter la demande d'Ostrace. Alors venez tous vous asseoir et parlons ensemble.

Lorsqu'il passa devant la présidente et ex-amie, Ari lui lança un regard noir, puis s'assit sur le lit, à côté d'Ostrace.

— Vous allez bien ? Demanda-t-il, soucieux.

— Je vais très bien, et toi comment te portes-tu ? Diane m'a rapporté que tu étais malade.

— Ça peut aller, et de toute façon je ne pouvais pas vous laisser aujourd'hui.

— Et toi Ostrace, intervint Ganymède. Comment te sens-tu ?

— Merveilleusement bien, mon cher ami. Pourquoi me traitez-vous tous comme un malheureux ?

— Eh bien. . . C'est le cas Ostrace. Tu vas bientôt devoir. . . partir.

— Quelle perspective excitante. D'ailleurs, à quelle heure viendra celui qui apportera la fameuse boisson ? Demanda Ostrace en se tournant vers Sophia.

Il avait posé cette question comme s'il avait demandé la météo du lendemain, avec son calme habituel. Mais il n'avait sûrement que faire de la météo du lendemain, pensa Ari.

— A la tombée de la nuit, l'informa Sophia avec une étonnante gentillesse. Vous avez encore quelques heures.

— Bien, c'est suffisant pour partager avec vous mes amis, une dernière discussion.

— Tu penses que c'est le moment ? Demanda Hermaphrodite en arrachant les larmes de son visage d'un geste brusque. Tu vas mourir, il n'y a pas autre chose à faire que philosopher ?!

Ostrace lea regarda puis se leva, soudainement plein d'entrain, et commença à marcher dans la petite pièce.

— Hermaphrodite, comment vois-tu la mort ?

— Comme une fin, quelque chose de triste, mais ce n'est pas le moment pour recommencer avec tes questions. Nous avons tous des choses à nous dire avant la tombée de la nuit.

— Je pense au contraire, que c'est le moment propice. Tu penses Hermaphrodite, que la mort est une fin, qu'il faut l'appréhender, en avoir peur. Mais moi, qui en suis vraisemblablement le plus proche, je l'attends avec tranquillité car je suis sûr d'y trouver des richesses infinies. Le vulgaire ignorant – bien que je ne te compte pas parmi eux, Hermaphrodite - ignore que la vrai philosophie n'est qu'un apprentissage, une anticipation de la mort. Cela étant, ne serait-il pas absurde en vérité de n'avoir toute sa vie pensé qu'à la mort et lorsqu'elle arrive, d'en avoir peur et de reculer devant ce que l'on poursuivait.

— Si, tu as raison, cela paraît ridicule. Mais comment peux-tu espérer tant de la mort ?

— La mort n'est que la séparation du corps et de l'âme. Toute sa vie terrestre, l'âme est trompée par le corps, prisonnière de ses besoins et plaisirs vulgaires : la faim, la soif, le désir, la maladie, la jalousie. . . et pour trouver la vérité, il faut s'en libérer. Jusqu'ici, je craignais de perdre les yeux de l'âme si je regardais les objets avec les yeux du corps et si je me servais de mes sens pour les toucher et pour les connaître. Je trouvais que je devrais avoir recoure à la raison et regarder en elle la vérité des choses. Ainsi, la mort n'est pas quelque chose qu'il faut craindre, mais espérer, car elle apportera la purification de l'âme et c'est seulement là que l'être humain deviendra sage.

Quand Platon sortit de sa caverne [ Wattys2021]Where stories live. Discover now