Chapitre 6 : La côte

21 3 0
                                    


Pas de sauvetage, cela je l'avais bien compris. C'était les garde-côtes qui venaient inspecter les lieux. Ou bien se défouler un peu sur les prisonniers... Leurs rires satisfaits fusaient alors que des femmes hurlaient de douleur au contact de leur bâton électrique. Sadisme était sans doute le meilleur mot pour les qualifier. Et tétanisée était celui qui me convenait le plus à cet instant... J'étais pétrifiée, raide comme un bout de bois, attendant de voir ce qui allait advenir de moi. Mais je l'acceptais. Je fermais les yeux, comme résignée à affronter ce qui allait arriver. Ils ne mirent pas longtemps à me trouver. Une main épaisse et bourrue saisit violemment mon bras, me soulevant loin au-dessus du sol.

-Regardez c'que j'ai trouvé ! Belle prise n'est-ce pas ?

Je gardais mes paupières closes aussi longtemps que je pus, mais sentant son haleine âcre se rapprocher de mon visage, je les décollais prudemment.

-Oh tiens donc... Je dirais même que c'est parfait... Alors jolie frimousse, on va quelque part ? Tu pensais quand même pas réussir ton coup toute seule ? Non mais regarde toi, t'es aussi enflée qu'un cure dent ! Enfin... Un cure dent plutôt bandant faut bien l'avouer...

Tout en disant cela, il glissa une de ses sales mains entre mes cuisses. Prise de panique, je me débattis autant que possible mais vainement. Sa poigne était bien plus puissante que la mienne... Je sentais ses mouvements insistants... Je voyais son sourire carnassier... J'entendais ses grognements bestiaux... Et la seule chose à laquelle je pouvais me raccrocher était mon dé, bien serré dans mon poing. Par chance, si on peut appeler cela de la chance, il remarqua ce détail et cessa presque aussitôt ses mouvements obscènes.

-Qu'est-ce que tu caches là ma belle ?

Il écarta mes doigts comme s'il se fut agi de vulgaires brindilles et mon trésor roula aussitôt dans sa paume.

Je ne pus m'empêcher de remarquer un mélange de déception et de dégoût traverser son visage aussi rapidement qu'un clignement de cils.

-Eh bien... Voilà qui répond à de nombreuses questions n'est-ce pas ? Dommage... C'est toujours les plus belles qui sont comme toi. Même si t'es pas tout à fait comme les autres hein ? Après tout... Qu'est-ce que ça ferait si je racontais à tout le monde que j'ai baisé une anomalie ?

Je sentis mon cœur rater un battement et mon visage se vider de son sang ce qui eut pour effet de lui provoquer un rire féroce.

-T'en fait pas chérie ! Je vais juste te prendre ça et on en parle plus !

Ses lèvres s'écrasèrent contre les miennes et il remonta une dernière fois sa main. Je hurlais et en profitais pour lui mordre la lèvre. Un goût de fer envahit ma bouche et il hurla à son tour, me balançant sur le sol. Je me recroquevillais, les jambes serrées contre ma poitrine. Une petite once de satisfaction me réchauffa un bref instant quand je l'entendis jurer et cracher du sang. A chacun son humiliation. Il avait voulu me salir, le voilà humilié devant les prisonniers qui sortaient en file des cellules, un bourdonnement semblable à un ricanement s'échappant de la foule. J'aurais donné beaucoup pour voir sa figure outrée et honteuse mis mon expérience m'avait appris que de relever la tête devant son agresseur n'était pas toujours la meilleure des solutions quand on fait le même poids qu'une boite de conserve...

-T'as d'la chance. J'ai été doux moi. Ils le seront pas autant eux.

« Eux ? »

Il saisit ma tignasse et me traina devant tous les prisonniers jusqu'à la sortie de la cale.

-Y'en a encore une ! interpela un autre de ses congénères.

J'aperçus une autre fille, à peine plus âgée que moi mais d'une beauté à couper le souffle. On aurait dit une poupée si la crasse qui recouvrait son visage ne cachait pas son teint pâle. On me jeta près d'elle où je remarquais ce qu'elle tenait contre elle. Un petit dé violet luisant faiblement dans la faible lumière de l'aube. Et tout à coup, ce petit détail m'apporta du réconfort, je n'étais donc pas la seule dans cette situation. Elle soupira à son tour et nous nous rapprochâmes presque instinctivement.

Les garde-côtes ramenèrent deux autres personnes, deux hommes, eux aussi avaient un dé violet. Il y avait donc tant de personnes à avoir tenté de traverser en même temps ?

-C'est pas possible ! Ça pousse comme de la mauvaise herbe ! Bientôt on va finir par les balancer par-dessus bord, ils débordent de partout ! s'indigna un gros homme au bout du pont qui nous dévisageait comme de la vermine.

L'homme qui m'avait... Trouvée... Se rapprocha à nouveau de moi et me glissa quelques mots à l'oreille sur un ton si sournois qu'il ne pouvait rien laisser présager de bon.

-Tu vas découvrir ta nouvelle maison ma belle.

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: May 25, 2020 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

ZodiacWhere stories live. Discover now