Chapitre XXXV: Extinction Du Feu Solaire

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L'esprit de Guillaume était tiraillé entre deux tentations qui l'appelaient comme des sirènes, au milieu de ces bâtiments où poussaient les flammes comme des coraux luminescents. Il y avait d'un côté l'énorme dragon naufragé du ciel qui s'éloignait en laissant un sillage de sang. Et de l'autre, perché sur le toit d'une maison encore sèche de tout feu, Avrion qui avait à peine survécu à sa chute. Ce dernier fit d'ailleurs un geste de la main l'invitant à monter pour l'affronter. Guillaume préférait largement ignorer cet appel, et aller directement essayer de dompter le dragon. Mais si Avrion parvenait à s'échapper alors qu'il était facilement tuable, cela pourrait avoir des conséquences, improbables, mais possibles au point qu'il ne préférait pas tenter le diable. Tandis que le dragon était lent, suffisamment affaibli pour ne plus pouvoir causer de grandes quantités de dommages, mais en même temps encore assez fort pour ne pas se faire tuer trop rapidement, même au cas où Luacha et Zaratholi arrivaient. Guillaume accepta donc la proposition, et se mit en marche vers la haute maison, et y rentra.

Sa tête dépassa du plafond du dernier étage, et entra barreau par barreau sur le toit carré et plat, lieu d'observation complètement ouvert sur les multiples halos crépusculaires apparaissant de part et d'autres de l'orange voûte céleste légèrement étoilée. Avrion était à l'autre bout, appuyant le poids de son armure aux paternes triangulaires salis contre le muret du bord, à côté de son arme à deux lames. Le sang couvrant une grande partie de son visage rendait celui presque méconnaissable, mais cela n'empêcha pas l'autre de voir son étrange expression de détente.

-Chais pas comment tu fait pour encore te relever, après que tu sois tombé deux fois, ni pourquoi tu fait cette tête, mais ça va pas durer... Allez, ramène-toi. Guillaume avait déjà dégainée l'Épée, et s'était mit en position.

-Si tu tiens à savoir, répondit Avrion en prenant son arme, j'ai put résister à la douleur en mâchant des feuilles d'edraente. Ça à un goût dégueulasse au début, mais après ça devient assez re...

-Ta gueule et bat-toi.

-Désolé.

Sur son dromadaire, Zaratholi venait enfin d'arriver au lieu où était sensée s'être écrasée la bête. Mais la rue était vide de tout être vivant, seulement des corps désarticulés et sanguinolents de soldats, et une suite de traces de sang qui continuait plus loin, remontant probablement jusqu'au monstre blessé. Zaratholi supposa que Guillaume devait y être également, et avait probablement déjà commencé à batailler. Mais juste avant de poursuivre sa route en suivant les traces, l'éliant entendit des voix au sommet d'une maison, des voix qu'il reconnaissait comme étant celles de Guillaume et du supposé Avrion. D'abord tenté de se poser des question sur la survie de ce dernier, Zaratholi décida finalement de laisser son partenaire s'occuper de ce vésalien blessé, qui ne devrait pas être un gros problème. Mais il allait sûrement devoir faire appel à Luacha pour le remplacer dans la lutte contre le dragon.

Avrion lança enfin son attaque contre Guillaume, la première lame confrontant directement son acier à celui de l'Épée. Dés que le son du métal frappé arriva aux oreilles, le vésalien fit surgir hors des ombres croissantes du sol sa deuxième lame, qui fouetta le flanc gauche de son adversaire. Guillaume eu à peine le temps de sentir sa douleur, que la lame du dessus, profitant de la rotation de la lame du bas comme dans un balancier, retombait sur lui. Mais en parant ce coup il s'était encore une fois détourné de la lame du bas qui le mordit au même endroit, pour rendre plus humiliant le rappel. Et il sentit que ce bout de métal était allé bien plus loin que sa maille ne l'aurait autorisé, jusqu'à l'intérieur de son propre corps à vrai dire... Aussi surprenant que ça lui apparaissait, il n'en pourrait pas en ressortir vivant, si a chaque fois qu'il empêchait une attaque de l'atteindre, une autre sautait ou tombait sur lui pour exploiter des faiblesses qu'il ne pouvait pas combler. Était-ce la réprimande austère du destin pour être fier de ses pouvoirs au point de laisser sa main gauche libre de bouclier? Surtout que cette longue suite ininterrompue d'attaques l'empêchait constamment d'anéantir en quelques mouvement de bras cet être couvert de métal qui l'acculait. Chaque coup de cette arme à double lame préparait le terrain pour la prochaine attaque de la lame opposé, permettant à Avrion d'enchaîner avec pour seul guide l'instinct instantané d'une efficacité presque grisante, garantie par des changements d'angle imprédictibles. Tranchant haut, tranchant bas, haut, bas, comme un poème en rimes croisées chantant la défaite de Guillaume, dont l'armure s'envolait petit à petit, morceau de maille par morceau de maille. Avrion suivait avec patience le déroulement de l'enchaînement, sachant que l'un de ces coups finirait par trancher suffisamment en profondeur pour en ressortir avec la vie de Guillaume. L'arme était suffisamment large pour l'empêcher celui-ci de sauter sur le côté, et quand il faisait un pas en arrière, Avrion le suivait immédiatement avec un pas en avant. Ces spécificités de l'ennemi privait Guillaume de bien des opportunités, mais comme toute chose terrestre, ces particularités brillantes par leur qualité projetaient inévitablement des défauts. Et en l'occurrence, il pouvait bien se déplacer, mais seulement à la vitesse à laquelle la marche à reculons octroyait encore l'équilibre, et en veillant à ajouter le moins de dégâts possible à son corps qui perdait peu à peu de sa force avec son sang. Guillaume commença à avoir une idée de victoire... Mais avec ces impératifs contradictoires d'urgence et de lenteur, de lieu précis qu'il devait chercher en aveugle, Guillaume sentit que la perte de sang avait plus de chances de le rattraper tandis qu'il s'acharnera à chercher là où il n'y avait rien, accélérant même l'inévitable. Mais préférant l'illusion d'espoir à la réalité, il mordit quand même à l'hameçon. Il commença à marcher vers le cœur de son angle mort, sans risquer de se retourner pour voir l'objet de son désir, car risquant par là de l'entraîner aux plus profond des Enfers. En plus du sang, les gouttes de sueur commençait aussi à couler le long de sa peau poussiéreuse, et la vigueur avec laquelle il repoussait continuellement les assauts commençait à se perdre.

Quintessence-Grains de Sable PrismatiquesTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang