XLII: Visite Aride

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-Qu'est-ce qu'il vous a volé déjà? Demanda Dhebha en portant à la question un très grand désintérêt.

-Mon pain! Répondit encore une fois le vieux.

Le dernier responsable restant de cette ville avait la détermination déclinante. Lui, Dhebha, avait beau avoir reçu des pouvoirs magiques, leur utilité pour corriger les inévitables problèmes du quotidien était plus que douteuse.

-Je n'ai fait que justice. Œil pour œil, dent pour dent, et cetera, répondit en prétendant l'intransigeance une mère secouant un bébé hurlant.

-En plus de voler, vous avez le culot d'insinuer que c'est moi qui suis en tord?!

-Vous devez sûrement connaître Soliman.

-Ah, tout s'explique... Dit le vieil homme. Il vous a raconté des conneries, comme à son habitude!

Dhebha continua à assister avec ses bras qui pendaient lâchement le long de son corps à l'enlisement de la situation, avec l'envie de laisser la discussion dériver jusqu'à ce que ces deux-là atteignirent le fond. Presque confiant en sa patience, il attendit, ses oreilles laissant s'accumuler toujours plus de mots. Les fourmis rentrèrent dans ses jambes, le Soleil faisait lentement monter la température, et sa patience s'amaigrissait, tandis que du vieil homme vers la femme puis de la femme vers le vieil homme puis vice-et-versa les bruits touchant l'oreille fusaient sans épuisement. Mais qu'est-ce qu'il faisait là d'abord? Il n'était pas sensé être le responsable de cet endroit entouré de désert mortel? Pourquoi n'était-il pas en train de recevoir toutes les nouvelles, du larcin à la menace existentielle, assis dans sa salle d'audience, à l'ombre? Puis Dhebha se rappela que le dragon avait salement amputé ses effectifs déjà rachitiques. Quand son attention sortit brièvement de son esprit pour se porter sur les gens à qui il avait affaire, il fut dépité de voir que le balancier des accusation n'avait point cessé. A la fois pas assez patient et pas assez subtil, Dhebha se prépara à mettre un point final à cette palabre, quand une chose se posa brutalement sur son épaule, à quelque centimètres à peine de son cou, et qui semblait vouloir l'empêcher de bouger... «On a besoin de vous, sire.» Passé le sursaut initial, Dhebha fut heureux de reconnaître la voix appartenant à l'un de ses hommes, qui garantissait ainsi un changement. «Veuillez m'excuser» annonça-t'il donc au vieux et à la mère fortement agacés, tout en dissimulant grossièrement son soulagement, «j'ai des affaires importantes». Sur ces mots il ne leur montra plus que son dos, tout en s'éloignant en compagnie de son subordonné.

-Alors, qu'est-ce qu'il y a? Demanda-t'il en chemin.

-Vous vous souvenez d'Avrion? Lui demanda en retour le garde.

-Je suis forcé de ne pas l'oublier.

-Et bien, il y a des hommes armés devant les portes de la ville, et ils souhaitent savoir ce qui lui est arrivé...

-Et... Ils sont nombreux?

-Une vingtaine.

Cela restait un obstacle surmontable, et sûrement plus qu'il ne l'imaginait avec ces nouveaux pouvoirs qu'ils avaient reçu, mais ça ne pourra sûrement pas empêcher la perte de toujours plus d'hommes et peut-être même d'habitants. Dhebha en venait presque à préférer une menace inévitable et la simple certitude qu'elle apportait à ce futur vague sauf pour sa nature sombre...

Une fois arrivé à proximité de la porte principale et fermée, il monta l'échelle en bois, lui permettant de se retrouver sur la ligne de pierre délimitant où devait s'arrêter le désert sauvage, vers lequel son regard redescendit. Là, il vit attendre au pied des murs un groupe de soldats qui portaient des armures ternes, sans métal brillant ou étoffe délicate. Dhebha remarqua également que beaucoup tenaient leur cimeterre avec négligence. Peut-être était-ce l'ennui qui les firent abandonner momentanément leur entraînement, si ils en avaient eu un. C'est en tout cas ce même ennui qui poussa l'un d'entre eux à lever la tête et crier par dessus la muraille:

Quintessence-Grains de Sable PrismatiquesDonde viven las historias. Descúbrelo ahora